"Même si le mot anglais « shire » (comté) se prononce bien « shaïeur », « Yorkshire » se dit en revanche « Yorksheu(r) » (un peu comme « marcheur ») et non « Yorkshaïeur », comme entendu il y a peu sur France Inter. Idem pour tous les comtés anglais se terminant en « shire », ou l’état américain du New Hampshire. L’excès de zèle dans la volonté de montrer à l’antenne sa maîtrise de l’anglais s’inverse parfois ainsi en une caricature fautive un peu ridicule.

S’il faut saluer le grand souci de prononciation des mots étrangers du producteur de France Musique Christian Merlin, il s’avère hélas une exception sur les ondes de Radio-France. Pour l’allemand, combien entend-on à l’antenne de « z » prononcés « zzz » à la française, parfois « dz » dans un bel effort, quand ce doit toujours être « ts » comme dans « mouche tsé-tsé » ; combien de « ei » prononcés « èï » quand ce devrait être « aï » ?

Pour nos chers voisins du sud, la faute la plus courante concerne la prononciation du « u » suivant un « g » : le même mot « guerra » (guerre) se disant à peu près « gwerra » en italien, « g-erra » en castillan ; on entend souvent l’inverse ou les deux identiques. On pourrait multiplier les exemples.

Bien sûr journalistes et producteurs ne peuvent maîtriser toutes les grandes langues du monde, même européennes. En revanche le respect des dominantes des parlers voisins (anglais, allemand, italien, espagnol) n’impliquerait que quelques heures de formation, éventuellement renouvelées ; le recours à tout moment à des référents extérieurs, locuteurs natifs de ces langues, pouvant être encouragé en parallèle, notamment pour les nombreuses singularités et exceptions que chaque idiome comporte.

Le moins qu’on puisse dire est qu’on peine à percevoir dans les directions et rédactions de Radio-France une ferme intention de progresser sur cette question des parlers étrangers, aujourd’hui laissée à l’improvisation le plus souvent hasardeuse de chaque journaliste ou producteur."