Dans l'appauvrissement généralisé, stéréotypé, déculturé de notre façon de parler, certaines causes sont définitivement perdues, d'où ce déplorablement passe-partout de "quelque part", si prisé à l'origine (et jusqu'à nous faire rire, nous les pas dupes, on s'en souvient alors) des très affectés précieux ridicules de dîners en ville, intellectuellement à peine encore fraîchement initiés au jargonnant néofatras psychanalytique résumé dans le nouveau digest à la mode de la collection "Que sais-je". Comme si notre langue n'était pas assez riche, assez souple, assez élégante pour nous proposer d'autres jolies formules bien de chez nous : d'une certaine manière, d'une certaine façon, en quelque sorte, pour ainsi dire, d'un certain point de vue, si j'ose m'exprimer ainsi... Mais remarquez-le surtout à la radio, c'est également du côté du premier interviewé venu que se répand désormais une manie d'un autoritarisme aussi lourd qu'insupportable, celle de commencer toutes ses réponses aux questions de journalistes par un sonore et quasi excéder d'avance : alors ! Ce qui, à y réfléchir sans trop se prendre pour le Roland Barthes du jour, semblerait signifier inconsciemment à peu près ceci : ho ! la la, bigre avec votre bêtise congénitale voilà un sacré boulot, il était temps que j'arrive en Zorro redresseur de l'intelligence la moins partagée au monde, mais il est vrai que je m'y attendais en mettant en branle vraiment ce très gros dossier ou chantier consistant, de professeur à élève de maternelle, à pouvoir répondre en toute condescendante patience à la stupidité excessivement primaire de votre question si téléphonée ! Pour le reste, les auditeurs de France Info ont raison de protester auprès de la médiatrice contre l'avalanche exaspérante des anglicismes inutiles (jusqu'à prononcer à l'anglaise le mot pourtant bien français de challenge !).