Vers 1976 un dimanche je dessine les illustrations des "Djinns", poème de Victor Hugo. Je mets Culture, prends en cours l'émission "Poésie ininterrompue". Un auteur lit son texte . À cette voix un flot d'images m'envahit je dois poser mon pinceau mes bras ont la chair-de-poule mon cerveau ne peut qu'écouter écouter s'impregner chavirer.
En état de sidération je note au générique de fin que l'écrivain Jean-Loup Trassard lisait "Tauride".
Lundi matin je me précipite à la librairie acheter ses livres disponibles, commander les autres.
Le jeudi je les ai tous lus.
Le vendredi j'envoie une lettre chez Gallimard.
Le mardi suivant Trassard téléphone.
Le dimanche suivant il vient prendre le thé et apporte une brioche.
Depuis un demi-siècle nous nous rencontrons écrivons téléphonons régulièrement.
À bientôt quatre-vingts ans il reste pour moi un des meilleurs écrivains français.
Merci à France Culture de me l'avoir fait connaître.