La philosophe, historienne et essayiste Elisabeth Badinter était l‘invitée du Grand Entretien de France Inter pour son nouveau livre « Messieurs, encore un effort » aux éditions Flammarion-Plon.

Merci pour cette passionnante discussion avec Elisabeth Badinter dont je salue l’immense contribution à l’émancipation des femmes.
Concernant la baisse de natalité actuelle, je m’interroge sur les causes possibles évoquées par votre invitée : la « rupture anthropologique » actuelle n’est-elle pas liée en ce moment, plus qu’à l’inquiétude d’allaiter ou aux contraintes qui pèsent sur les mères (elles évoluent mais ont toujours été là…), n’y a-t-il pas des facteurs extérieurs autrement plus forts, comme la situation économique – faire un enfant sans avoir les moyens de se loger ? – ou, pire, écologique – à quoi bon faire des enfants dans un monde qui deviendra inhabitable dans les prochaines décennies ?
Les jeunes générations n’ont pas beaucoup de raisons d’avoir confiance dans l’avenir de notre planète et l’esprit de responsabilité pourrait les conduire à choisir de ne pas mettre au monde d’enfants dont l’avenir serait inquiétant…
C’est une maman de deux enfants qui écrit, mais ces questionnements ont déjà été présents il y a dix ans chez moi.

J’aime énormément Mme Badinter et j’acquiesce globalement à son propos. Mais dire que les femmes françaises allaitent moins par choix parce que au bout de deux mois elles reprennent le travail je ne suis pas d’accord. C’est le droit français qui ne permet pas un congé maternité suffisant ou suffisamment d’adaptation au travail pour allaiter sereinement. Que feraient-elles ces femmes si elles pouvaient allaiter plus longtemps ? Je ne suis également pas d’accord avec les raisons du choix qui s’impose aux jeunes femmes de ne pas avoir d’enfant. Les jeunes femmes choisissent de ne pas avoir d’enfant non pas par intérêt personnel mais pas responsabilité écologique par exemple.

Peut-on cesser de dire que l’allaitement est une injonction ?!!! Laissons les femmes donner la vie et nourrir leurs bébés avec la meilleure chose qui soit pour eux et un lait fabriqué juste pour eux qui est une potion magique qui facilite la vie de la maman, pas de logistique tout est là.
J’ai allaité 3 ans, oui, 3 ans et c’est la société qui est malade, qui empêche les femmes de vivre leur maternité comme elles le devraient, avec du temps de l’espace et un entourage mobilisé. Pas la solitude qui frappe la plupart des jeunes mères.

Madame Badinter, vous êtes une source d’inspiration, vous êtes essentielle pour nous : vous en rendez-vous bien compte ? Islamisme, féminisme, République, Merci merci merci.

Je suis d’accord pleinement avec Elisabeth Badinter, mais une question se pose et depuis longtemps, depuis que l’on parle d’égalité entre hommes et femmes : pourquoi les choses ne changent-elles pas ou si peu ? Enfin, qui élève les enfants, quels modèles reçoivent-ils de leur mère, de leur père, des exemples de toute la famille, des amis ? Que leur fait-on passer ? L’égalité ? Merci pour votre attention (Une auditrice qui a grandi tranquillement dans les années où le féminisme n’était pas un méchant mot).

Ne peut-on pas dire que l’allaitement n’est pas seulement un devoir mais un moment d’intimité avec leur enfant, intimité à trois, père impliqué…les deux mois des Françaises sont aussi ceux de leur congé maternité…. La société ne prive-t-elle pas les femmes de cette expérience ?
L’allaitement est l’occasion de la subjectivation de la mère, de l’enfant et du père.

Je partage un grand nombre de ses convictions et analyses. Par contre, concernant l’allaitement, les Françaises allaitent moins longtemps aussi parce qu’il est aussi extrêmement compliqué en France de continuer d’allaiter à la reprise du travail, et beaucoup de pays européens ont des congés maternité et politiques plus favorables.

Chère Madame, il y a 14 ans de cela vous aviez écrit un livre dont le nom malheureusement m’échappe. A l’époque je venais d’avoir ma fille et j’étais sous l’injonction constante de la part des autorités médicales d’allaiter mon enfant. Je vivais un cauchemar : ma fille n’arrivait pas à manger, je souffrais le martyre et je me sentais coupable de ne pas savoir allaiter ma fille. Les repas devenaient une vraie torture. Et puis je vous ai écouté (toute la journée je dois l’avouer). Votre parole m’a permis de « remettre les pendules à l’heure » et sans doute de m’empêcher de sombrer dans une dépression post-partum. Je suis passée au biberon ! Oui, il est dur de lutter contre les injonctions quand on est jeune mère. Merci pour votre pensée si nécessaire.

Merci Madame Badinter pour votre intervention, votre réflexion et la capacité à apporter quelques réponses à certains maux de notre société et à mes questions.

Depuis des années il est dit que la discrimination femme/homme est en voie de disparition… Pourtant dans le quotidien ce n’est pas le cas.
Le problème n’est-il pas SYSTÉMIQUE en cela que tant que nos dirigeants eux ne soutiennent pas véritablement cette évolution. Croyez-vous à une réelle volonté de nos « leader » alors que leurs paroles quand elles reflètent à priori leur pensée est archaïque ?

Premier enfant à 32 ans en ascension professionnelle. Ancienne « garçon manqué ». Choix de l’allaitement in extremis sur la table d’accouchement. Puis 18 mois d’allaitement, pour le plaisir relationnel, charnel. Aucune pression. Au contraire pression inverse, me suggérant d’arrêter. Regard négatif de la famille, de l’environnement, des amis.