Les journalistes pourraient être plus rigoureux et précis. Je pense à l’agression de l’infirmière dont s’est emparé l’ensemble des politiques et dont les médias parlent chaque heure comme s’il s’agissait d’un fait inhabituel. Or, il y a longtemps que les soignants des hôpitaux sont l’objet d’agressions graves. Il serait temps que gouvernement et médias se réveillent et au lieu d’en parler sans cesse, commencent par agir. Et merci aux médias de veiller à ne pas banaliser les faits à force d’en parler sur le mode sensationnel au lieu d’aborder ce type d’infos de manière analytique.

La montée en violence de notre société est un sujet mais peut-on aborder la question des délais d’attente insoutenables et la difficulté de l’accès aux soins pour tout à chacun dans notre système de santé aujourd’hui ? Au-delà du délai des rendez-vous pour avoir des rendez-vous en consultation spécialisée ou à l’hôpital ou encore l’attente dans les cabinets la question des moyens se pose.
À ce jour les moyens humains dédiés à la médecine du travail ou au CMP dans le cadre du suivi des patients atteints de troubles psychiatriques en externe ne donnent pas la possibilité de rendez-vous en urgence en cas de dégradation des situations laissant seuls les professionnels face à l’agressivité des usagers dont la prise en charge ne semble pas suffisante ou adaptée.

Concernant l’agressivité dans les hôpitaux, le temps d’attente des patients est souvent de 8, 10, 15 heures voire plus dans des conditions. Cette attente dans des conditions souvent précaires, dans les couloirs sur des fauteuils roulants, a pour conséquence la dégradation de l’état de santé du « patient » pouvant mener à une issue fatale. N’est-ce pas là une des racines de cette violence ? Face à cette inhumanité dans un lieu où ce devrait être le contraire des familles perdent le sens des réalités et le personnel soignant en subit les conséquences.

Montée de la violence. Quelles sont les causes ? Olivier Véran votre invité, cite la perte du respect envers les représentants de l’autorité, l’uniforme. Jamais l’impact de la dégradation du service public n’est évoqué. Pour les services médicaux, c’est étonnant de ne pas l’évoquer.
Idem, la dureté institutionnelle qui est une violence faite aux plus précaires n’est jamais évoquée.

Après l’agression contre des collègues de l’hôpital de Reims, dont une qui a été mortelle, la meilleure réponse ne serait-elle pas la réouverture de lits hospitaliers et des structures de prévention et suivi en extra hospitalier ?
Les fermetures de lit, sans compter les réductions d’effectifs et la formation en psy en IFSI, est décroissante depuis 30 ans. Il y a eu aussi la suppression de diplôme d’ISP, sans mise en place d’une vraie spécialisation en 1992, les 35 heures qui ont réduit de près de 10% les effectifs ; bref une suite de décisions gouvernementales qui ont mis à mal le soin. Même si avant c’était difficile, voire dramatique. Les vraies mesures de sécurité sont, au départ, dans la prévention de la crise et non dans l’installation d’une sorte de garde prétorienne.

Infirmière libérale en « retraite », j’ai travaillé 20 ans en institutions (hôpitaux ou cliniques) et autant en libéral : j’ai le sentiment que rien n’a vraiment changé, c’est même une détérioration. L‘insécurité, les agressions pour les avoir vécues sont épuisantes et les réponses sont toujours en paroles.
Le souci c’est le RESPECT. Dès le plus jeune âge il n’y a plus de respect : de soi-même et par conséquent de l’autre.
Nos dirigeants ne sont pas concernés, ils vivent en circuit fermé à 100 lieues des préoccupations vraies de tout un chacun, nos dirigeants ne respectent pas le commun des mortels. C’est désespérant.

Mon retour concerne le journal d’info, d’hier et aujourd’hui, concernant l’infirmière assassinée à Reims.
Ça me dérange que, en évoquant l’agresseur, vous disiez qu’il « souffre » de schizophrénie, ne peut-on pas tout simplement dire qu’il est schizophrène, ou trouver un autre mot, mais dire qu’il « souffre  » me paraît déplacé .
Par exemple, si un chauffard sous emprise d’alcool et/ou drogue renverse un piéton, ça me gênerait également qu’on dise qu’il « souffre  » d’addiction. Recevez les salutations d’un auditeur fidèle !

Le thème de la violence est dans toute la presse. Il faut que vous compreniez que la violence existe depuis la création de l’homme. Donc, ce n’est pas nouveau. Aujourd’hui, elle est très visible parce que les politiques et toute la presse veulent en faire le buzz quotidien. Il faut comprendre que la violence est extrêmement diverse, elle est physique, elle est verbale, elle est accidentelle et elle est colère. Par un manque de travail de précision, vous faites de l’amalgame. Vous mélangez la mort de l’infirmière par un déséquilibré sévère qui devait être en hôpital psychiatrique (la discipline a été décimée par tous les gouvernements), la mort de 3 policiers dans un simple accident de la route (je ne parle pas des causes qui sont un autre débat) et les morts des mafias de Marseille. L’actualité est tellement forte qu’il faut être très précis et attendre les résultats des enquêtes avant de dire n’importe quoi.