À la suite des propos tenus dans le journal de 8h sur les médecins et la fin de vie, mon mari et moi, tous les deux médecins, sommes très mécontents.
Nous ne sommes pas d’accord sur le fait de mettre tous les médecins sur le mode « contre ». Le Conseil de l’Ordre ne nous représente pas (voyez le nombre de votant pour cette assemblée).
Les deux confrères interviewés ne nous représentent pas non plus.
Je suis médecin de MPR et mon mari oncologue et nous pensons que cette loi proposée sur la fin de vie est juste et représentative des discours de nos patients.
Rappelons qu’elle ne concernera qu’une minorité de nos malades et que la dignité humaine doit retrouver une place légitime.

Chère rédaction de France Inter,
Auditrice fidèle depuis toujours, je suis affreusement déçue par votre traitement de la Convention citoyenne sur la fin de vie. Il est possible que malgré mon écoute assidue j’aie raté certains programmes, mais j’ai trouvé votre traitement du sujet plat, pauvre et surtout, manquant de pluralité. Cela a culminé ce matin avec votre invité de 8h20, M. Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique. D’éthique, il n’en a pas été question puisque votre intervenant nous a gentiment invités à « laisser notre pensée et notre culture à la porte » (je cite). Il n’a été question, finalement, que de calendrier politique. Quant à la « minorité qui ne souhaite pas de réforme » (je cite encore), 25 % tout de même, leur position n’a pas été réellement évoquée, si ce n’est pour dire que pour ces personnes, « ce n’est peut-être pas encore le moment » ! Ce qui ne reflète en rien la richesse des contributions… Ce matin, il m’a semblé que ma radio déroulait purement et simplement le tapis rouge à l’exécutif pour un prochain projet de loi, sans s’intéresser aucunement au fond. Ce qui est en jeu, c’est la levée de l’interdit fondamental de donner la mort, qui existe depuis toujours dans toutes les sociétés du monde ; c’est la protection du plus faible ; c’est la manière dont nous abordons la souffrance et la mort. Sacrés enjeux, non ? Cela ne mérite-t-il pas que nous parlions anthropologie, philosophie, éthique, morale (pardon pour le gros mot) ? Où sont vos intervenants qui nous élèvent ? France Inter, faites-nous réfléchir !!!

Sur le projet de loi sur la fin de vie vous interrogez le Dr Claire Fourcade qui parlerait au nom des soignants. Je tiens à préciser qu’elle s’exprime au nom des soignants catholiques, religion qui a toujours été opposée au moindre progrès sociétal et à laquelle elle est étroitement liée. Je suis moi-même infirmier et elle occulte volontairement l’opinion des soignants comme moi, qui voudraient répondre à la demande des malades qui agonisent et souhaitent partir de la manière qu’ils l’auront choisie. Mme Fourcade ne représente que la frange catholique des soignants, il serait bon que vous le précisiez lors de ses interventions, ou même puisque cela fait plusieurs fois que je l’entends s’exprimer sur votre antenne, que vous alterniez vos sources.

Les médecins en Belgique, en Suisse, en Espagne auraient-ils une éthique différente que ceux qui interviennent en France ?
La mort fait partie de la vie. La vie à tout prix n’a aucun sens.

Concernant la fin de vie, nous ne pouvons pas laisser les décisions sur les épaules des médecins puisqu’eux ont toujours la possibilité de faire une assistance à la fin de vie tout en silence entre confrères, quand ils y sont confrontés. Et pas nous le grand public. Il y donc déjà une injustice sur ce point.

Pourquoi parler obstinément de « fin de vie » même quand le mot « mort » s’impose ?
La fin de vie est un processus, qui implique une durée.
La mort est un instant.
Euphémisation ? Pudeur/pudibonderie ? Politiquement correct ?
Merci, France Inter, de m’accompagner tous les matins.

Ce que je trouve assez effrayant c’est l’absence de doute. Il n’est pas possible de garantir que l’accélération du décès permet d’apaiser la souffrance, personne n’est en mesure de prouver cela.