Les auditeurs se sont incontestablement pris aux Jeux de Paris 2024 et ce succès s’est concrètement traduit dans la fréquentation du site et de l’application Franceinfo avec un record : 289 millions de visites en juillet. Mais cela n’a pas empêché des auditeurs de nous écrire et de formuler des critiques. Nathalie Iannetta, directrice des Sports de Radio France répond aux auditeurs.

Emmanuelle Daviet : Première remarque : la focalisation quasi exclusive sur des athlètes français au détriment d’une couverture plus équilibrée qui aurait pu davantage mettre en avant des sportifs étrangers. Certains auditeurs se sont dits choqués par cette approche « chauvine ». Je les cite. Que répondez-vous à cette critique Nathalie Iannetta ?

Nathalie Iannetta : D’abord, je vais remercier les auditeurs puisque vous avez raison, on a eu énormément de messages pendant ces Jeux olympiques, donc merci de leur fidélité. Après, sur ce côté « chauvin » entre guillemets, ils ont raison. Mais ça s’explique de plusieurs manières. La première, c’est qu’on parle toujours des sportifs à domicile. Et si vous avez passé vos vacances en Italie ou aux Etats-Unis, vous avez forcément entendu parler que des Américains et que des Italiens, par exemple. Ensuite, parce que notre équipe de France était particulièrement performante et que, contrairement à d’autres pays, la France est souvent sur de nombreuses disciplines. Donc oui, on allait évidemment beaucoup voir les Français. Et puis quand même, les grandes stars, elles ont eu leur place sur les Olympiques, je pense à Armand Duplantis, Simone Biles, je pense à Noah Lyles. Sur les parathlètes, là aussi, les grandes stars internationales Markus Rehm, Bebe Vio, Oksana Masters. On a aussi beaucoup parlé de ceux-là, mais nos athlètes français étaient tellement performants qu’ils ont pris beaucoup, beaucoup de place, je le reconnais.

Emmanuelle Daviet : Des auditeurs estiment également que certaines disciplines comme la voile, le golf, l’équitation et le surf ont été largement ignorés sur Franceinfo au profit de sports plus médiatisés comme la natation ou le judo. Ils y voient un traitement favorisant les épreuves se déroulant à Paris et donc une forme de parisianisme ou bien des préjugés envers des sports considérés comme élitistes. Comment recevez-vous ces remarques ?

Nathalie Iannetta : Alors sur le golf, c’est pas faux. C’est vrai que c’est un peu lié d’ailleurs à ce que nous nous sommes dit tout à l’heure. Il n’y avait pas beaucoup de grandes performances françaises. En revanche, pour l’équitation et pour la voile, alors là, ça n’est pas vrai. Nous avons fait la place aux grandes performances des sportifs et sportives français, à la fois à la voile à Marseille et à la fois au château de Versailles pour l’équitation. Et sur le parisianisme, alors là, vraiment, je m’insurge parce qu’on était à Lille aussi pour les sports collectifs, première et deuxième semaine, basket et hand et on était à Châteauroux souvent, très souvent, y compris là pendant les le Parathlétisme parce que c’est un grand site olympique et donc il n’y avait pas de choix parisianiste ni élitiste là dedans.

Emmanuelle Daviet : Alors justement, le parathlétisme. Venons-en aux Jeux paralympiques qui se terminent demain. Et la critique récurrente des auditeurs est l’utilisation systématique du préfixe « para » devant le nom des disciplines. Ils considèrent que cela stigmatise les athlètes handicapés en les différenciant inutilement de leurs homologues valides. Qu’en pensez-vous ?

Nathalie Iannetta : Je comprends ça aussi, cette remarque. Par ailleurs, si vous écoutez depuis le début les retransmissions paralympiques sur nos antennes, on dit de moins en moins « para ». On dit natation, on dit judo. Mais c’est aussi comme ça que se définissent ces sports et ces sportifs aussi parce que c’est la véritable dénomination. Il y a des sports qui ne sont pas para. Par exemple, je pense au rugby, c’est du rugby fauteuil. Pareil pour le basket, pareil pour le cécifoot, pareil pour le volley, c’est du volley assis. Donc s’il y a para devant, c’est parce que c’est la dénomination des organisateurs et des institutions internationales. Mais c’est vrai qu’objectivement, de plus en plus, on parle de nos judokas, de nos cyclistes, de nos nageurs parce qu’ils sont tous formidables.