Sandrine Treiner la directrice de France Culture est au micro de la médiatrice
De très nombreux messages à la suite des propos tenus par Alain Finkielkraut sur le plateau de LCI la semaine dernière nous sont parvenus. Tous les auditeurs ont demandé de le suspendre de l’antenne. Samedi dernier 16 novembre, 3 jours après ces déclarations, les auditeurs ont entendu Alain Finkielkraut animer Répliques. Ils ont de nouveau écrit :
« Je suis choquée que vous mainteniez un ‘intellectuel’, qui même pour rire, prône le viol. Je remercie France Culture pour l’ouverture d’esprit qu’elle m’apporte, mais là ce n’est plus de l’ouverture, c’est cynique. »
Que répondez-vous à cette auditrice ?
Sandrine Treiner : J’adhère à ce que dit cette auditrice. Il ne s’agit pas ici d’ouverture d’esprit. Je défends Réplique car c’est une émission très bénéfique dans le débat public. C’est aux gens, ensuite, d’écouter et de se faire leur propre opinion. Et il faut savoir aussi écouter des choses auxquelles on n’est pas d’accord. Il faut aussi garder à l’esprit que cette séquence médiatique n’a pas eu lieu sur notre antenne. Notre démarche, à France Culture, est tout à fait à rebours de ce type de débat télévisé. Le débat public va mal aujourd’hui : on a besoin d’universitaires, d’intellectuels, et pas d’hystérisation. Toutefois, pour revenir sur cette émission télévisée, évidemment Alain Finkielkrault était au second degré. La question est de savoir si ce second degré est à propos dans le contexte actuel. Pour ma part, cela ne correspond pas à ce que j’aime écouter.
Samedi dernier le numéro de l’émission Répliques consacré au cinéma de Woody Allen nous a également valu des messages :
« Alain Finkielkraut en évoquant les films de Woody Allen échange avec ses invitées sur le thème de la pédophilie. Il dit que la pédophilie est reliée au fait de la puberté. C’est-à-dire que, dès lors que la puberté est passée il n’y a plus de pédophilie. J’entends par là que si l’on devient pubère à 11 ans, on peut être la cible de pédophiles qui n’en seraient plus puisque, selon M. Finkielkraut, seuls les sujets prépubères peuvent être considérés comme victime de pédophilie. »
Cet auditeur s’interroge sur la légalité de tenir de tels propos et un autre auditeur ajoute:
« C’est non seulement abject mais totalement irresponsable en donnant un quitus moral et quasiment le droit de cuissage à tous les harceleurs et les hommes adultes amateurs de très jeunes filles. Comment peut-on laisser passer de tels propos sur une chaine publique, comment peut-on laisser cet homme faire la promotion de la consommation sexuelle de jeunes mineures. Le silence des autorités est ici assourdissant. »
Sandrine Treiner : Personne ne donne quitus de comportements criminels. Je tiens à rappeler qu’il s’agissait d’une émission sur le cinéma de Woody Allen et non une émission sur la pédophilie. Il n’en reste pas moins qu’une question demeure pour une radio comme France Culture : comment parle-t-on d’artistes qui sont sous le feu de l’actualité dans le même temps que leurs œuvres paraissent ? Je crois qu’il faut pouvoir continuer de parler de cinéma et de littérature, sans pour autant occulter les sujets qui fâchent.