Pour répondre aux auditeurs, Franck Mathevon, directeur de l’information internationale de Radio France est au micro d’Emmanuelle Daviet
Emmanuelle Daviet : Dans un message qu’il nous adresse cette semaine, un auditeur écrit : « Les mouvements sociaux en Grande Bretagne sont sous-traités. Pour quelles raisons ? ».
Cette perception du traitement journalistique de l’actualité outre-Manche vous paraît-il juste ?
Franck Mathevon : Alors non, Emmanuelle, désolé pour cet auditeur. Je pense qu’il s’agit vraiment d’une perception parce qu’on parle beaucoup des mouvements sociaux au Royaume-Uni avec notre correspondant sur place, Richard Place à Londres. On a donné la parole ces derniers mois aux grévistes, aux responsables politiques. On a entendu sur Franceinfo des infirmières, des enseignants, des cheminots. On donne vraiment la parole aux Britanniques. Il y a une semaine encore, le choix de Franceinfo était consacré aux grèves au Royaume-Uni. Donc le choix, c’était un long reportage de quatre minutes. Ça peut paraître court, mais c’est assez long en radio. C’est un mouvement qui est très révélateur de la crise actuelle au Royaume-Uni, qui dure depuis des mois. On n’en parle pas tous les jours, c’est vrai, sur l’antenne, mais au moins toutes les semaines, d’une manière ou d’une autre depuis l’été dernier.
Emmanuelle Daviet : On vient d’évoquer le travail du correspondant en Angleterre, Richard Place. Comment s’organise le maillage des correspondants à l’étranger ? Combien sont-ils ?
Franck Mathevon : Radio France a neuf correspondants. On les appelle, nous les ESP, les envoyés spéciaux permanents. On a quatre postes en Europe : Londres, Bruxelles, Berlin et Rome. Et on a aussi des postes à Washington, Moscou, Pékin, Jérusalem et depuis l’été dernier, à Istanbul. Radio France a aussi créé un 10ème poste à l’étranger, un poste provisoire à Kiev, en Ukraine, qui est actuellement occupé par Omar Ouahmane, que vous entendez souvent sur l’antenne de Franceinfo. C’est essentiel, vraiment, dans notre couverture du conflit. Donc ces ESP nous permettent bien sûr d’être présents dans le monde entier. Mais on travaille aussi et je veux vraiment les mentionner avec des dizaines de correspondants freelance, des pigistes comme on les appelle, qui collaborent avec Radio France, mais aussi avec d’autres médias. On compte aussi beaucoup sur eux. On a avec eux des relations souvent très étroites. Ils sont essentiels également pour notre couverture de l’actualité internationale.
Emmanuelle Daviet : D’ailleurs, cette organisation vous a permis d’être rapidement sur le terrain en Turquie après le séisme lundi dernier ?
Franck Mathevon : Oui, alors je vous le disais, on a créé l’été dernier un poste à Istanbul, en Turquie, un pays dont le poids géopolitique est évidemment très important. La Turquie d’Erdogan joue un rôle majeur en Ukraine, en Syrie, en Libye, dans le Caucase. Ses relations avec l’Europe sont aussi au cœur de l’actualité. Il y aura en plus des élections en mai prochain, normalement le 14 mai, même si cette date peut toujours être repoussée, ce seront des élections très importantes. Et Marie-Pierre Vérot, notre correspondante, suit de près toutes les actualités et après le séisme, en effet, Emmanuelle, elle a pu se rendre dans les zones sinistrées très rapidement, dès lundi matin, avant beaucoup de nos confrères. Donc ça ne nous a pas empêché d’envoyer deux autres reporters sur place. Mais ça nous a permis, à Radio France, d’avoir un coup d’avance.
Emmanuelle Daviet : Parallèlement à l’actualité d’un pays, les correspondants ont la parole quotidiennement sur l’antenne dans un rendez-vous dédié qui s’appelle « Le club des correspondants ». Chaque jour un thème est choisi. Par exemple la lutte contre le tabagisme en Italie et au Mexique, l’âge du départ à la retraite en Chine et aux États-Unis ou encore la lutte contre les violences sexuelles en Côte d’Ivoire et en Inde. Les sujets sont-ils choisis en fonction de l’actualité en France pour finalement créer un effet miroir ?
Franck Mathevon : Alors je vais vous répondre, mais c’est un rendez-vous vraiment important de la grille de Franceinfo. C’est diffusé quatre fois chaque jour à partir de 16h40 et l’idée, c’est de décliner un thème dans plusieurs pays. Donc oui, l’actualité en France nous fournit bien sûr souvent un sujet, un sujet miroir comme on dit, qui nous permet d’éclairer une thématique française. Mais on peut aussi illustrer d’autres thématiques, par exemple liées à la guerre en Ukraine. Faut-il livrer des avions de chasse ? Et dans ce cas, on va au Royaume-Uni, en Pologne ou encore les pays qui s’interrogent sur leur neutralité. On est allés en Scandinavie, en Suisse. L’objectif, c’est d’aller au-delà de nos frontières pour aborder des thèmes plus ou moins au cœur de l’actualité qui nous permettent de mieux comprendre le monde. C’est notre tâche au quotidien, à la rédaction internationale et on s’appuie pour cela sur nos correspondants permanents, nos ESP dont je vous parlais, mais aussi sur nos nos correspondants pigistes. Je le répète tout aussi précieux pour être exhaustif sur le traitement de l’actualité internationale.
Emmanuelle Daviet : Et j’invite donc les auditeurs qui sont friands de l’actualité internationale à retrouver cette chronique : Le club des correspondants sur le site de Franceinfo.