L’actualité politique de ces dernières semaines a été très importante. Beaucoup d’auditeurs s’interrogent justement sur le poids des sondages dans le traitement de cette actualité. Pour leur répondre, Emmanuelle Daviet reçoit Jean-Jérome Bertolus, chef du service politique de franceinfo.

Les différences entre les sondages et les résultats des élections

Percée des écologistes, effondrement des républicains, participation plus forte que prévue, le scrutin de dimanche a suscité de nombreuses réactions. Des auditeurs s’interrogent sur les différences entre les sondages et les résultats des élections. Ils parlent de « ratages », de « raté », de « claques pour les instituts de sondages », trouvez-vous cette critique justifiée ou bien excessive ?

Tout dépend ce que l’on attend des sondages. Ils ne sont qu’une photographie à un instant T. Ont-ils été complètement à côté ? Pas complètement : ils ont mesuré l’indécision de l’électorat jusqu’au dernier jour. Ce qu’ils ont aussi laissé entrevoir, c’est l’augmentation de la participation ainsi que l’installation du Rassemblement National.

Un usage intensif des sondages

Les auditeurs reprochent l’usage intensif des sondages au cours de la campagne. Message d’une auditrice : « vous commentez les commentaires, vous analysez les horoscopes, quand comprendrez-vous que l’on ne vote pas pour vos instituts de sondages mais par devoir démocratique ? »
Pourquoi, Jean-Jérôme Bertolus, lors d’une campagne les journalistes se délectent à ce point des sondages ?

À Franceinfo, nous sommes assez économes en matière de sondages : au cours des 3 mois qui ont précédés les élections, avec notre partenaire Odoxa, nous avons seulement réalisé 2 sondages. On vote par devoir démocratique mais aussi par conviction, c’est pour cela que vous avez pu entendre les très nombreux reportages diffusés sur l’Europe mais nous ne pratiquons pas les commentaires sur les résultats de sondages.

Plus de prudence face aux sondages ?

Les auditeurs ont une bonne mémoire. Je vous lis le message de Nathalie : « C’est la même erreur des sondages qui en 2002 avait donné comme certain, selon les médias, un second tour Chirac /Jospin et qui a suscité cette surprise du 21 avril avec Lepen/Chirac. Vous rendez-vous compte à quel point vous orientez ainsi les masses par vos propos si peu éclairés ? » Et pour finir le courriel de Nicolas : « Après l’élection de Donald Trump, vous nous aviez dit que vous ne les utiliseriez les sondages qu’avec parcimonie et intelligence. C’est pas du tout le cas et cela exaspère beaucoup de monde. »

Jean-Jérôme Bertolus, les instituts ont indiqué en début de semaine qu’ils allaient tirer les leçons de ce scrutin, est ce que cela invite également les journalistes politiques a davantage de prudence ?

Nos auditeurs ne sont plus des consommateurs passifs d’information, chacun garde une certaine distance critique avec ce qu’il écoute au quotidien. Les journalistes de franceinfo sont tout aussi prudent dans les informations qu’ils diffusent à l’antenne.