Emmanuelle Daviet : Nous recevons régulièrement des messages au sujet de la dictée que vous proposez dans l’émission « En français dans le texte » chaque samedi. Pour des auditeurs c’est un rendez-vous intergénérationnel entre membres d’une même famille séparés par la distance :
Voici ce que nous écrit une auditrice: « Je viens de terminer la dictée avec ma mère de 91 ans qui habite à 850 km de chez moi. C’est toujours un plaisir de partager ce petit moment avec elle, surtout dans cette période de confinement. Elle est toujours très fière d’avoir moins de fautes que moi. Merci à toute l’équipe. »
Ce courriel d’outre atlantique : » “En français dans le texte” est un vrai plaisir et je vous en remercie avec beaucoup de gratitude. Vivant aux USA depuis 20 ans, mes enfants gardent, grâce à vous, un contact essentiel avec notre culture qu’ils ne réalisent pas toujours mais j’espère de tout cœur que ce contact les marque pour leur vie entière. »
Autre message: « Nous sommes un petit groupe familial et familier de la dictée des samedis. Nous la pratiquons collectivement via Zoom. Nous vous remercions de ce rendez-vous hebdomadaire si jouissif ! »
Emmanuelle Daviet : Pourquoi avoir prolongé un rendez-vous créé lors du 1er confinement ? A qui cela s’adresse ?
Sandrine Treiner : D’abord, vous avez tout dit, ce qui va amplement nous faciliter la tâche par rapport à d’autres fois où les sujets étaient plus ardus. D’abord, merci. Merci à toutes nos auditrices et tous nos auditeurs qui ont repéré cette dictée qui est effectivement menée de main de maître par Rachid Santaki et Olivia Gesbert, et qui est le samedi 17h30 pour la faire en direct. Après, on peut évidemment aller sur les réseaux sociaux ou sur le site de France Culture. Je l’ai fait exactement pour les raisons que vous dites. A ceci près que nous ne l’avons pas créé pendant le premier confinement. Pendant le premier confinement, nous avions créé une émission que faisait Olivia à l’heure de la Grande Table, à 12 heures, qui s’appelait « Ecoutez Révisez » et qui est devenue effectivement « En français dans le texte », dans une part d’analyse des grands textes au programme des classes de première et de terminale. On a commencé la dictée à la rentrée et je dois dire que c’est Rachid Santaki qui est venu nous voir, qui est venu vers nous, qui avait rencontré notre directrice de la communication et du développement, Laurence Audras. Et un jour, on s’est réuni tous ensemble et on s’est dit qu’on allait faire ça. Parce que précisément, il me semble que la dictée, une fois qu’on est sorti de l’école, au moment, quand on est enfant, quand on est en classe, ça peut être un moment un peu dramatique, un peu inquiétant, un peu angoissant. Mais quand on devient beaucoup plus grand, il me semble que c’est effectivement un moment de partage intergénérationnel sur du patrimoine commun qui peut au contraire faire beaucoup de bien. Et c’est ce que semblent dire les auditeurs.
Emmanuelle Daviet : C’est une émission qui mêle à la fois un volet patrimonial et une envie de vulgarisation, quel est le sens, la finalité, de cette proposition éditoriale sur votre antenne ?
Sandrine Treiner : Je vais laisser Olivia en parler. Je pense que moi, je ne parlerai pas de vulgarisation ni de patrimoine d’ailleurs, je parlerais plutôt de partage, d’un moment où on se réunit autour de textes, autour de mots, autour d’un jeu aussi, parce que ça a une dimension très ludique. On le fait chaque semaine, Olivia invite des gens à venir faire la dictée en studio et c’est un moment toujours un peu solennel et aussi très amusant. Comment répondriez Olivia ?
Olivia Gesbert : C’est une torture agréable de se prêter à cette dictée. Mais c’est vrai qu’il y a les deux volets. Le premier volet, c’est peut être la Grande Table qui parle de la culture dans toute son actualité, plus contemporaine et « En français dans le texte », dans sa première partie, qui se penche plus sur les grands classiques de notre patrimoine culturel, littéraire, historique. D’ailleurs, ce samedi, ce sera un texte d’histoire au programme du baccalauréat de terminale. On s’ancre quand même dans ce programme-là, ce que nos lycéens doivent étudier, apprendre, savourer au fil de l’année. Et puis, il y a le prolongement avec la dictée qui est arrivée à la rentrée. On en a pas mal discuté et on se demandait si c’était un exercice très radiogénique ou pas du tout…
Sandrine Treiner : C’était gonflé de faire une une dictée à la radio et je pense que ça a aussi une dimension politique. Je parlerai aussi de ça. La maîtrise de la langue, c’est un enjeu extrêmement important dans la société française. Je pense que c’est très important d’amener tous les publics et pour moi, c’est vraiment un exercice très, très intergénérationnel. Je suis contente d’entendre ce terme là dans la bouche de vos interlocuteurs, Emmanuelle. Je pense que c’est très important à la fois de rassurer et de décomplexer et d’aider dans le rapport à la langue. Qui mieux que Rachid Santaki qui avait cette expérience depuis 2013, quand, à Clichy sous Bois, il a organisé sa première Grande dictée, on parlait de la « Dictée des cités ». Il avait eu cette idée de déambuler dans l’espace public, d’aller au contact des populations pour leur proposer ce partage commun de la langue et de ses codes.
Olivia Gesbert : Il a cette gourmandise parce que ce n’est pas un linguiste, c’est pas un professeur de français. Il ne va pas nous redresser quand il y a une erreur qui a été faite, il a, je pense ce plaisir dans le partage des mots. Cette gourmandise de la découverte à la communiquer et à la transmettre d’une certaine manière.
Emmanuelle Daviet : Bien, c’est une gourmandise radiophonique très appréciée puisque chaque semaine, on reçoit du courrier à ce sujet et c’est un succès. Merci. Et merci aux auditeurs qui nous écrivent tous les jours.