Le traitement des Gilets jaunes sur franceinfo a encore interpellé les auditeurs cette semaine. Pour leur répondre aux côtés de la médiatrice, Franck Weil-Rabaud, rédacteur en chef et Matthieu Mondoloni, grand reporter.
Quel est l’intérêt journalistique de diffuser un témoignage d’individu qui justifie les violences commises par les Gilets jaunes ?
« Vous avez diffusé le témoignage d’un individu qui justifiait les violences commises sur les Champs-Elysées par les blessures subies ces dernières semaines par les Gilets Jaunes. Une radio de votre qualité n’a pas à rendre publiques de telles insanités. Vous avez le devoir d’informer, mais pas en diffusant de tels propos, contraires à la morale, au droit, à la paix publique. » écrit Etienne
Franck Weil-Rabaud : Ils représentent une minorité de manifestants, qui tout au long de la journée ont commis des actes de violences contre des commerces en représailles des violences commises par les policiers à leur encontre. Il fallait faire entendre cette voix car elle correspondait à une réalité de terrain ce jour-là.
« Vous préférez interviewer un gilet jaune le soir des violences plutôt que de donner la parole aux victimes (commerçants qui ont tout perdu, chômeurs qui doivent leur situation aux gilets jaunes,…). écrit Thomas « C’est votre droit le plus absolu, mais mesurez-vous le mépris que vous affichez pour les victimes ? Croyez-vous rester neutres et faire votre travail de journaliste en donnant la parole à une seule partie ? Franchement, c’est à n’y rien comprendre… » écrit Thomas
Avez-vous équilibré le propos en donnant la parole aux victimes des violences commises samedi dernier ?
Mathieu Mondoloni : on n’a pas donné la parole aux Gilets jaunes, mais certains ont expliqué pourquoi ils ont participé à ces saccages. Mais dès le lendemain matin, on avait les paroles des victimes, des commerçants pour dire à quel point cela leur portait préjudice à la fois en terme de commerces mais aussi en terme d’image des Champs Elysées.
Un traitement déséquilibré entre la « marche pour le climat » et celui des « Gilets jaunes » ?
Samedi dernier avait également lieu la marche pour le climat et de nombreux auditeurs reprochent un traitement déséquilibré entre ces deux mobilisations comme
« Je suis surpris à chaque « marche pour le climat », de voir le peu de couverture de ce mouvement qui réunit depuis plusieurs mois maintenant, beaucoup plus de monde que le mouvement des gilets jaunes. ..Sans vouloir opposer les mouvements évidemment, comment expliquer cette différence de couverture ?» écrit Didier
Mathieu Mondoloni : Il n’y a pas eu de différence de traitement. Samedi dernier 16 mars, il y avait à la fois une mobilisation des Gilets jaunes sur les Champs Elysées, et une mobilisation sur le climat. Nous avons couvert cette manifestation sur le climat en précisant qu’elle avait réuni beaucoup plus de monde que celle des Gilets jaunes. Nous avons couvert la manifestation elle-même et donné la parole à des acteurs en matière d’environnement à des signataires de nombreuses pétitions, ainsi qu’au climatologue Jean Jouzel à la fois le samedi et le dimanche au lendemain de la manifestation.
Pourquoi y a-t-il un intérêt journalistique plus fort pour une manifestation très violente plutôt qu’une manifestation qui se déroule pacifiquement ?
Franck Weil-Rabaud : Nous couvrons l’actualité telle qu’elle se produit. Nous ne faisons pas le choix de couvrir tel ou tel événement, mais il est clair que samedi, la priorité a été donnée aux manifestions sur les Champs Elysées qui présentaient un caractère presque inédit des saccages des magasins. Plus tard dans la journée, nous avons rendu compte des manifestations sur le climat sans volonté de privilégier un mouvement par rapport à l’autre mais de couvrir l’ensemble de l’actualité.