Pour en parler au micro d’Emmanuelle Daviet, Julien Moch rédacteur en chef à Franceinfo et co créateur du podcast « salut l’info »
Emmanuelle Daviet : Pourquoi est-il important, en cette période de crise sanitaire et de confinement, de donner la parole aux enfants chaque jour sur l’antenne de Franceinfo grâce à « Salut L »info » rédacteur en chef à Franceinfo et Franceinfo Junior
Julien Moch : c’est un moment particulier pour les enfants, ils sont éloignés de l’école, du collège, sans les copains, les copines, avec les parents en télétravail, il faut les informer en se mettant à leur niveau, il faut leur expliquer cette situation inédite, les aider à prendre conscience de ce qu’il se passe, les divertir aussi parfois, et puis il faut les entendre, parce que à Franceinfo on considère que la parole de enfants est importante, ils ont des questions pertinentes qui interrogent notre réalité d’adulte. C’est ce qu’on fait avec une formule inédite du podcast « salut l’info » , une quotidienne de 5mn présentée par Estelle Faure (avec notre partenaire Astrapi). C’est important pour nous mais aussi pour les enfants, nous avons reçu énormément de questions pertinentes (1500 questions en 7 semaines sur notre répondeur). Il est important de les entendre sur nos antennes.
Emmanuelle Daviet : Alors vous recevez des questions de la part des enfants
Moi j’en reçois de la part des auditeurs et un auditeur justement s’étonne que l’on puisse entendre des enfants s’exprimer et donner leur point de vue, par exemple sur leur envie de retourner à l’école.
Voici la question d’un auditeur: à défaut d’être déontologique ce procédé est-il légal?
Julien Moch : ça ne m’étonne pas qu’un enfant ait envie de retourner au collège, on a reçu des dizaines de témoignages dans ce sens. C’est leur point de vue, c’est tout ce qu’il y a de plus déontologique. On donne la parole à des enfants, comme on donne la parole à des dizaines d’autres Français de tous âges, de toutes sensibilités ; Pendant le confinement on a décidé d’ouvrir ce répondeur pour eux, pour qu’ils nous expliquent leurs états d’âme et ça c’est journalistique, c’est déontologique. En temps normal, quand Estelle Faure va dans les classes pour recueillir la parole des enfants, on fait signer une autorisation par les parents. Avec le répondeur, c’est eux qui décrochent et qui témoignent et ça vaut autorisation. Je pense qu’on est dans le respect absolu de la parole de l’enfant
Emmanuelle Daviet : Cet auditeur poursuit sa réflexion et il fait cette remarque: « Il est évident que ces prises de paroles n’ont rien de spontané et se font sous l’initiative, la manipulation, d’adultes dont il n’est pas fait état à l’antenne ». Que vous inspire ce point de vue?
Julien Moch : c’est faire bien peu de cas de la capacité d’un l’enfant, de son intelligence, de sa spontanéité. C’est une remarque qui revient régulièrement, certains adultes ont du mal à imaginer qu’un enfant puisse être doué de réflexion. Je vous garantis que c’est bien le cas. A Franceinfo on se concentre sur la tranche d’âge 7-12 ans. A cet âge-là, contrairement aux adultes, on a pas la prétention de savoir, on a moins peur de poser des questions, ils posent des questions qui interrogent nos certitudes d’adultes, qui permettent de revenir aux bases d’un sujet. D’ailleurs, très souvent, j’apprends ou je réapprends des choses en écoutant les réponses à une question d’enfant..ça va assez loin, par exemple quand on va dans une classe, l’enseignant nous demande le thème de l’intervention, non on va discuter avec les enfants, un sujet parfois ne les inspire pas, donc on change de sujet. On prend la parole de l’enfant de manière très respectueuse. On n’a pas envie de parole téléguidée.