Les auditeurs sont sensibles au traitement de l’environnement à l’antenne. Pour répondre à leurs questions, Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo est au micro de la médiatrice des antennes Emmanuelle Daviet.

Emmanuelle Daviet : On commence avec ce message : « J’écoute Franceinfo tous les matins et tous les soirs pour être au top de l’info. Merci pour le travail de qualité que vous fournissez ! Cependant, j’ai remarqué que les sujets en lien avec la planète (la biodiversité, l’environnement, le climat…) sont extrêmement peu abordés (comme dans la plupart des grands médias). Ne pensez-vous pas que notre avenir à tous mérite plus de couverture médiatique ?« 
Que répondez-vous à cet auditeur ?

Matthieu Mondoloni : Je réponds à cet auditeur qu’il a raison dans le sens où je pense qu’on en fait pas assez. On essaie d’en faire plus, après il y a plein d’autres choses dans l’actualité donc on essaie systématiquement de couvrir tous les sujets, parfois certains sont en avant de l’actualité, c’est le cas par exemple quand il y a un rapport du GIEC, alors ça fait très marronnier parce qu’on dit « ah bah nouveau rapport du GIEC, donc on va couvrir »… Et en fait là où il a totalement raison c’est qu’aujourd’hui il ne faut plus attendre ce nouveau rapport du GIEC ou une COP qui se déroule. Il faut essayer d’en parler davantage, on ne le fait pas encore assez sur Franceinfo, il y a une vraie réflexion là dessus. On a, collectivement avec l’ensemble de la direction mais aussi avec l’ensemble de la rédaction pour essayer d’avoir différents sujets plus régulièrement à l’antenne et plus régulièrement le matin. Le matin effectivement, comme les cases sont plus courtes, si j’ose dire, il y a moins de place, on est vraiment sur l’actu très chaude, très dure. Et après dans le reste de la journée on peut avoir des sujets plus variés. C’est le cas pour les sujets qui concernent l’environnement et le climat, il faut qu’on arrive à rééquilibrer tout ça. Je lui donne entièrement raison je le répète.

Emmanuelle Daviet : Les auditeurs regrettent que depuis le début de la campagne présidentielle le climat qui est pourtant leur 3ème préoccupation soit trop peu abordé par les journalistes.
Que vous inspire ce constat ?

Matthieu Mondoloni : Alors je pense que c’est, si on parle de l’entre-deux-tours, on a deux candidats qui ont été jugé par beaucoup comme n’étant pas les meilleurs en termes d’engagement climatique par rapport au programme qu’ils ont défendu. Pour ce qui est des candidats avant le 1er tour, certains avaient mis en avant ces questions climatiques et donc on en a parlé, on en a fait l’écho, on a fait des comparateurs de programmes par exemple à l’antenne et là le matin, à 8h10, on appelait ça « Faites votre choix » pour donner aux auditeurs des possibilités de comparer les programmes des uns et des autres. Je pense en revanche que c’est effectivement un débat, et c’est toute la difficulté je pense des politiques, c’est pas du tout pour me défausser en tant que journaliste, mais je pense que les politiques n’en n’ont pas fait un sujet.

Emmanuelle Daviet : C’est aussi aux journalistes de s’emparer du sujet et de poser des questions aux politiques ?

Matthieu Mondoloni : Tout à fait. Vous avez totalement raison. Il y a eu beaucoup de questions autour de l’énergie, qui est un dérivé du climat mais qui n’est pas le climat, qui n’est pas l’environnement. Et on en a discuté aussi dans la rédaction parce qu’on fait aussi des débriefs entre nous en disant « voilà, il ne peut pas y avoir que l’énergie ». Quand on parle des éoliennes, on parle des éoliennes avec l’énergie mais c’est aussi une question climatique, est-ce qu’on peut le faire ? Et on a posé des questions aux différents invités politiques qu’on avait là-dessus, après, il est vrai, et encore une fois je ne dis pas ça pour me défausser, nous on peut mieux faire, mais ils peuvent mieux faire également. C’est-à-dire qu’ils ont tendance souvent à négliger ça en disant « oui alors on répond à la fin, une petit réponse là-dessus » mais on va pas beaucoup plus loin. Donc on a essayé de le faire très honnêtement, sans doute pas assez, là encore je reviens à la première question de l’auditeur, je suis tout à fait d’accord. Mais nous ne sommes pas les seuls responsables, on essaie de faire émerger ces questions-là, après les politiques devraient eux aussi le mettre, pour certains en tous cas, davantage en avant.

Emmanuelle Daviet : On termine avec cette autre question : « Serait-il possible de parler un peu plus de solutions pour diminuer notre consommation, notre pollution ? Comment faire preuve de plus de sobriété ? Je pense que si vous abordez ça d’un côté positif cela peut redonner le moral aux auditeurs, et donc associer Franceinfo à des nouvelles agréables, donc les pousser à davantage vous écouter, en particulier les jeunes.« 
Que pensez-vous de ce type de préconisations ? Est-ce que votre chaîne est favorable au journalisme de solutions ?

Matthieu Mondoloni : Tout à fait. On l’a déjà fait. On ne le fait pas en chronique, c’est-à-dire que c’est pas quelque chose de régulier, il n’y a pas un rendez-vous journalisme de solutions dans la grille en revanche on a des reportages assez régulièrement. Je vous donne un exemple, au moment de la dernière COP, on avait pendant trois semaines, tous les jours, on avait des reportages de journalisme de solutions. C’est-à-dire « comment on peut faire mieux », avec des histoires positives de gens qui essaient de faire changer les choses, et c’était vraiment très intéressant. Après malheureusement là encore, pour reprendre un vieil adage journalistique, on aime souvent parler des trains qui arrivent en retard et rarement de ceux qui arrivent à l’heure. Je schématise un petit peu mais en gros c’est ça. C’est-à-dire que parler de choses qui vont bien, oui, on essaie de le faire mais très rapidement malheureusement, et c’est peut être un défaut de notre métier mais on est rattrapé par les choses qui vont moins bien. Donc je pense que là aussi, il y a matière à progresser, on peut essayer d’envisager des choses, on le fait plutôt par petites tâches que par grands tableaux par grands coups de peinture mais c’est quelque chose d’intéressant, et d’autres le font d’ailleurs très bien c’est quelque chose qui se développe beaucoup depuis plusieurs années maintenant le journalisme de solutions, que nous suivons évidemment avec intérêt et que nous faisons en partie à l’antenne.