Franck Mathevon directeur de l’information internationale de Radio France répond aux auditeurs au micro d’Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet : On commence avec des messages sur l’Iran « On est informé régulièrement du drame Russo, Ukrainien, ce qui semble normal. Par contre plus de nouvelles sur l’Iran. La démocratie serait-elle revenue ? » s’interroge (avec ironie) un auditeur.
Alors, Franck Mathevon, on sait qu’il est très difficile d’obtenir des visas pour l’Iran. Où en sont les demandes alors ?
Franck Mathevon : Une demande de visas est en cours en effet pour Radio France par un de nos reporters. On sait que les visas presse sont accordés au compte gouttes en Iran, mais des confrères étrangers ont pu s’y rendre récemment, donc des autorisations sont accordées. Il faut savoir qu’aller dans un pays comme l’Iran, avec l’aval des autorités, ne permet pas d’y faire tout ce qu’on veut. Il faut travailler avec une agence d’État, avec un traducteur qui accompagne le reporter. La marge de manœuvre n’est pas totale. Cela dit, pour avoir été plusieurs fois en Iran, je peux témoigner du fait que la parole est assez libre. Certains Iraniens, bien sûr, sont plus craintifs que d’autres. Mais beaucoup acceptent de parler aux médias étrangers, même si leur position est parfois assez critique à l’égard du pouvoir. Malgré tout, très peu de journalistes étrangers ont pu aller en Iran depuis le début du mouvement de contestation cet automne. Donc difficile de savoir précisément quelle serait notre marge de manœuvre cette fois-ci. Et encore une fois, le visa ne nous a pas encore été accordé. Je précise tout de même Emmanuelle que ça ne nous empêche pas, évidemment, de couvrir les manifestations en Iran, de faire entendre la voix des Iraniens. Grâce aux réseaux sociaux, on parvient à échanger avec des personnes sur place qui peuvent témoigner de la répression du mouvement. On a des relais, des contacts, évidemment.
Emmanuelle Daviet : On poursuit avec ce message sur l’Arménie : « Comment expliquez vous qu’il y ait si peu de sujet sur la situation dramatique pour la population arménienne d’Artsakh. Un blocus est imposé par l’Azerbaïdjan à 120 000 habitants depuis plus d’un mois. Ce n’est que le début d’un processus génocidaire. Et toujours rien dans vos journaux. » nous écrit un auditeur.
Que répondez-vous à ses auditeurs qui nous écrivent sur l’Arménie ?
Franck Mathevon : D’abord Emmanuelle, il faut faire un peu de pédagogie là-dessus, on est obligés : la province d’Artsakh, qu’on appelle aussi le Haut-Karabagh, car c’est une région du Caucase, entre l’Arménie et les armes, et l’Azerbaïdjan, qui est au cœur d’un conflit entre les deux pays, cette province est surtout peuplée d’Arméniens. Elle a déclaré son indépendance au début des années 90, mais l’Azerbaïdjan estime que le territoire lui appartient. Il y a eu plusieurs guerres. La plus récente date de 2020, 6500 morts. L’Azerbaïdjan a reconquis une bonne partie des terres, mais il y a eu un accord de cessez le feu, mais il n’est pas vraiment respecté et en fait, il y a un couloir qui relie l’Arménie à la province et ce couloir est actuellement bloqué, dit l’Arménie, par l’Azerbaïdjan. Et la situation, c’est vrai, est très préoccupante. C’est un conflit à bas bruit, si on peut dire, et c’est vrai qu’on n’en parle pas tous les jours sur Franceinfo. Mais on suit cette crise de près. Une reportere de la rédaction internationale, Virginie Pironon, s’est rendue récemment en Arménie. On s’efforce de raconter et de documenter la crise humanitaire vécue par les Arméniens. Il y a en plus des rôles assez troubles joués par la Russie et la Turquie. C’est une situation très complexe. On en fait état régulièrement sur l’antenne de Franceinfo et on continuera à le faire.
Emmanuelle Daviet : On termine avec l’actualité au Pérou. Des auditeurs regrettent que la situation des Péruviens qui manifestent en ce moment pour le départ de leur présidente Dina Boluarte ne soit pas davantage évoquée. Rappelons que depuis le début du mois de décembre 46 personnes sont mortes dans les manifestations contre la destitution et l’arrestation du président de gauche Pedro Castillo. Comment couvrez-vous cette actualité ?
Franck Mathevon : C’est vrai. Crise politique majeure actuellement au Pérou, beaucoup de Péruviens dénoncent un coup d’Etat sans pour autant en plus demander le retour au pouvoir de Pedro Castillo. C’est une situation très complexe. Là aussi, il y a des manifestations tous les jours. C’est parti du sud du pays. Mais le mouvement a gagné la semaine dernière la capitale Lima, et on a une correspondante au Pérou, Amanda Chaparro, qui ne vit pas à Lima mais qui s’est rendue sur place il y a une semaine. Plusieurs reportages ont été diffusés sur Franceinfo. On couvre grâce à elle la situation sur le terrain et puis évidemment avec nos reporters à Paris également. On discute d’ailleurs actuellement de l’envoi d’un reporter au Pérou pour épauler notre pigiste sur place. En tout cas, on suit de très près, là aussi, la situation au Pérou, même si on en entend pas parler tous les jours sur Franceinfo.