Pour répondre aux questions des auditeurs, Florent Guyotat, rédacteur en chef à Franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet

Emmanuelle Daviet : Un auditeur écrit : « Il est étonnant de constater l’absence d’information concernant la situation de Mayotte sur FranceInfo alors même que des images et des commentaires alarmants apparaissent sur différentes chaînes de télévision. Ce silence est si assourdissant de votre côté qu’on en viendrait à penser à une censure délibérée ».

Cette remarque vous parait elle justifiée ?

Florent Guyotat : Non, elle n’est pas justifiée. Il n’y a pas eu de censure et surtout, cette information a été très présente à l’antenne dès le départ. Dès qu’on a appris que des troubles éclataient sur place, dès qu’on a appris aussi que le RAID étaient envoyés en renfort sur place, on s’est saisi de cette information et bien sûr, on l’a traité. Je vais vous donner un exemple. Dès le 21 novembre à 19h10, dans le 17/20 de Nicolas Terre, à une heure de grande écoute chez nous, on a eu le témoignage très fort de la députée de la première circonscription de Mayotte, Estelle Youssouffa, qui nous a relaté la situation sur place. Je vous cite un passage, elle nous dit « on a l’impression d’être abandonnée par les autorités parce que ça fait des années que Mayotte appelle à l’aide. Est ce qu’on est des Français comme les autres ? Des familles entières quittent l’île, les investisseurs et les fonctionnaires. » C’est ce qu’elle nous dit. Donc vous voyez qu’on est dès le départ très présents sur cette information. Et quelques heures plus tard, le 23 novembre, cette fois-ci dans la matinale à 7h10, on a cette fois ci le maire de Mamoudzou écouté ce qu’il nous dit à ce moment là.

Le maire de Mamoudzou : Ce sont des terroristes, ils s’attaquent à des honnêtes gens et s’attaquent à la population, ils s’attaquent à la République. Parce que quand on brûle une mairie, quand on brûle une intercommunalité, ça veut dire que c’est des gens qui sont là pour déstabiliser Mayotte. Ils sont organisés, ils se déplacent pas par hasard. Quand vous êtes 30, 50, vous planifiez vos attaques. Quand vous tuez un jeune homme et que vous prenez son cours, vous le découper, vous l’entreposer devant la route, vous en faites un trophée. Ça ne peut pas être de la violence urbaine.

Florent Guyotat : Voilà donc un extrait de l’interview du maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila. Alors ça, vous allez me dire c’est la parole des élus. Mais vous savez que sur Franceinfo, on a aussi la volonté de ne pas entendre uniquement la parole institutionnelle. On veut aussi aller voir des habitants et c’est ce qui s’est passé avec l’envoi d’un reporter. Donc c’est Mathilde Dehimi de France Inter qui est partie sur place. Et elle n’a pas donné la parole uniquement aux élus. On a aussi entendu des habitants. C’est très important pour nous, notamment cet habitant d’un bidonville de Mayotte :

Eux, ils mettent des maisons en feu, et tabassent les gens. Nous, on ne peut pas rester là à regarder ou attendre des policiers.

Donc ça c’était le 26 novembre dernier, et évidemment on continue à suivre ce qui se passe sur place, même si pour l’instant la situation s’est un peu calmée.

Emmanuelle Daviet : la situation s’est un peu calmée, certes, mais comment vous suivez concrètement ces événements ?

Florent Guyotat : on suit les dépêches d’agences, et vous savez qu’en fin d’année, Gérald Damarnin ministre de l’Intérieur est annoncé sur place. On va voir évidemment comment se déroule cette visite avec nos correspondants sur place. Evidemment si la situation le nécessitait, on envisage aussi de renvoyer un reporter sur place en fonction de ce qui se passera.

Emmanuelle Daviet : L’auditeur écrit : « Les autres DOM-TOM sont eux assez peu considérés dans vos préoccupations éditoriales . »

Quelle place le traitement des DOM TOM occupe-t-il sur votre antenne ?

Florent Guyotat : ils occupent une place importante. Je vais vous donne un autre exemple : c’est le scandale du chlordécone, vous savez, ce pesticide. On a appris, il y a une semaine, que cette affaire faisait l’objet d’un non lieu, ce qui évidemment sur place aux Antilles a provoqué une forte émotion au sein de la population. Et là encore on s’en est fait l’écho, notamment en interviewant Harry Durimel qui est le maire écologiste de Pointe-à-Pitre, donc là aussi nous étions présents sur cette information. Et n’oublions pas qu’il y a un rendez-vous régulier consacré à l’Outremer sur notre antenne, c’est le journal des outremers, dont je le rappelle pour ceux qui ne le savent pas, chaque dimanche à 15h20, 17h20, évidemment si vous ne pouvez pas écouter à ce moment là, ce qui est compréhensible si il y a des problèmes de décalage horaire, vous pouvez retrouver cette chronique à tout moment sur franceinfo.fr comme d’ailleurs les reportages de Mathilde Dehimi à Mayotte dont on parlait à l’instant.