Pour répondre aux auditeurs, Nathalie Iannetta, directrice des sports de Radio France est au micro d’Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet : On commence avec l’officialisation lundi de l’arrivée de Kylian Mbappé au Real Madrid. Des auditeurs n’ont pas compris qu’on en parle autant sur l’antenne, extraits de messages reçus : « La couverture que vous faites de l’arrivée de Kylian Mbappé au Real Madrid prend une ampleur incroyable. » « Que vous en parliez Ok. Que ce soit le premier titre de plusieurs journaux et qu’on le suive en fil info est un choix étonnant. » « Une journaliste a même osé dire à l’antenne je cite : » La nouvelle que le monde entier attendait ! ». « Cette outrance devient grotesque. » écrit un auditeur.
Nathalie Ianetta, beaucoup d’incompréhension chez certains auditeurs, comment expliquez-vous la surmédiatisation de ce transfert ?
Nathalie Iannetta : Alors moi, je comprends les réactions des auditeurs et je vais vous dire pourquoi je les comprends parce que je les explique. Je les explique comment ? Parce que si on regarde d’un point de vue purement sportif, le transfert d’un jeune homme, aussi talentueux soit il, d’un club à un autre, effectivement, pourquoi en faire autant ? Sauf que ça n’est pas que ça l’affaire Mbappé et l’affaire Mbappé au Real Madrid, c’est d’abord parce que la personne, le personnage en lui même, Mbappé, c’est une star mondiale, comme une star de la musique, comme une star de cinéma. C’est une personnalité qui a fait la Une du Times. C’est probablement l’un des Français les plus connus dans le monde, peu importe ce qu’on en pense, mais en tout cas, en termes de notoriété, c’est monumental. Donc déjà à lui tout seul, il est un objet d’attention et d’actualité. Et puis ensuite, c’est aussi tout un récit autour de ce garçon qui a été un immense espoir qui aujourd’hui est au-delà de l’espoir parce qu’il a quand même 25 ans. C’est aussi l’histoire d’un rêve, le rêve d’un enfant qui a toujours voulu jouer au Real Madrid et qui aujourd’hui arrive dans ce qui est le plus grand club du monde d’un point de vue purement factuel. Et c’est cette trajectoire aussi qui, à mon sens, mérite de s’y attarder. Parce qu’au-delà du football, au-delà même du sport, c’est presque une histoire et un récit de ce qu’est aujourd’hui le rêve, le fait d’y croire en 2024 et comment on peut l’accomplir. Mais je comprends les auditeurs. Si on s’en tient uniquement à « le transfert d’un joueur de foot d’un club à un autre ». Sauf qu’encore une fois, ce n’est pas de ça dont on parle.
Emmanuelle Daviet : On passe à présent au sport féminin : des auditeurs estiment que l’équipe de France féminine de football est rarement valorisée. D’autres auditeurs considèrent que le tennis féminin est passé sous silence, tout comme l’équipe féminine de rugby à sept. Ces reproches vous paraissent-ils fondés ?
Nathalie Iannetta : On en parle moins peut être que les sports masculins. En revanche, c’est un peu injuste en ce qui concerne l’antenne de Franceinfo, parce que d’abord, sur le tennis par exemple, on va être factuel. On suit les matchs de tennis, qu’ils soient joués par les hommes ou par les femmes à Roland Garros. C’est une forme d’équité absolue et totale. Et on commente ceux qui sont sur les courts, quel que soit le genre de ceux qui s’affrontent. Ensuite, sur le le football, je pense que, j’en suis même certaine qu’on est la seule radio, par exemple, à être allée à Bilbao pour couvrir la finale de la Champion’s League féminine avec l’Olympique Lyonnais qui s’est incliné face au FC Barcelone, que nous suivons tous les matchs de l’équipe de France d’Hervé Renard, que nous serons au tournoi olympique, évidemment présents exactement de la même manière sur le tournoi olympique féminin. Donc, c’est à la fois fondé parce que oui, quand même, en terme de volume, soyons honnête, c’est inférieur au volume consacré aux sports masculins. Mais c’est un peu injuste quand même, mes chers auditeurs.
Emmanuelle Daviet : A propos de Roland Garros, un auditeur écrit : « Vous parlez beaucoup des joueurs de Roland Garros mais pas du tout, du moins je ne l’ai pas entendu, du tennis fauteuil qui a commencé mardi. Avez-vous également suivi ce tournoi ? ». Nathalie Iannetta quelle est la place du handisport sur l’antenne ?
Nathalie Iannetta : Alors, d’un point de vue plus global, effectivement, sur le sport handi, on a vraiment multiplié à la fois les reportages, les couvertures éditoriales et des événements. Parce que il y a les Jeux Paralympiques et que nous avons décidé depuis plus de deux ans maintenant à la direction des sports, de suivre ces athlètes comme des champions et des championnes au même titre que les valides. Alors là aussi, c’est un peu comme pour le sport au féminin, le volume, il est moins important, mais il est colossal au regard de ce qu’on faisait avant. Avant, on en parlait quasiment jamais, mais vraiment quasiment jamais. On avait par exemple plus un seul journaliste envoyé sur les Jeux paralympiques à Tokyo. Là, on sera quinze à couvrir ces jeux, on aura des rendez-vous réguliers, on couvrira la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques, exactement comme la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Donc, il y a un basculement aujourd’hui grâce aux Jeux paralympiques. Ce n’est jamais assez, je suis d’accord. Mais franchement, l’accélération est importante et j’espère que les auditeurs seront aux rendez-vous des Jeux paralympiques.