Sandrine Treiner directrice de France Culture répond aux questions des auditeurs au micro d’Emmanuelle Daviet

Des auditeurs nous écrivent au sujet de l’émission Les Pieds sur Terre intitulé « Sans masque et sans pass ». Un auditeur « s’étonne de la radicalité des propos tenus lors de ces manifestations du samedis rapportés sans filtre. Dans le contexte actuel de buzz permanent et d’invasion des sources d’informations par toutes les formes de manipulation et de peurs, je souhaite que France Culture demeure une référence en la matière et ne se laisse pas emmener dans le flot d’une complaisance portant à conséquence. »
Un autre estime que : « donner la parole à ces manifestants mal documentés, ignorants, revanchards, contestataires est une honte pour une radio comme la votre qui se targue de « culture ». Ces gens interviewés sont inconscients. »

Que répondez-vous à ces auditeurs ?

Sandrine Treiner : Je commencerai peut-être par dire que si « Les Pieds sur terre » n’était pas une émission qui fait réagir les auditeurs, elle passerait un peu à côté de son objet. Plus sérieusement, je ne crois pas qu’il y ait la moindre complaisance dans ce reportage. Mais pour le comprendre, il faut savoir que « Les Pieds sur terre » proposent précisément cela : donner à entendre une ou des réalités brutes, effectivement sans filtre, puisque le principe, c’est un reportage, des reportages, des histoires à la première personne, sans commentaire. On sait que sur l’antenne de France Culture on fait entendre beaucoup de commentateurs, qu’ils soient historiens, géographes, sociologues, etc. précisément, « Les Pieds sur terre », c’est un peu le contrepoint de ça, et c’est vrai que « les Pieds sur terre » vont chercher des cas qui peuvent être plus marginaux que ce que l’on entend dans les discours généraux, mais c’est fait pour ça. C’est très exactement fait pour ça et ça n’induit pas de complaisance. Je comprends par ailleurs la réaction, c’est à dire faire entendre quelqu’un qui dit quelque chose dans une manifestation, par exemple, ce n’est pas donner la parole, en fait, c’est donner à entendre des propos qui se tiennent effectivement dans les rues de ce pays. Certes les auditeurs ont entendu des propos radicaux parce que ce sont des propos radicaux qui s’expriment dans certaines de ces manifestations. On pourrait dire simplement pour conclure que comme cet auditeur, ce n’est pas parce que l’on entend des propos radicaux que l’on y adhère.

D’ailleurs, la couverture des manifestations anti-passe sanitaire a globalement suscité beaucoup de courriels et nous avons également répondu à cette question éditoriale sensible sur le site médiatrice de Radio France.

On poursuit avec plusieurs questions sur différentes émissions :
« Qu’est-il advenu du Réveil Culturel avec Tewfik Hakem ? » demandent des auditeurs.

Sandrine Treiner : Il y a plusieurs questions dans la question, en tous cas plusieurs réponses. La première est sans doute la plus importante, c’est de dire que Tewfik Hakem est toujours sur l’antenne de France Culture où il produit désormais deux émissions le week-end, une le samedi matin sous le titre Affinités culturelles où à travers un thème, il rend compte de l’actualité culturelle et L’Esprit des lieux, qui est une émission le dimanche où, précisément, il va au contact de lieux de la culture ou du patrimoine pour nous donner à entendre l’esprit des lieux qu’il visite. « Le réveil culturel » en tant que tel n’existe plus. Il faut rappeler évidemment que chaque rentrée est l’occasion pour la chaîne, mais aussi pour les producteurs, de continuer à évoluer dans leurs pratiques professionnelles dans leurs projets professionnels. C’est donc ainsi que nous sommes convenus avec Tewfik Hakem de commencer cette année. Dire aussi que le 6-7, maintenant sous le titre « Les enjeux », est produit par Baptiste Muckensturm avec toujours Julie Gacon aux « Enjeux internationaux », Baptiste Muckensturm se concentrant sur les enjeux territoriaux et les enjeux tels qu’ils sont véhiculés par les réseaux sociaux, il nous a semblé important, en cette année politique primordiale, de créer, de donner à entendre une matinale d’actualité dès le petit matin, dès 6 heures du matin.

Autre question : « Avez-vous supprimé l’émission du week-end « la conversation scientifique » par Etienne Klein, si oui pourquoi ? »

Sandrine Treiner : Nous n’avons pas supprimé « La conversation scientifique » par Etienne Klein. Etienne Klein est toujours à l’antenne à la même heure qu’avant. L’émission s’appelle maintenant « Science en questions ». Elle est suivie d’un élément de culture générale scientifique proposé par Bruno David, le président du Musée d’histoire naturelle. Et pourquoi ce changement de titre ? Parce que, précisément, Étienne Klein a souhaité avec nous faire évoluer le concept de son émission et être plus proche d’une émission de culture générale sur la science.

Des messages aussi sur La Compagnie des œuvres, voici un courriel :
« J’allume la radio pour écouter un épisode de La compagnie des œuvres et…rien…c’est bien toujours la voix apaisante de Matthieu Garrigou-Lagrange, mais ce n’est plus la même émission ! (…) vous avez transformé cette tranche horaire . Quel dommage! Encore une émission littéraire de grande qualité qui disparaît ! Pourquoi céder à l’air du temps ?
« 

Sandrine Treiner : Je crois que nous n’avons pas cédé à l’air du temps. Je pense même qu’on fait un peu l’inverse. Alors d’abord, rappeler que « La compagnie des œuvres » n’était pas une émission littéraire, ce fut une émission littéraire à l’époque de la « Compagnie des auteurs », et puis, Matthieu Garrigou-Lagrange était allé au bout du patrimoine mondial de la littérature, qui permet de faire quatre émissions sur un même auteur. Là aussi, c’est une évolution choisie avec Matthieu Garrigou-Lagrange l’envie d’ouvrir le champ, de faire une émission très ouverte, très tournée vers tous les publics, de culture générale. La culture générale, je ne suis pas sûre qu’elle soit dans l’air du temps. C’est un nouveau pari qui, à l’écoute comme ça depuis dix jours, me paraît déjà être un pari transformé par Matthieu Garrigou-Lagrange.

On termine avec des messages au sujet d’Adèle Van Reeth
« Bonjour, je suis depuis ce matin 8 h à l’écoute de votre radio qui m’accompagne depuis des années et je viens à nouveau d’entendre qu’Adèle Van Reeth ne serait plus à 10 h présente pour nous présenter son émission. Je souhaiterais comprendre ce qu’il se passe qui pourrait justifier votre décision si j’ai bien compris votre annonce.

Sandrine Treiner : Je crois que ce qui se passe devrait se conclure au mois d’octobre par une naissance. Donc, Adèle Van Reeth reviendra en janvier. Elle sera en congé maternité jusqu’en janvier, remplacée par Géraldine Mosna Savoye, qui était sa programmatrice, la programmatrice des Chemins de la philosophie, qui était dans Les matins de France Culture en fin d’émission et qui remplace actuellement Adèle Van Reeth.