Les podcasts c’est une des nouvelles façons d’apprécier la radio
la possibilité de réécouter
, bien sûr, des émissions et d’en entendre de nouvelles qui ne sont pas sur l’antenne de France Inter mais créées spécialement pour vous et disponibles sur le site ou l’application de Radio France.
Succès incontestable :
les podcasts jeunesse OLI et Les Odyssées par exemple cumulent plus de 30 millions d’écoutes depuis leur lancement.
Le podcast « 13 novembre l’enquête » : plus de 2 millions d’écoutes,
Les aventures rocambolesques d’Edouard Baer et Jack Souvent près de 350 000 téléchargements en à peine un mois.
Des millions d’écoutes donc, dopées par les périodes de confinement où l’envie de divertissement était très forte et de nombreux messages d’auditeurs qui en redemandent et s’intéressent à cette production en pleine croissance, d’ailleurs certains de nos auditeurs n’aiment pas ce mot « Podcast », combinaison de iPod et broadcast. Nos amis Québécois préfèrent le terme « balado ». « Balado » ou « podcast », il s’agit d’un contenu audio, de fiction, d’information ou documentaire disponible sur internet ou sur une application. Le succès grandissant des podcasts traduit la mutation des usages de la consommation audio et aujourd’hui pour en parler et répondre aux questions des auditeurs, Emmanuelle Daviet reçoit Yann Chouquet, directeur des programmes de France Inter, et Laure Grandbesançon l’heureuse productrice des Odyssées, grand succès de la chaîne.

Comme cette émission est celle des auditeurs, voici quelques–uns de leurs messages :
Dans le premier extrait vous aurez reconnu Edouard Baer dans ses aventures rocambolesques avec Jack Souvant.
Un podcast exceptionnel nous écrit un auditeur. « Un bijou de prise de son, de restitution d’ambiance, d’esprit avec Édouard Baer et une belle plongée dans l’Afrique francophone. Grâce à vous, dit cet auditeur, j’ai voyagé depuis mon canapé dans mon casque audio et à la fin du podcast j’avais de la poussière sur mes chaussettes. Une œuvre d’art salutaire et agréable en ces temps de mobilité restreinte. MERCI!!« 
Autre message d’auditeur sur cette épopée sonore au Sénégal : « C’est tout simplement du génie, de l’art, du merveilleux. Ils sont peu nombreux ceux qui sont capables d’une telle créativité, d’un ton si décalé et drôle, et de cette splendide réalisation radiophonique (la stéréophonie, l’ambiance sonore, on Y est à Dakar !). C’est mon petit bonheur du moment. J’en suis tout simplement fan. »
Dans le deuxième extrait, vous aurez reconnu la voix de Philippe Collin qui propose une série de podcast sur « Napoléon, l’homme qui ne meurt jamais » « très intéressante et très bien réalisé nous dit un auditeur qui se dit fasciné par l’habillage et en particulier par la petite musique electro qui passe en générique. Et en fin le témoignage de Maia Mazaurette dans son podcast intitulé « Traverse » dans lequel elle évoque la mort de son compagnon il y a 7 ans et de très beaux messages d’auditrices : « Je suis bouleversée et éclairée par vos mots, votre élan de vie, votre histoire. Votre force et votre douceur me portent. Merci vraiment pour la beauté, le rythme, la poésie et la joie exprimée dans « Traverse ». Je me sens apaisée et nourrie par votre récit. Ça résonne en moi et m’aide à vivre. Gratitude et profonde admiration »
Une autre auditrice nous écrit : « Son récit est d’une finesse et d’une sensibilité extrême, avec un regard juste et vrai sur la mort, sans faux-semblant et une jolie pointe d’humour. Maïa est la première personne que j’entends parler de la mort avec une vérité qui peut paraître crue/ loin du convenu/ et pleine de respect. »
Yann Chouquet, que vous inspirent ces messages ?

Yann Chouquet : Ça fait vraiment plaisir. Des messages comme ça, on en reçoit beaucoup, même pour parler des programmes de l’antenne. Mais la différence avec les podcasts natifs, c’est que les auditeurs se les approprient. Et si on devait expliquer en une phrase, aux auditeurs ce que c’est que la différence entre la radio et les podcasts natifs ? Je dirais que la radio s’adresse à tous. Le poste est posé dans la cuisine, dans l’autoradio, on l’écoute ensemble alors que le podcast s’adresse à chacun, c’est à dire que souvent, vous l’écoutez au casque. Il y a une intention qui vous fait déclencher ce programme et vous êtes complètement disposé à l’écoute. Evidemment, la réception des témoignages ou des histoires est beaucoup plus forte. Il y a un rapport intime avec ces programmes.

Lorsque l’on fait de la radio, pourquoi se lance-t-on dans la production de podcasts ?

Yann Chouquet : Écoutez, on se lance dans la production de podcasts parce que le comportement des auditeurs change. Les avancées technologiques ont toujours bouleversé les usages. L’invention de la radio a permis de diffuser la musique au plus grand nombre. Et c’était plus nécessaire de se déplacer devant leur caisse pour écouter de la musique. Aujourd’hui, avec le web qui est partout, on peut écouter des contenus parlés sur des plateformes qui diffusaient hier de la musique et qui, aujourd’hui, diffusent des contenus parlés. Donc, voilà, ça, c’est la véritable révolution. Et puis, l’autre révolution, c’est que les jeunes qui, il y a quelques années écoutaient la radio dans leur chambre le soir, n’écoutent plus la radio de flux. Ils ont l’habitude d’écouter des contenus, de commencer par le début et d’aller jusqu’à la fin. Ils sont habitués à une offre délinéarisée et c’est pour ça que nous, on se doit de produire des programmes en podcast pour pouvoir les distribuer sur des plateformes.

Est-ce que le podcast permet aussi de s’affranchir des codes plus rigides d’une grille radio ?

Yann Chouquet : Bien sûr, parce qu’il n’y a pas la contrainte horaire. Voyez là on a commencé cette émission. Et à 10h il va falloir lâcher l’antenne parce qu’il y a les infos. Donc évidemment, il y a des contraintes horaires. Et puis, il y a des codes. Là, il faut qu’on rappelle qui on est, il y a Laure, on est dans le rendez vous de la médiatrice, on est sur France Inter. Dans le podcast, non, parce qu’il y a une vignette qui vous indique le titre, un pitch de l’émission, un petit résumé et vous savez très bien ce que vous écoutez. C’est comme choisir un livre dans une bibliothèque.

Qu’est ce qui vous différencie des autres acteurs du marché ? Quel est votre positionnement éditorial ?

Yann Chouquet : Notre positionnement éditorial est comparable à celui d’une maison d’édition. On fabrique des collections, on a des différentes collections, des collections intimes comme Maia Mazaurette qu’on vient d’entendre, des collections historiques comme avec Philippe Collin sur Napoléon. On fait aussi des hors séries avec des créations un peu foutraques et hybrides avec Edouard Baer. Et puis, on a une large part de collections pour enfants, ça représente une grosse partie de notre catalogue. Ce qui nous différencie des autres acteurs du marché, c’est que on a aussi à Radio France une application de podcasts qui propose un catalogue très, très large, unique et surtout d’une qualité inégalée et gratuit.

Le catalogue des podcasts est très riche, comment travaillez vous ? Il y a un comité éditorial ? Qui choisit ? Qui propose ?

Yann Chouquet : Il y a un comité éditorial, mais pas à France Inter, c’est à Radio France pour vérifier que France Culture, France Musique, Franceinfo et France Inter n’ont pas eu tous la même idée sur Napoléon au même moment et que tout le monde s’en ressent. Ça s’appelle la complémentarité. Et à France Inter, c’est un petit peu plus simple. Je vais vous raconter comment on a fabriqué des odyssées avec Laure. Laure, un jour, est venue me voir pour me proposer une émission d’été de 30 minutes. Je trouvais ça intéressant, mais ce que je trouvais plus intéressant, c’était la petite séquence qui racontait une histoire, une petite séquence de cinq minutes à l’intérieur de cette émission et je lui ai dit, tu sais quoi ? On va pas faire cette émission d’été. Par contre, on va lancer un beau podcast. Donc il y a des rencontres et on nous propose des projets. On les développe. Et puis parfois, par exemple, comme « Bestioles », le dernier podcast en date qu’on vient de sortir, c’est un bestiaire pour les enfants de 5-7 ans. Là, moi, j’avais envie de lancer ce bestiaire. Donc je suis allé chercher les bonnes personnes, les bons artisans, les bons auteurs et le Muséum d’histoire naturelle.

Combien de personnes à France Inter travaillent sur les podcasts ?

Yann Chouquet : Il y a une dizaine de personnes qui travaillent en permanence qui sont consacrées à cette activité. Et puis, évidemment, on bénéficie de tous les talents de la Maison de la radio de façon ponctuelle, des techniciens qui travaillent sur le design sonore, des musiciens et tout ça après est sublimé, mis en onde par des réalisateurs, réalisatrices qui sont spécialisés sur le podcast et particulièrement le podcast pour enfants.

A propos d’Oli voici la question d’une auditrice : « Ravis, nous venons de mettre dans la voiture pour un long trajet les podcast d’Une histoire et Oli! Première histoire d’un chat blessé, avec Léa Salamé, super. Deuxième histoire, « Victoria, la femme qui n’aimait pas les enfants. C’est donc l’histoire d’une femme, qui est amoureuse d’une autre femme, et qui a 3 enfants. Évidemment, pourquoi pas, cela arrive, et il est bon d’accepter les différences. Mais faut-il pour autant l’ériger en modèle dans un conte pour enfants, qui plus est, n’est pas forcément écouté par ses parents car nous vous faisons confiance ? Je suis déçue. Tout n’est pas à mettre sur le même plan. Comment voulez-vous que les enfants aient des repères si tout se vaut ? »
Quelle est votre ligne éditoriale s’agissant de ces contes pour enfants ?

Yann Chouquet : Je répondrai que le podcast Oli raconte le monde d’aujourd’hui. Qu’aujourd’hui, il y a d’autres modèles qu’un schéma familial classique. Il y a d’autres réalités que les enfants, disons pas dans une bulle à un moment ou un autre, en écoutant des discussions, en écoutant la radio ou en regardant la télévision, en observant la rue. Ils seront confrontés à ces réalités et puis ces réalités, je n’ai pas l’impression qu’on les érige comme modèle. Mais même si elles sont singulières, elles existent. Ce ne sont pas des épiphénomènes et le conte a toujours été un support à la discussion avec les parents. Une façon de questionner le monde, la complexité de la vie. C’est vraiment le propre d’une histoire que de susciter un questionnement, d’aiguiser la curiosité et l’esprit critique. Moi, j’ai envie qu’après l’écoute d’un conte, le spectacle soit dans la salle. Le conte, il n’est pas là pour se substituer aux parents. Il est là pour créer une conversation entre les parents et les enfants. Et là, il y en a une qui vient de se créer.

Autre podcast très apprécié pour les trajets en voiture : Les Odyssées, il en existe 60 épisodes.
Voici le message d’une auditrice:
« Je voulais vous remercier, Laure Grandbesancon, ainsi que son équipe pour Les Odyssées. Je salue votre émission pour son humour, le fait de rendre l’histoire accessible aux enfants et le choix des sujets, diversifiés.
Vous rythmez nos trajets de vacances avec vos histoires passionnantes. Nos deux filles vous écoutent avec attention, et nous aussi d’ailleurs. Grâce à vous, nous voilà presque impatients des trajets en voiture (c’est dire). Je vous souhaite donc une bonne continuation dans votre émission. »

Lancé il y a à peine deux ans, ce podcast a été téléchargé plus de 12 millions de fois. C’est un incontestable succès. Laure Grandbesançon, Comment sélectionnez-vous les personnages ?

Laure Grandbesançon : Il y a plusieurs choses. Bien sûr, je me laisse aller comme ça avec mon intuition. J’ai des souvenirs d’enfant aussi, mais toujours, ce qui préside au choix, c’est qu’il y a deux choses : C’est d’abord un appétit d’écriture. Quand je découvre une histoire, quand je lis quelque chose et que je dis génial, ça, j’ai envie de le raconter. Que je vois des scènes m’arriver, je dis tiens, je vais entrer dans l’histoire avec telle blague, à la fin, je vais faire tel twist . Puis il faut que la matière aussi soit dense. Plus c’est compliqué, plus j’ai envie de me jeter dedans. Donc, cette première chose comme ça, un appétit d’écriture que je sens naître en moi. Et après, il y a aussi un souci de construction. Ce qui fait un peu la marque de fabrique des Odyssées, c’est qu’il y a une grande diversité dans les sujets. A la fois, il y a du récit d’aventures, de la découverte archéologique. Il y a des grands destins singuliers, des grandes aventures collectives des missions catastrophes, des grandes découvertes scientifiques. Aussi, on essaye vraiment de faire découvrir des grandes figures féminines de l’histoire pour que, du coup, toutes ces aventures historiques qu’on transmet aux enfants en dedans, il y ait une place, que les femmes existent.

Les Odyssées plaisent autant aux enfants qu’aux adultes…
Je vous lis le message d’une auditrice: « Mes enfants et moi sommes de grands fans des Odyssées racontées par Laure Grandbesançon.
Nous les connaissons presque toutes par coeur car nous les avons écoutées des dizaines de fois. Nous aimerions tellement qu’il y en ait des nouvelles! Est-ce bientôt prévu? En attendant on a aussi écouté toutes les OLI et toutes les Olma»

Laure, quel est votre rythme de production ?

Laure Grandbesançon : On sort à peu près 30 Odyssées par an et on sort avant chaque vacances scolaires cinq ou dix épisodes.

Et donc, le podcast se décline maintenant en livre.

Laure Grandbesançon : Oui, on fait un livre qui sort le 6 mai aux éditions Les Arènes et Radio France. On a réuni 12 Odyssées différentes et qu’on a chacune illustrée par un illustrateur différent. On est très heureux.

Pour Olma, le podcast scientifique destiné aux enfants, vous travaillez avec la Cité des sciences et de l’industrie
Pour « Bestioles », podcast à mi chemin entre le documentaire et la fiction, vous êtes en coproduction avec le Muséum national d’histoire naturel. Cette caution scientifique est destiné à rassurer les parents ?

Yann Chouquet : Oui, rassurer les parents. Mais c’est surtout associer des expertises puissantes quand ces partenaires nous sollicitent, ou que nous les sollicitons. On sait très bien qu’on va travailler avec des gens qui ont déjà une expertise de ce que c’est que le parcours enfant dans un musée, dans une exposition. Donc, pour nous, c’est précieux. Nous, on a une expertise sur la mise en onde, donc c’est vraiment une association des talents. Et puis moi, sur tout ce qui me réjouit, c’est comme, par exemple sur les Odyssées du Louvre, quand j’imagine qu’un jeune auditeur qui a écouté le podcast des Odyssées du Louvre demande à ses parents de l’emmener voir la Victoire de Samothrace. Et pour nous, c’est tout gagné.

Il y a un argument avancé par les parents en faveur des podcasts : c’est un moyen efficace d’éloigner les enfants des écrans, vous partagez cet avis ?

Yann Chouquet : Oui, complètement. On l’a vu pendant le confinement. Il fallait occuper les enfants parce qu’ils étaient à la maison. On sait très bien que trop d’écrans, c’est mauvais pour les enfants. Il y a d’ailleurs des campagnes de santé publique sur ce sujet, précisément. Avec le podcast, ce n’est pas la même chose. Les enfants se distraient, apprennent des choses. Et puis surtout, ils ont l’imaginaire en action. L’avantage de l’audio, c’est qu’on a l’écran le plus large. Ça, c’est d’Orson Wells, c’est l’imaginaire.

Yann Chouquet, les podcasts réinventent la manière de consommer de l’audio, les auditeurs sont plus autonomes, plus actifs dans leurs choix, c’est une consommation à la carte. Est-ce que cela signifie que les podcasts sont l’avenir de la radio ?

Yann Chouquet : Moi, je ne dirai pas que c’est l’avenir de la radio. Je dis que c’est complémentaire de l’offre de radio linéaire. Ils offrent une palette de plus à la radio. C’est une autre démarche. Quand on écoute un podcast, c’est vraiment comme si on était dans sa bibliothèque ou dans une bibliothèque municipale. On choisit le podcast et on va l’écouter. La radio, c’est différent. Vous écouter la radio comme vous prenez un train en marche. Vous rentrez dans le programme, c’est vraiment la différence. La radio, elle vous accompagne, elle peut vous surprendre, elle vous donne des rendez-vous. Elle vous laisse aussi la possibilité d’intervenir à l’antenne. Et puis, sa force, c’est que ça reste un média très, très réactif. S’il se passe quelque chose ici maintenant, la radio, elle, a la force du direct. Elle vous en parlera. Le podcast, c’est autre chose. Le podcast est produit, il est pensé, il est élaboré. Il n’a pas la puissance de la réaction, du direct, de la radio. Pour terminer, le podcast, n’est pas l’avenir de la radio. Le podcast, c’est une chance de plus pour la radio.

Voici la liste des podcasts natifs de France Inter :
Napoléon, l’homme qui ne meurt jamais
Bestioles
Une histoire intime
Les aventures rocambolesques d’Edouard Baer et Jack Souvant
L’amérique pour les kids
Olma
Les Odysées
Une histoire et … Oli:
Le code a changé