Florian Delorme, délégué aux programmes de France Culture est au micro d’Emmanuelle Daviet pour répondre aux questions des auditeurs.
Emmanuelle Daviet : Notre rendez-vous aujourd’hui s’intéresse à la nouvelle génération d’auditeurs. Il est intéressant de noter que vous réalisez des audiences record partout en France et sur toutes les tranches d’âge, avec une augmentation très significative parmi les auditeurs les plus jeunes. Plus 37 % par rapport à il y a un an chez les treize 34 ans. Comment expliquez-vous cet engouement de cette jeune génération pour France Culture ?
Florent Delorme : Merci beaucoup, Emmanuelle pour cette question, parce que c’est évidemment, vous vous en doutez, un sujet de préoccupation de premier ordre pour nous ici à France Culture, l’avenir de la radio passe évidemment par notre capacité à aller chercher justement ces jeunes générations dont on a compris par ailleurs qu’elles se détournaient de plus en plus des médias traditionnels et qui, de surcroît, ont développé des pratiques qui sont de plus en plus adossées à l’image. Quand on regarde les études, elles nous montrent que l’attention des plus jeunes va d’abord vers des contenus qui proposent de l’image, de la vidéo. Donc évidemment, dans ce contexte, on comprend que pour la radio, qui est un médium sans image par nature, le défi est immense. Et c’est aussi à l’aune de ce nouvel environnement que France Culture peut se féliciter de parvenir à augmenter son audience sur toutes les tranches d’âge, mais en particulier chez les jeunes, chez les 13-34 ans. Parce que si on augmente, j’allais dire notre audience sur toutes les tranches d’âge, c’est le cas aussi sur les jeunes, sur les 13-49 ans par exemple, sur la dernière audience, dernière vague de Médiamétrie, on avait une progression de 20 % sur un an et sur les 13-34 ans de 37 %, c’est tout à fait exceptionnel. Alors, pour y parvenir, Emmanuelle, il y a évidemment plusieurs leviers. Premièrement, la multiplication des canaux par lesquels nos contenus sont diffusés. Je pense évidemment aux réseaux sociaux qui aujourd’hui sont en fait autant d’antennes numériques, d’une certaine manière, Facebook, Instagram, YouTube, Tik Tok, par exemple. Un réseau social dans lequel France Culture a investi très tôt et de façon massive. Mais lorsqu’on dit ça, il faut aussi penser que ce sont des réseaux sociaux qui ont chacun leur grammaire propre. Et donc il faut penser à comment on adapte, comment on décline justement ces contenus. Et puis, au delà de la question des canaux de diffusion, il y a aussi un effort constant, j’allais dire, mais là vraiment tout azimut, pour faire que nos contenus soient le plus accessible possibles, en maintenant bien sûr un niveau d’exigence, en continuant à aborder les sujets dans toute leur complexité, mais avec la pédagogie nécessaire pour éviter d’exclure des auditeurs qui pourraient avoir le sentiment qu’au fond ils n’ont pas les pré requis qui sont nécessaires pour saisir tel ou tel enjeu. Et puis, dernier point, mais je sais qu’on va en parler, donc je vais en dire juste un tout petit mot, mais il faut évidemment, et on le fait travailler, à imaginer des programmes spécifiques qui ont vocation à cibler particulièrement les jeunes. Et puis tout dernier, parce qu’on le voit peut être moins. Mais il y a également tout un travail de développement des publics et des jeunes publics en particulier, j’allais dire quasiment sur le terrain, avec des ateliers, des masterclass, des prix étudiants. Il y a Cannes qui vient de commencer. On aura bientôt le prix cinéma des étudiants qui sera remis là à Cannes. Et c’est 1700 étudiants qui ont voté. C’est colossal. On ne s’en rend pas toujours compte, mais c’est évidemment une mission de service public que nous sommes honorés de remplir.
Emmanuelle Daviet : Alors une forte progression chez les jeunes adultes et sur le numérique, puisque France Culture est la deuxième radio la plus podcastée avec plus de 570 000 auditeurs quotidiens, sept de vos podcasts figurent dans le top 30 Médiamétrie. De quels podcasts s’agit-il ? Donnez nous envie si on ne les a pas encore écoutés.
Florian Delorme : Alors je vais vous donner la liste. Mais c’est vrai que c’est une vraie spécificité de France Culture que de parvenir à placer autant de programmes dans ce top 30 des podcasts. Ça reflète évidemment la qualité de nos programmes, ça c’est évident, mais aussi cette grande diversité. Alors je vais citer « Le Cours de l’histoire » , « Les Pieds sur terre », « La Série documentaire », « La Science, CQFD », « Avec philosophie », « Les Matins », « Les Nuits », c’est à dire à la fois des documentaires, des magazines d’actualité, de l’histoire, de la philosophie, des sciences. Honnêtement, je pense qu’une telle diversité, ça n’existe nulle part ailleurs. Quand je vous dis ça, Emmanuelle, chacun des programmes dont je vous parle, c’est plus de 1,3 millions de téléchargements chaque mois pour « Les Pieds sur terre » et « Le Cours de l’histoire », c’est plus de 3 millions de téléchargements. D’ailleurs, « »Les Pieds sur terre », qui est un programme particulièrement prisé par les jeunes.
Emmanuelle Daviet : Et particulièrement prisés également par les auditeurs qui nous écrivent très régulièrement pour le dire. Nous évoquions il y a quelques instants Florian Delorme, les jeunes adultes. France Culture a lancé un podcast à destination de cette génération consacrée à la parole. Quel est l’objectif de cette nouvelle collection ?
Florian Delorme : Oui, un podcast intitulé « Ma parole » qu’on a lancé au mois d’avril, qui est disponible sur l’application Radio France et sur le site de France Culture. Au cas où on n’est pas tout de suite la référence. C’est un podcast qui propose une sorte d’entraînement avec les plus grands maîtres des discours. Dans chaque saison de cette collection, on a un spécialiste du discours qui décrypte cinq outils, cinq armes rhétoriques en s’appuyant sur un texte littéraire, sur une plaidoirie, un discours et évidemment, cette expertise acquise par son expérience tout à fait particulière dans l’éloquence. La première saison de podcasts « Ma parole », c’est comment convaincre avec Bertrand Périer, qui est un avocat, un grand spécialiste reconnu de l’art oratoire. C’est une série qui est réalisée par François Teste. Et l’objectif, est de donner aux plus jeunes les clefs pour prendre la parole au public, pour faire un exposé, pour un grand oral, pour débattre, pour raconter une histoire, pour déclarer sa flamme. Pourquoi pas aussi. Ça peut être utile.
Emmanuelle Daviet : Florian Delorme, vous avez sorti début mai, un podcast, un manga audio. Alors le manga est généralement lié au monde de l’image. C’est un univers plébiscité par les enfants, les adolescents, les jeunes adultes. Est-ce que ce choix affirme la volonté de France Culture de développer ses productions en s’adressant aux jeunes auditeurs ?
Florian Delorme : Oui, absolument. Il y a quelques semaines, Emmanuelle, le Centre national du livre, a publié une étude très intéressante qui soulignait le fait que la lecture était en perte de vitesse chez les 10/20 ans. Malheureusement, ce n’est pas un scoop, mais c’est une étude qui, en revanche, a indiqué quelque chose de très intéressant la moitié des livres lus par les 10-20 ans sont des mangas. Donc on s’est appuyé évidemment sur ces tendances et on a passé tout simplement commande à un auteur manga qui s’appelle Elie Olivennes. C’est donc le premier manga audio Doruido qui a été réalisé par Christophe Hocké qui a fabriqué avec l’équipe une œuvre originale exceptionnelle. Je l’ai écouté quelques jours, Je vous invite à le faire, C’est vraiment exceptionnel. C’est l’histoire d’un jeune garçon, Ayden qui est accompagné d’un « chacureuil » vous savez ce que c’est un « chacureuil » ? Moitié chat, à moitié écureuil et dont la vie se retrouve totalement bouleversée lorsqu’une araignée géante débarque dans son village et se met à attaquer tout le monde. Je vous laisse découvrir les cinq épisodes de 30 minutes enregistrés dans une ferme en Normandie, avec des bruitages incroyables. J’ai l’habitude d’écouter plein de fictions, mais là, vraiment, le travail est exceptionnel. C’est là qu’on voit aussi la qualité des gens qui travaillent ici, à Radio France. Doruido s’inscrit évidemment pleinement dans cette stratégie de développement, ouvrir l’offre de France Culture et évidemment aller chercher les plus jeunes.