Dimanche dernier, les reporteurs de guerre étaient à l’honneur lors de la remise des prestigieux Prix Bayeux qui récompensent les meilleurs reportages en zone de conflit. Des reportages aux risques souvent élevés, mais qui permettent de raconter et d’expliquer les tragédies de la planète. Beaucoup d’auditeurs s’interrogent sur le travail des reporteurs de guerre. Franck Mathevon, chef-adjoint du service Monde de franceinfo, de retour de Raqqa, en Syrie, leur explique au micro du médiateur.
Franck Mathevon a passé une quinzaine de jours en Syrie et en Irak, dont plusieurs sur le front de Raqqa, grande ville martyre que Daesh est en train de perdre.
Comment peut-on effectuer ces reportages ? Comment entre-t-on en contact avec les combattants ?
Il y a un circuit « officiel » au Nord-est de la Syrie contrôlé par les Kurdes (par les FDS : les Forces démocratiques syriennes) qui valident les demandes des médias et les aident sur les zones de combats.
Le rôle indispensable des « fixeurs »
Il s’agit de la personne qui va guider les journalistes jusqu’au front. Elle est également interprète, traducteur. Elle apporte une aide précieuse pour comprendre la situation sur le terrain et trouve les autorisations d’accès à certaines zones. Le fixeur est également un gage de sécurité, du fait qu’il connait les risques et les dangers du secteur.
Comment se déplace-t-on au milieu des ruines d’une ville parsemée de pièges ?
Dans les zones de guerre, la prudence est de mise ; les mines et les snippers sont les principaux obstacles, il ne faut donc pas prendre de risques inutiles.
Franck Mathevon était accompagné d’un technicien de reportage aguerri, Gilles Gallinaro. Un travail d’équipe ?
Un vrai plaisir de travailler ensemble. Gilles Gallinaro est précieux : il fait de la vidéo, il s’occupe des liaisons satellites et a une âme de « journaliste ».
Quelles ont été les plus grandes difficultés à Raqqa ?
Les difficultés sont notamment d’ordre logistique. Les déplacements sont très compliqués ; chaque jour, nous faisions une dizaine d’heures de voiture pour aller sur le front et en revenir.
Dans quel « état » rentre-t-on de ce reportage ?
L’image la plus marquante : une ville détruite, dévastée, une ville fantôme vidée de ses habitants, une population martyre…