Pour en parler au micro de la médiatrice Emmanuelle Daviet, Florent Guyotat, Directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo et Franck Ballanger, journaliste à la Rédaction internationale de Radio France

Emmanuelle Daviet : Le 24 février dernier, les premières troupes russes envahissent l’Ukraine. Dès le lendemain, Franceinfo délocalise son antenne pour être en direct sur le terrain. Et depuis un an, la rédaction raconte et décrypte cette guerre. Florent Guyotat, comment s’organisent les journalistes et les techniciens pour couvrir cette actualité chaque jour ?

Florent Guyotat : D’abord, c’est une présence permanente. Depuis un an, il y a toujours eu au moins un envoyé spécial de Franceinfo en Ukraine. La plupart du temps deux, voire trois personnes. Donc ce sont des reporters de Franceinfo et également de la rédaction internationale de Radio France puisque vous savez que Franceinfo fait partie du groupe public Radio France. On se relaie pour qu’il y ait toujours quelqu’un sur place. Et il y a aussi, ne l’oublions pas, la présence des techniciens de reportage. Puisqu’on ne part pas seul en Ukraine, c’est un terrain de guerre, c’est dangereux, c’est parfois aussi difficile à supporter vu ce que l’on voit sur place. Donc toujours un technicien pour accompagner le reporter, pour l’aider à établir la liaison technique lors des directs ou des reportages qui sont effectués, pour aussi parfois réaliser des vidéos que vous pouvez voir sur notre site internet. Il y a aussi quelque chose d’important, on s’efforce bien sûr de relater la situation militaire, mais également de montrer que la vie continue avec des reportages comme celui d’Omar Ouahmane, la semaine passée sur FranceInfo, où on entendait des gens qui continuaient à danser dans un club de tango de la capitale, Kiev.

Emmanuelle Daviet : Florent Guyotat, quel dispositif est prévu pour marquer cette première année de guerre en Ukraine ?

Florent Guyotat : Bien des reportages tout au long de la semaine prochaine, à commencer par le choix de Franceinfo chaque matin à 8h10. On va essayer de comprendre en cinq épisodes les conséquences de cette guerre en Ukraine. Évidemment, on va parler de la situation militaire, mais pas que. On va voir les conséquences aussi dans le domaine de l’agroalimentaire, la montée des prix, avec un choix réalisé par notre spécialiste agriculture, Guillaume Gaven. On ira aussi notamment en Pologne, pays limitrophe de l’Ukraine, qui a accueilli depuis un an des milliers de réfugiés. On va voir comment tout cela est géré sur place. Et puis vendredi prochain, nous délocaliserons notre antenne en Ukraine avec Marie Bernardeau, qui présentera de nombreuses séquences en direct de Kiev tout au long de la journée, depuis la matinale jusqu’au 21h/00h accompagnée de tous nos reporters et d’Agathe Mahuet, notre reporteure qui a vécu deux mois à Kiev au bureau d’information de Radio France dans la capitale ukrainienne et qui nous apportera son expertise sur ce qui a changé depuis un an dans ce pays.

Emmanuelle Daviet : Il y a une partie de cette population qu’il est également très important d’entendre, c’est la jeunesse ukrainienne. Franck Ballanger, vous revenez d’Ukraine, vous avez rencontré ces jeunes. Alors comment vivent les enfants, les adolescents et les jeunes adultes ?

Franck Ballanger : Ils vivent à peu près normalement, on va dire. Avec Thomas Sellin on a passé une quinzaine de jours à Kiev. C’est important de le préciser, parce que la vie à Kiev n’est pas la vie à Bakhmout ou à Kharkiv. Donc à Kiev, dans la capitale, la jeunesse essaye de vivre entre coupures de courant et restrictions, couvre feu. Elle essaye et elle y parvient quand même parce qu’on s’est rendu compte, nous, en essayant de coller au plus près de cette jeunesse qu’elle arrive à vivre. Elle arrive à aimer, elle arrive à avoir des objectifs, des espoirs, des envies. Et ça, c’est ce qui nous a un petit peu bouleversés, nous, pendant cette quinzaine de jours passés à Kiev.

Emmanuelle Daviet : Ils arrivent à se projeter dans l’avenir en poursuivant leurs études, leur scolarité normalement ?

Franck Ballanger : Oui, avec un passage obligatoire, c’est battre la Russie dans cette guerre. Donc oui, ils arrivent à se projeter. Mais d’abord, il y a cet objectif là qui revient partout. On sent un attachement viscéral à la Nation désormais en Ukraine parmi la jeunesse, parce que ceux qui ne combattent pas au front, eh bien, ils participent à l’effort de guerre en travaillant dans l’associatif, en plus de leur travail. On a vu une jeunesse concernée par l’avenir du pays.

Emmanuelle Daviet : Alors cette jeunesse, vous lui avez tendu votre micro ? Très concrètement, que pourront entendre les auditeurs ?

Franck Ballanger : Cinq podcasts avec des thématiques aussi variées que l’amour, la mort, l’école. Dix vidéos aussi sur les réseaux sociaux. Et puis un long format sur le site de Franceinfo. Donc beaucoup, beaucoup de matière. Avec une particularité là, on parle de numérique en fait. C’est la première mission numérique que FranceInfo et la rédaction internationale de Radio France ont envoyé en Ukraine sur un territoire de guerre. Et voilà, on est absolument ravis d’avoir participé à cette aventure.

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