Comment les journalistes peuvent-ils parler de « crime passionnel » quand un mari a tué sa femme ? C’est comme si on excusait la violence et le meurtre perpétré par l’homme.
Jean-Philippe Deniau, journaliste, explique le sens du mot.
Un crime passionnel est un crime, souvent un meurtre, dont le mobile serait une querelle sentimentale. 9 fois sur 10 le terme est employé pour parler d’un mari jaloux qui tue sa femme car il a constaté ou a eu l’impression qu’elle lui était infidèle ou parce qu’elle s’est séparée de lui ou en a eu l’intention. L’expression sous-entend que l’auteur du crime aurait une circonstance atténuante.
Une expression longtemps utilisée dans le code pénal
Jusqu’en 1975, le meurtre était dit « excusable » lorsqu’il était était commis par un homme qui aurait surpris sa femme en flagrant délit d’adultère au domicile conjugal. Depuis cette notion de crime passionnel n’existe plus et tuer son compagnon ou sa compagne de vie est une situation aggravante et non atténuante. Cependant, le récit journalistique peut donner une touche romanesque au crime commis.
Peut-on le remplacer par « meurtre conjugal » ?
C’est une expression plus neutre. Mais pourquoi ne pas simplement abandonner l’idée de trouver une expression au lieu de simplement faire le récit des faits.
L’expression de « crime passionnel » peut avoir un sens dans un procès et donc être employé. Les jurés vont devoir prendre en compte la façon dont l’accusé se positionne par rapport au crime pour l’écrire dans la motivation de leur verdict et il ne sera pas forcément faux de retenir la thèse du « crime passionnel ». Par exemple, un homme qui, après avoir tué sa femme par jalousie, se présente avec beaucoup de regrets et d’excuses.
En février Bernard Cerquiglini expliquait le sens du mot féminicide.