2016-2017 : une année riche à l’écoute des auditeurs
Depuis la rentrée de septembre 2016, c’est évidemment la politique qui a dominé le gros de l’actualité. D’abord, la politique internationale avec l’élection de Donald Trump. Un certain nombre d’auditeurs ont reproché tout au long de l’année aux rédactions de critiquer en permanence le nouveau président américain ; je réponds simplement qu’il est difficile de rester indifférent au populisme dangereux et incroyable de Donald Trump, et surtout à ses mensonges et ses contre-vérités. Or, les journalistes sont là, eux au contraire, pour transmettre des informations exactes et vérifiées.
Et puis, évidemment, année très politique en France… Et des milliers de messages adressés au médiateur… Beaucoup de messages très très intéressants et pertinents communiqués aux rédactions et à leur direction.
Peut-on sentir des tendances, des attentes nouvelles de la part des auditeurs ?
Tout-à-fait. Par exemple, le ras-le-bol d’entendre en permanence les mêmes « vieux » hommes politiques rabâchant les mêmes « vieux » discours. René, un auditeur qui se définit lui-même comme un « vieux », souhaite « entendre de nouvelles voix politiques, mais aussi des spécialistes, des politologues plus jeunes ».
Et des femmes… Un souhait, une revendication très juste présente dans de nombreux messages. Plusieurs auditeurs ont même calculé le nombre de femmes invitées dans certains rendez-vous sur franceinfo ; et le constat est implacable : la parité a encore de gros progrès à faire. Alertée, la direction de la rédaction a adressé des remarques aux journalistes concernés.
D’ailleurs, à propos de la parité, du sexisme, je voudrais saluer l’excellente collaboration entre le médiateur et le Comité diversité de Radio France ; depuis plusieurs mois, nous travaillons ensemble à faire évoluer les mentalités et les antennes à partir des messages des auditeurs.
D’autres évolutions souhaitées par les auditeurs ?
Oui, je sens aussi, par exemple, que beaucoup d’auditeurs ont de plus en plus de mal à supporter les polémiques permanentes, les petites phrases qui ne font nullement avancer les réformes ou la situation de chacun. Il y a notamment cette critique qui revient souvent : pourquoi vous complaisez-vous dans le négatif, dans les critiques permanentes, dans le « tout va mal » ? Comme nous l’écrit Sandrine : « Pourquoi parle-t-on si peu de celles et ceux qui font avancer les choses, qui se battent pour des projets sans se plaindre en permanence, qui se tournent vers les autres, plutôt que de se refermer sur eux-mêmes ? ». Même si l’actualité n’est pas toujours très joyeuse, il y a certainement un effort à faire pour présenter des actions positives et constructives. C’est ce que l’on appelle aussi le « journalisme de solutions ».
Dans ce sens, l’agressivité, la cacophonie et le « buzz », sans intérêt constructif, des émissions politiques me valent de très nombreux messages. Mais je sais que des choses pourraient changer à la rentrée.
Le médiateur est donc écouté, et plus exactement les auditeurs ?
Exactement… J’ai vraiment la chance, ou disons plutôt que les auditeurs ont la chance d’être écoutés par les responsables, mais aussi les équipes qui sont à l’antenne. Chaque semaine, je rédige une lettre d’informations. Elle reprend les remarques, les réactions, les questions des auditeurs. Lettre que j’adresse à tous les responsables de Radio France, du PDG aux directeurs des chaines, des programmes et des rédactions. Cette lettre apportant beaucoup d’informations qui permettent d’améliorer la qualité des antennes, d’indiquer les attentes des auditeurs, la Société des Journalistes de Radio France, les syndicats de journalistes, de même que Mathieu Gallet, notre PDG, m’ont demandé si je pouvais également rédiger une lettre d’information destinée cette fois directement aux journalistes, aux producteurs et aux animateurs. C’est fait depuis janvier dernier et je sais qu’elle est très lue, notamment par les journalistes.
Mais le médiateur reçoit aussi des réactions parfois violentes à son égard…
C’est vrai. Du genre « vous êtes la voix de la direction ; vous n’êtes pas médiateur ». Non, non, je suis bien la voix des auditeurs et, aussi, médiateur. Mais tous les auditeurs qui m’écrivent n’ont pas forcément raison. Je suis donc là aussi pour faire la part des choses et expliquer des choix éditoriaux, des contraintes techniques ou légales, ou encore appeler régulièrement à la tolérance et à l’acceptation d’avis ou d’opinions qu’on ne partage pas.
Il y a aussi cette remarque « Vous ne servez à rien »… Cela vient souvent d’auditeurs qui ne supportent pas un sujet d’actualité ou un journaliste et ils voudraient ne plus les entendre. Et là, je réponds que franceinfo s’adresse à des millions d’auditeurs qui ont tous des centres d’intérêts différents ; on ne fait donc pas la radio d’un seul auditeur.
Il y a également les auditeurs qui me reprochent de ne pas leur répondre personnellement. Nous recevons environ 3 000 messages par mois. Il est matériellement et humainement impossible de répondre à tous. Ce qui est sûr, c’est que je les lis tous. Pour certains, il y aura une réponse personnalisée, pour d’autres, une réponse plus détaillée dans un article publié sur le site du médiateur et sur les réseaux sociaux. Il y a aussi ce Rendez-vous avec vous, Olivia, qui apporte des réponses. Mais le plus important reste que vos réactions, vos commentaires, vos questions soient relayés au sein de Radio France. Un gros travail effectué chaque jour par la toute petite équipe du médiateur que je tiens à remercier après cette saison aux journées longues et chargées : Catherine Cadic et notre étudiante en alternance, Juliette Fayollet. Merci à elles et merci à vous, auditrices et auditeurs, pour vos remarques et vos questions.