L’émission « Le téléphone sonne » posait hier jeudi la question suivante : « Féminicides : les hommes mâles dans leur peau ? ». A l’occasion de la manifestation #NousToutes samedi pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes, voici un condensé de messages d’auditeurs.
J’ai plusieurs sœurs dont deux ont subi des violences dans les années 90 et une autre des violences sexuelles de son mari, il y a 4 ans. Elle a porté plainte juste après et rien, il reste au-dessus des lois. Ma sœur est détruite à 60 ans… de quoi être dégoûté du système judiciaire, les divers avocats, homme ou femme, lui ayant tranquillement ponctionné son argent durement gagné pendant toute une carrière elle aussi détruite. Je suis heureux que cette prise de conscience ait eu lieu sur les ondes mais c’est difficile d’admettre l’impunité.
Ce serait trop dur d’avoir une voix normale si je témoigne par téléphone. J’aurais pu être un agresseur fatal. Une fois dans ma vie : ma culture d’adolescent m’a sans doute fait comprendre de travers la liberté sexuelle, notamment, je pense, à travers mes 14 ans en 68, et des pièces de théâtre de marivaudage vues ensuite, tout cela sans dialogue familial à ce sujet tabou.
signature et téléphone ci dessous;
« J’ai vraiment pensé qu’une fois marié, la liberté conjugale était un consensus sociétal.
Mais dans la vraie vie, ça n’a pas du tout marché comme ça ; ma première femme m’a certes offert deux beaux enfants, mais aussi une immense frustration sexuelle : 43 ans, je me revois encore, en relief et en couleurs, la supplier de m’accorder au moins un rapport sexuel par semaine, mais cela ne l’intéressait pas (j’ai obtenu par la suite des témoignages qui confirment ça). C’était son droit. On a divorcé au bout de 11 ans.
Même si ça a été mieux avec mes autres compagnes, j’ai toujours porté cette frustration toute ma vie d’adulte, et ça a bien failli me mener à un acte terrible un soir de printemps, une colère terrible, une seule fois, il n’y a pas eu de coup; mais je sais que si ce soir là j’avais eu un objet à ma portée, je l’aurais lancé contre elle.
C’est très soulageant de savoir que mon témoignage peut être partagé ce soir, parce que je me doute que mon cas n’est pas unique.
Si vous le racontez, j’aimerais que vous partagiez aussi mon avis sur les chroniques humoristes à ce sujet qui reviennent pesamment et quotidiennement sur votre antenne (et d’autres sans doute); Pour moi, cela fait partie du harcèlement sexuel, et je pense que c’est propice à frustrer et donc à entraîner des réactions comme la mienne ou pire .
Ceci dit bravo et merci France Inter, pour l’ensemble de votre oeuvre . D’ailleurs, on n’y entend plus de récit de crime dans les émissions nocturnes…
Je suis un homme de 24 ans.
Pour moi la position des hommes dans le féminisme implique plusieurs points centraux :
Calmer son égo et ne pas se sentir attaqué personnellement des qu’on fait une remarque sur les hommes. Ne pas être l’enieme mec a faire un « not all men » Sur un témoignage ou quand une femme parle.
Croire les victimes par défaut. Ne pas les forcer a se justifier. Personne n’a envie de devoir decrire précisément son agression pour qu’on accorde de l’importance a son témoignage.
Apprendre l’humilité et a rire de soi.
Apprendre à se taire.
Et c’est un processus difficile mais nécessaire, comprendre que la déconstruction n’est pas un diplôme mais un processus qui ne s’arrête pas a partir du moment où on a coché certaines cases.
J’ai signé des pétitions contre les violences sexuelles et sexistes. Et lorsqu’au bout de plusieurs mois j’ai reçu un message m’indiquant que désormais le mouvement s’appelait NOUS TOUTES et que les manifestations auraient lieu derrière une bannière « nous toutes ». J’ai senti une exclusion très violente des hommes et je la regrette. Donc je me suis désinscrit en expliquant pourquoi et n’ai jamais eu de réponse. Dommage…
Je vis un paradoxe car je suis tout à fait scandalisée par l’irrespect des femmes, je souhaite que les choses changent pour mieux éduquer nos enfants. Mais je dois aussi admettre que j’ai parfois la crainte d’une société où les relations sont aseptisées déshumanisées avec le goût de l’interdit pour tout. Est-ce un progrès ou bien est-ce un échange de progrès ? On respecte mieux les femmes mais on choisira sur catalogue.
Merci pour la qualité de vos émissions : il me semble qu’il y a un petit aspect du problème qui n’est pas abordé encore mais qui me semble crucial et qui est moins que les hommes commencent à « s’y faire » au respect des femmes que la radicalisation des échanges entre les personnes au sujet de « ce monde qui change ». Les prises de position sont de plus en plus dures en réalité. Que ce soit dans le déni ou dans le mépris ou dans la revendication d’une transformation nécessaire. Je suis frappée ainsi par les tonalités très emportées des échanges entre collègues, entre « amis » Facebook, à la télévision, dans tous les lieux publics. Que ce soit du côté de la compromission avec le vieux monde ou du côté de l’hyper-attention aux faux pas misogynes et prédateurs. Personnellement, il y a des choses maintenant que je ne supporte plus d’entendre par exemple alors qu’auparavant je n’éprouvais que du mépris pour des propos sexistes et misogynes : aujourd’hui je ne supporte plus. A l’inverse, je perçois aussi un ras le bol des hommes ( et aussi de quelques femmes) à propos des revendications et des nouvelles exigences pour les femmes et par les femmes. J’en conclus provisoirement que les combats vont s’intensifier et devenir plus compliqués encore.
J’ai 66 ans et ai connu mai 1968 . Engagé auprès du MLF et aussi du FHAR, j’ai pris ma place il y a bien longtemps et je m’assume comme féministe.
Ma vie sexuelle est épanouie et partagée sereinement avec la plupart des compagnes que j’ai eues… Mais j’ai observé au sein des jeunes générations une scission entre populations jeunes filles et garçons … Plus de valeurs partagées (hormis les pratiques smartphone..) Ces postures ont contribué à créer une rupture de relations au niveau des jeunes adultes qui ont du mal à se retrouver …
Il est vrai qu’il y a peu d’hommes dans le milieu féministe mais nous avons été interdits, à juste titre, dans l’histoire. Pour exemple en 1973 j’ai voulu adhérer au MLF et j’ai eu un refus au motif, justifié, que si un homme en était, ce serait lui l’interlocuteur. Je n’ai donc rien lâché et me suis déclaré « égalitariste » avec écoute. Les choses évoluent positivement et je fonce !
J’en ai un peu assez du procès intenté aux hommes. Attention ! Tous les hommes ne sont pas des salauds. Je suis enseignant et j’entends parfois des propos sexistes dans la bouche de collègues féminines. « Ingénieur, c’est pas un métier de femme ! »
Les choses bougent. Mes fils dénoncent toutes les pubs sexistes diffusées à la télé. Mon plus jeune a choisi de faire un exposé sur les violences faites aux femmes à toute sa classe de CM2. Il attend les décisions prises par le Grenelle et qui seront annoncées le 25. Il ne faut rien laisser passer dans l’éducation des enfants. Je reprends tous les hommes qui ajoutent « la petite »devant le prénom d’une femme. C’est une lutte quotidienne. Et si les hommes sont de plus en plus nombreux à dénoncer le sexisme, les choses vont bouger. Je veux y croire.
Merci pour ce sujet! Je suis maman de 3 garçons et mon aîné est un jeune homme de 21 ans et les deux autres st adolescents. En tant que mère nous avons un rôle fondamental éducatif pour le respect simple et sain. Je suis heureuse de voir qu’ils sont féministes et à l’aise dans leur parole. Le meilleur témoignage est celui de ma jeune belle fille qui nous a dit nous les parents. Merci vous avez contribué à ce que mon amoureux soit un super mec!!
Françoise Héritier disait « il faut anéantir l’idée d’un désir masculin irrépressible ». Pour moi, c’est l’un des pré-requis absolus : comment faire pour faire bouger les choses ?
La méchanceté et l’agressivité ne sont pas des gènes. A partir de là, je crois qu’il faudrait modifier surtout les sources de violences que reçoivent nos enfants, nos jeunes, et nos moins jeunes par les dessins animés, les films, les jeux vidéos, les réseaux, dans lesquels le choquant prend le dessus sur le respect. Remettons de la morale et du respect dans nos images, et il me semble que nous pourrions réapprendre le « vivre ensemble ». Merci beaucoup pour votre intervention à ce sujet que j’estime pitoyable, pathétique, immonde…. Nous ne devrions pas avoir à parler de féminicide. Notre société est bien triste.
Je suis totalement pour l’égalité et la complémentarité des sexes sur tout les points. Les violences physiques masculines sont évidemment intolérables, mais qu’en est il des violences morales et verbales féminines qui peuvent aussi en être en cause mais non visible!
Je ne comprends pas qu’on en soit à traiter ce sujet en 2019 surtout par ce biais : former les hommes ? c’est une question de respect de l’autre avant tout… Mon mari n’a jamais eu de parole encore moins de geste déplacé (né en 1953)? Ai-je « tiré » le bon numéro ?
Petite j’ai été en colère quand en grammaire on m’a appris: LE MASCULIN L’EMPORTE SUR LE FÉMININ. Que pensez vous de la loi de proximité à la place ?