« Depuis quelques temps, des appels à l’aide venant de nombreux domaines des services publics – des hôpitaux aux tribunaux – interrogent les Français. Au-delà des particularités de chaque administration, y a-t-il des raisons communes au malaise des agents et salariés de nos services publics ? » sujet du Téléphone sonne du 3 juin. Des auditeurs témoignent :
C’est avec un grand soulagement que j’ai ENFIN entendu sur votre onde une émission horriblement trop courte sur la thématique de la dégradation généralisée du service public, qui est aussi une dégradation généralisée de la République, de la démocratie, de la santé des agents qui œuvrent pour défendre des valeurs. ENFIN ce que je vois depuis des années et qui enfin fait apparaitre des liens et des logiques communes entre justice, enseignement, journalisme, collectivités locales, université, impôts…. Vous ne devez pas en rester là, s’il vous plait créer un contenu plus vaste à cette thématique, une audience plus détaillée, j’ai ressenti le caractère inédit de cette émission que j’ai spontanément transmis à toutes les personnes que je connaissais, car ça concerne tout le monde, il est crucial de mettre en visibilité cette situation… merci à vous
Pourquoi l’enseignement supérieur est-il toujours oublié (des journalistes et de vos invités de ce soir 🙂) ?
N’est-ce pas là le signe d’un certain mépris du savoir de l’université publique ? Comme si seules les grandes écoles méritaient d’être considérées…
Eddy, Professeur d’université (12 ans d’études, lauréat du concours de l’enseignement supérieur, gagnant moins en fin de carrière que ce que gagneront mes étudiants une fois diplômés)
Je souhaite compléter les interventions en cours, sur un aspect : l’effet domino. Quand un service public est en difficulté, ça a un impact sur le service d’à côté. Ex. 1 personne, malade, est en arrêt maladie. La CPAM, en difficulté, met des semaines ou mois à prendre en charge. La personne se tourne vers le CCAS et le département pour être aidée financièrement, pour manger, garder un toit. Elle va mal, avec la situation, accepte d’être soutenue psychologiquement et a besoin de soins complexes : pas de psy, pas d’urgence. Etc. Le service d’à côté a plus de travail car le 1er n’est pas en mesure de répondre, etc. De plus, le travail perd de sens : j’instruis une demande d’aide financière car le caf, la CPAM ou autre n’est pas en mesure de verser les prestations aux habitants. Et les usagers des services publics craquent, parfois violemment, quand ils rencontrent enfin quelqu’un, après des heures avec des répondeurs…. Témoignage anonyme.
Je voudrais attirer votre attention sur le service public de l’aide juridictionnelle complètement noyé. Il y a de plus en plus de demandes (j’ai vu ça en 13 ans) et de moins en moins de gens pour traiter les demandes. Dans les Hauts de Seine, il faut des MOIS pour obtenir une décision. Imaginez une femme victime de violences qui sera plaignante à un procès et/ou qui veut divorcer. Rien ne se déclenche tant qu’un avocat n’est pas désigné. Le procès peut être reporté plusieurs fois. La dame ne peut pas assigner en divorce etc. Imaginez une personne qui ne peut plus payer son loyer, un parent qui ne voit plus ses enfants, une personne licenciée etc.
Le délabrement des services publics vient des politiques d’austérité menées depuis des décennies mettant en places des restrictions budgétaires ! En respect des traités de l’UE
Enseignant contractuel en anglais depuis 1999 d’abord dans l’éducation nationale et depuis 2 ans dans l’enseignement agricole, je ne suis guère étonné du recours massif à ce type de contrat. Je suis en effet beaucoup moins couteux en CDD (autour de 1500 par mois) qu’en tant que titulaire. Vu que le coût est le seul souci, CQFD.
Le service public pour les étrangers. En tant qu’écrivaine publique indépendante intervenant dans les administrations, j’assiste au quotidien à la mort à petit feu du service public. Dans tous les domaines : fin des interlocuteurs, réponses en ligne inadaptées, silence des administrations. Et j’en passe.
Bonsoir Inter, service « encore public » ?
ça a commencé au début des almées 2000, le partage des industries de réseaux comme le groupe qui comprenait France Télécom Orange, TDF, Radio France , l’ORTF etc …
Puis
EDF et GDF mis à l’encan avec la demande et la complicité objective des organisations de consommateurs qui pensaient en introduisant les renards dans les poulaillers combattre des « monopoles » pour les remplacer par des entreprises concurrentes !! illusions, ils n’arrivent plus à comparer toutes ces offres fluctuantes et illisibles !!
On vous épargnera la SNCF où la séparation des rails et de ce qu’on y fait rouler a conduit à la négligence de l’entretien des réseaux et des gares désormais vides ou vendues.
On na parlera pas non plus des autoroutes aux tarifs astronomiques.
Alors que maintenir un pouvoir régalien aurait permis à l’État de garder la main sur les tarifs et les choix économiques.
Mais …. La haute fonction publique (et les diplomates) pensait à échapper à ces décisions folles qu’ils avaient mises en place avec zèle jusque qu’à ce qu’ils passent aussi à la moulinett(e …..
Je vois le sujet sur le malaise des fonctionnaires mais c’est toujours les mêmes les professeurs les infirmiers etc. pensez s’il vous plait à ceux qui travaillent dans les nombreuses collectivités territoriales et à qui on charge de mettre en œuvre la transition écologique mais sans moyen ni soutien de la part de leurs élus parfois. Nous aussi on subit des malaises et un ras le bol général…
Ca fait au moins 40 ans qu’on entend seriner « Il y a trop de fonctionnaires ! », alors que la population augmente, M. Sarkozy a décidé de ne pas pas remplacer un fonctionnaire sur 2.
C’est le genre « d’économie » qui coûte (et va) coûter cher. Il doit bien y avoir une étude sur le bon ration fonctionnaire/habitant. Et rappeler au passage que les impôts servent justement à payer les services « non rentables » mais indispensables !les bibliothécaires aussi sont fonctionnaires
On parle beaucoup de l’hôpital, de l’école, de la justice et on parle peu des « petits services publics » qui n’en sont pas moins essentiels. Ceux qui devraient faire rêver et qui pourtant peinent à recruter car ils deviennent de plus en plus difficiles à exercer.
Je suis bibliothécaire en Seine-Saint-Denis et les bibliothèques sont des lieux d’accueil universels et sans condition, comme l’a affirmé la 1ère loi sur les bibliothèques publiques votée fin 2021.
Aujourd’hui, être bibliothécaire ce n’est pas seulement proposer des contenus culturels, c’est aussi accompagner des habitants dans leurs démarches administratives, garder les enfants des parents qui ne peuvent plus payer le centre de loisir, permettre à des sdf de rester au sec les jours de pluie….
C’est ça le service public et on a beau y croire et être convaincu du sens de son action au service des publics, ce n’est pas facile tous les jours.
Arrêt du New Public Management ! On a de l’administratif à tous les étages, mm les profs passent de plus en plus de temps à remplir des tableaux, des fiches, des procédures, etc. Impression qu’on doit le faire pour partie pour justifier le poste de certaines strates administratives rajoutées et un encadrement intermédiaire qui s’entasse dans les bureaux et n’est JAMAIS sur le terrain (effet Qualiopi notamment) … bullshit jobs ?
ON VEUT DU TEMPS POUR NOS ÉLÈVES ! RÉAFFECTATION DES MOYENS SUR LES VRAIS MÉTIERS UTILES DU TERRAIN ET STOP À LA DÉRIVE COMPTABLE ET ADMINISTRATIVE… EN ÉDUCATION COMME EN SANTÉ !
De nombreux points communs dans l’éducation Nationale avec le témoignage de la 1ère auditrice infirmière : des tâches administratives et numériques démultipliées, une charge de travail augmentée et une injonction de flexibilité et d’adaptabilité aux réformes, aux nouveaux outils (sans aucune formation), un manque de reconnaissance de la hiérarchie comme de la société, un pouvoir d’achat qui baisse, …
Je suis agent de la FPT depuis les années 90.
Nous perdons depuis des années le sens des choses.
A force d’être méprisé par les élus et dénigrés, nos métiers dits d’experts sont totalement mis de côté.
Les élus sont pétrifiés par leurs finances, les départs ne sont plus remplacés mais les projets ne cessent d’augmenter.
Nous devenons esclaves de la collectivité, des couteaux suisses. Nous sommes épuisés. Et la population laisse faire alors qu’elle voit bien l’état dans lequel nous sommes.
Je savais pourquoi j’étais entré dans la fonction publique maintenant nous sommes entre le marteau et l’enclume. Entre des injonctions contradictoires permanente.
Personne n’en parle depuis des années mais savez-vous que 70% des aides-soignantes de l’hôpital public (qui comprend ses EHPAD) sont sous contrat CDD mois par mois et pendant plus de deux ans sans espoir de stagérisation !!!! comment travailler dans ces conditions ??
La raison du malaise a fait l’objet de recherche en Sciences Humaines : Ce phénomène appelé « le tournant gestionnaire » est bien connu et décrit depuis les années 1990. Il a d’abord touché les grandes entreprises privées puis a contaminé les institutions publiques comme l’hôpital. Ce mouvement profond a progressivement sapé le collectif de travail de ce service public. Le mal est fait et la situation est très grave car un collectif de travail ne se décrète pas. Il faudra des années pour le reconstruire et réussir à le transmettre entre les générations.
En tant qu’enseignante je peux donner deux raisons pour lesquelles la fonction publique n’est pas aimée ou valorisée. Or le fonctionnaire fait fonctionner au sens noble du terme.
–Ces métiers sont improductifs = ils ne produisent pas d’argent. Ni l’éducation, ni la santé, la justice, ni la culture. Mais ce qu’ils produisent n’a pas de prix.
–les encadrants sont vus comme des produits de consommation courante et cela depuis des années. Alors j’apprends aux élèves dont je m’occupe que l’énergie, le temps et le savoir sont précieux que cela a un coût. Inviter à respecter la personne qui transmet le savoir, donne son énergie, son temps, donne de sa personne, renvoie au propre respect de l’élève. Ceux qui donnent et ceux qui reçoivent sont précieux de façon tout à fait égale. Leur énergie et leur temps sont précieux. On sort ainsi d’une vision consumériste de l’humain.
Ce qui pourrait être amélioré indépendamment de ce dialogue nécessaire : les chefs d’établissement managent leurs écoles comme une entreprise. Comment équilibrer l’administratif nécessaire et la connaissance inégalable du terrain de ceux qui pratiquent ?
Définitivement les humains ne sont pas des objets.
Je suis titulaire de la fonction publique territoriale, dans une ville de la région parisienne, directeur de la santé. Le découragement me saisit depuis plusieurs mois : plusieurs éléments y concourent : la perte permanente de compétences par les départs en retraite, la formation superficielle des agents administratifs y compris des cadres de catégories A, l’impression que l’on en demande toujours plus à ceux qui aime et qui sont investis dans leur travail. Mais cela a une limite : celle du temps de travail et de notre fatigue et puis finalement celle aussi du manque de considération y compris financière et de prise en compte des solutions de terrain par des structures désincarnées qui nous gouvernent. Je dis bien structures car les plateformes et autres procédures informatiques nous ont totalement usés.
Le dernier exemple en date applicable depuis le 1er juin : la déclaration de décès à domicile et l’établissement du certificat par internet ! je vous laisse imaginer le médecin, la famille éplorée, la police systématiquement requise dans ce cas-là, le Maire et il faut ouvrir une plateforme avec code d’accès et renseigner le certificat de décès de cette façon-là ! et tant que le médecin ne fait pas cela, pas de permis d’inhumer !
Bref, les agents publics n’en peuvent plus de nager en pleine incohérence.
Bien cordialement et tout de même motivé pour continuer
Je ne comprends pas pourquoi personne ne parle des origines législatives de la perte d’attractivité reprochée ce soir à la fonction publique. La loi du 6 août 2019 de la transformation de la fonction Publique, la loi 3DS et d’autres expliquent pourtant la possibilité de privatiser tous les services actuellement publics, l’augmentation du recours aux contractuels, les restructurations successives pour remplacer l’humain par le numérique… Il semblerait que tout cela soit dans un but européen…L’actualité juridique de la fonction publique en explique sa dégradation et je trouve dommage que ni les médias ni l’opposition ne parlent de ces lois…J’aimerais entendre des acteurs publics parler de tout ça… Informer les Français de ces textes législatifs me paraît primordial et pourtant je n’entends jamais rien à ce sujet…