Ce mardi 13 septembre le Comité d’éthique a rendu public son avis sur la fin de vie. Il juge possible une aide active à mourir strictement encadrée. A la suite du Téléphone sonne ce 13 septembre et du Grand entretien de France Inter ce 14 septembre avec Jean-Francois Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), immunologiste et ancien président du conseil scientifique, les auditeurs ont réagi. Des réactions à lire ici :
J’envisage ma fin de vie comme j’avais intellectualisé le droit à disposer de mon corps, le droit à l’avortement.
Bien entendu, après une réflexion éclairée, très éclairée, sachant que je n’ai pas décidé de naître, ma fin de vie m’appartient. Elle n’est qu’un épisode de ma vie ; la mort, c’est la vie AUSSI.
Donc, sans enlever de droits à quiconque, je souhaite ardemment qu’une loi viendra dans la plus grande empathie, pour réussir une fin de vie.
J’ai vu ma mère, qui avait demandé elle-même la sédation, agoniser pendant 3 jours et longues nuits, les enfants étaient autour d’elle…ce fut indigne, alors qu’elle avait eu une vie digne toute sa vie.
Une loi, pour l’Humanité jusqu’au bout de la vie.
J’ai écouté votre émission et je me suis reconnu dans un témoignage. Mon père s’est retrouvé à 84 ans dans une situation de coma suite à une pathologie respiratoire. Il était aussi diagnostiqué maladie de Parkinson. Il n’était plus autonome. Vers la fin il a été placé dans un service de gérontologie. La médecin nous a expliqué que sa mort était une question de jours. Les « soins » ont consisté à cesser de nourrir mon père, voire de l’hydrater. Tout en maintenant de la morphine. On nous a assuré qu’il ne souffrait pas. Il est décédé rapidement mais j’ai trouvé cela très violent. J’ai considéré cela comme une absence de soins. Merci pour vos émissions.
Ma mère est décédée l’année dernière après 3 interminables semaines en soins palliatifs dont 15 jours sans alimentation. On nous a dit qu’il était impossible de savoir quand elle allait mourir : 1 semaine, 2, 3, plus peut-être. Quel délai devient tenable ? On nous a dit qu’elle ne souffrait pas. Physiquement elle était sous morphine, psychiquement ? Elle n’aurait jamais voulu ça mais n’avait plus l’esprit assez clair pour exprimer quoi que ce soit. Il a fallu la regarder se décomposer dans un dernier combat complètement vain. Malgré la gentillesse de l’équipe, nous avons eu beaucoup de colère, le spectacle devenait obscène et irrespectueux.
Merci de cette réflexion si importante sur l’euthanasie et la fin de vie.
Toute loi doit certes savoir évoluer, c’est sa caractéristique puisqu’elle émane des besoins de la société.
Pour autant, je peux témoigner que quand la loi Clayes Leonetti est appliquée correctement, la fin de vie peut se vivre de façon apaisée.
Mon mari est décédé, il y a 5 ans d’une dégradation de pathologies chroniques. Pris en charge en soins palliatifs durant 2 mois, il avait écrit ses directives anticipées, nous en avions beaucoup parlé, il a bénéficié d’une sédation profonde quand cela a été nécessaire et avec son accord. Tout s’est passé dans un climat apaisé…
Infirmière de formation, je demande également à tous mes concitoyens de bien réfléchir à ce qu’ils demandent aux professionnels de santé lorsqu’ils souhaitent une légalisation d’euthanasier.
Je suis convaincu que ce débat est nécessaire en France, il arrive pourtant très tard quand on regarde les autres pays européens. A titre personnel je suis Française et j’habite en Suisse ou chez nous cela est légal est normal. Le droit à mourir dans la dignité doit être un droit ! Je vis cette situation car ma maman souffre d’un cancer du cerveau en Stade 4, nous avons remué ciel et terre pour qu’elle puisse partir dans la dignité en France mais mis à part la loi Leonetti qui est limite il n’existe rien et le faire dans un autre pays européen est vraiment très coûteux et ça n’est pas notre pays !
Pour l’instant je n’ai pas de maladie grave avérée mais je suis totalement pour le suicide assisté qui est moins traumatisant pour la famille qu’un suicide par pendaison ou autre moyen.
Je crois que notre vie nous appartient et qu’on devrait pouvoir être aidé pour y mettre fin quand on le souhaite. Arrêtons de bavarder, prenons en compte le souhait de chacun lorsqu’il est librement exprimé.
Ma mère a souffert le martyre avec le cancer du pancréas elle voulait en finir avoir le droit à une fin de vie digne on l’a tenu à l’hôpital en vie jusqu’à l’insupportable.
Un point fondamental dont on ne parle jamais qui est complètement tabou et que les pharmaciens sont contre la fin de vie car ça représente une partie de leur chiffre d’affaires qui disparaît et de la même façon pour les hôpitaux et cliniques c’est une manne (qui en plus n’engage pas leur responsabilité face aux soins car les patients partiront les 2 pieds devant, c’est du benef sans risque)
Voilà bien longtemps que nous attendons une évolution de la loi qui accorde une vraie liberté de choisir sa fin de vie.
Que je sois malade ou pas, je veux pouvoir choisir le moment ou ma vie s’arrêtera. Quand je vois tous ces Ehpad remplis de personnes dont la vie n’a plus de sens (conscient ou pas) montre a quel point notre société est en retard sur le sujet de la mort et du sens de la vie.
En Espagne et au Portugal (sociétés encore plus imprégnées de culture chrétienne) ont compris cela. Il est temps (urgent) que la France évolue.
Attention, il ne s’agit pas de choisir pour « le compte de », mais de laisser chacun, en conscience choisir.
Mon époux, atteint de la maladie de Charcot, a eu recours à la loi Léonetti dans une unité de soins palliatifs d’une petite ville bretonne il y a quelques années. Je ne remercierai jamais assez l’équipe de cette unité pour son écoute, sa bienveillance et son professionnalisme. Malheureusement, toutes les personnes atteintes de cette cruelle maladie n’ont pas accès à ces soins et à la possibilité de bénéficier à la loi Léonetti.
Pourriez-vous aborder aussi le problème de l’exclusion une fois de plus des moins riches voire des pauvres de la possibilité de mourir dans la dignité ?
Un ami qui s’est penché sur le sujet m’a dit qu’aller en Suisse coutait 15 000 euros.
Même chose que pour l’avortement « autrefois ». Seules les femmes de la bourgeoisie pouvaient le faire.
Vous dites se donner le temps ? mais le temps certains ne l’ont pas.
Et comme pour la planète, depuis combien de temps se donne-t-on déjà le temps ??
Comment le CCNE ne peut-il pas prendre en compte que beaucoup de français se rendent à l’étranger pour bénéficier des dispositions de la fin de vie alors que personne ne vient en France pour bénéficier de la loi Leonetti ?