Franck Mathevon, directeur de l’information internationale de Radio France répond aux questions des auditeurs au micro d’Emmanuelle Daviet
Emmanuelle Daviet : Comment poursuivez-vous la couverture de la guerre en Ukraine ?
Franck Mathevon : Alors, la guerre en Ukraine, ça reste notre priorité à la rédaction internationale. Et pour couvrir au mieux le conflit, on a même décidé d’installer un poste provisoire à Kiev. C’est le cas depuis le 1ᵉʳ novembre. On fait partie des rares médias qui ont fait le choix d’avoir un poste dans la capitale ukrainienne. C’est Agathe Mahuet, une reporter de Franceinfo justement, qui tient ce poste actuellement. On va organiser en fait des rotations de deux mois avec d’autres reporters des différentes chaînes de Radio France et de la rédaction internationale. On a pris toutes les dispositions. On loue un appartement avec un bureau. On a fait en sorte que ce logement soit relativement central, qu’il ne se situe pas à un étage élevé. Pour des raisons de sécurité. On sait qu’il peut y avoir des coupures de courant. Par exemple, s’il y avait un ascenseur, ce ne serait pas une bonne idée. On a fait en sorte aussi que l’immeuble soit doté d’un abri. Ce bureau dispose même d’un générateur électrique. Et puis évidemment, ça c’est important, de tous les équipements de sécurité nécessaires. Agathe travaille avec un fixeur traducteur. C’est un Ukrainien qui a un bon réseau et qui connaît très bien notre travail de journaliste radio. Et puis, quand elle se déplace près du front, sur des terrains qu’on peut considérer comme dangereux, même si Kiev, on le sait, est dangereuse. La capitale a été prise pour cible par des tirs de missiles ces dernières semaines. Eh bien, dans ces cas là, un technicien part de Paris pour rejoindre notre reporter. C’est le cas par exemple en ce moment, Gilles Gallinaro est parti en Ukraine aux côtés d’Agathe Mahuet pour travailler dans la région de Kherson, cette ville qui a été récemment libérée par les Ukrainiens. On a une autre journaliste pigiste en permanence en Ukraine, pigiste donc, qui ne fait pas partie des effectifs de Radio France. Elle s’appelle Maurine Mercier. Elle travaille essentiellement pour Radio France et nos confrères de la Radio Télévision Suisse. Et puis évidemment, selon l’actualité, on peut être amené à envoyer des reporters en Ukraine ou dans d’autres secteurs. C’est ce qu’on a fait cette semaine en Pologne. La Pologne qui a été prise pour cible par un missile, ce qui a fait craindre d’ailleurs une escalade du conflit. J’ajoute qu’on fait partie des médias qui ont la chance d’avoir un correspondant permanent à Moscou, Sylvain Tronchet. Et c’est très important aussi pour nous pour avoir une couverture complète de la guerre.
Emmanuelle Daviet : Vous indiquez qu’il va y avoir une rotation de journalistes pour ce bureau à Kiev. Est-ce que les candidats sont nombreux ?
Franck Mathevon : Oui, on peut s’en étonner, mais à Radio France, il y avait beaucoup de candidats pour aller à Kiev, pour passer deux mois sur le terrain, pour couvrir ce conflit au plus près. Il s’agit tout simplement d’accomplir en ce moment sa mission de journaliste et je pense qu’il y a beaucoup de candidats à Radio France pour ça.
Emmanuelle Daviet : Il y a ce poste à Kiev, vous êtes présent sur le terrain, en coulisses à Paris. Quels sont les moyens déployés pour relater ce conflit ?
Franck Mathevon : Alors oui, à Paris aussi, Emmanuelle on est mobilisé sur cette actualité. D’abord, beaucoup de nos reporters sont allés sur le terrain en Ukraine. J’y suis moi-même parti. On suit tous les développements diplomatiques ou économiques liés à cette guerre, par exemple la guerre de l’énergie. Vous savez, la hausse des prix du gaz qui frappe toute l’Europe. On suit ça à Paris et avec nos correspondants à Bruxelles, à Berlin, à Rome. C’est aussi précieux pour nous d’avoir une correspondante désormais à Istanbul. Marie-Pierre Vérot. C’est un nouveau poste qu’on a mis en place en septembre. Ça nous permet de suivre par exemple au plus près l’accord sur les céréales en mer Noire, qui est supervisé par la Turquie. Et puis à Paris, on a deux précieux collaborateurs en ce moment une traductrice ukrainienne, Anna Ognyanyk et un journaliste russe en exil, Denis Kataev qui travaille aussi pour le média indépendant Dojd. On en a déjà parlé avec vous Emmanuelle. Tous deux nous aident à couvrir la guerre, à recueillir des témoignages, à faire des traductions, tout simplement. Et ils sont essentiels pour la couverture de la guerre en Ukraine aussi.
Emmanuelle Daviet : On termine avec le podcast consacré à l’Ukraine, le centième épisode est sorti cette semaine. Un travail d’analyses, de collecte de témoignages, très apprécié par les auditeurs, voici un message : « Je remercie les journalistes participant au podcast Guerre en Ukraine. C’est un travail fondamental qu’ils réalisent. Ce podcast m’accompagne depuis le début de la guerre. J’aime suivre les correspondants, entendre leur désarroi, la difficulté de rendre compte de scènes terribles. ».
Tous les messages reçus sur ce podcast sont très élogieux, que vous inspirent ce retour des auditeurs ?
Franck Mathevon : C’est très gratifiant. On est très fiers de pouvoir proposer ce podcast à nos auditeurs. C’est un podcast qui est aujourd’hui présenté par Isabelle Labeyrie, que les auditeurs de Franceinfo connaissent bien. Elle tient tous les matins la chronique « Le monde est à nous » sur l’antenne et son travail est d’échanger avec nos reporters sur le terrain, nos correspondants, nos experts à la rédaction internationale pour proposer deux fois par semaine, le lundi et le jeudi désormais un condensé en quelque sorte de notre couverture de la guerre. L’objectif, c’est d’être sur le terrain et puis d’archiver, je dirais, cet événement historique. C’est le seul podcast. C’est important de le signaler à Radio France qui est porté simultanément par toutes les chaînes. C’est piloté par notre équipe, la rédaction internationale. Et puis on va poursuivre cette couverture pendant la guerre en Ukraine. Je pourrais même préciser qu’on souhaite que ce podcast s’arrête finalement assez rapidement. Ça signifierait sans doute la fin du conflit.