A l’écoute de France Inter nous avons le sentiment que la réforme des retraites est déjà entrée en application, et on nous explique ce qui va changer.
C’est consternant : faut-il rappeler que les débats, les amendements, les votes à l’Assemblée nationale et au Sénat ne sont pas encore réalisés ?
Faut-il rappeler que l’ensemble des organisations syndicales, une majorité des habitantes et habitants de notre pays sont opposés à cette réforme ? Un fort mouvement social est à venir. Tout cela on semble l’ignorer à France Inter en nous présentant cette réforme comme déjà arrêtée, comme une évidence, fatale, et que toute opposition serait inutile. Ce n’est pas du très bon journalisme.
Je suis très étonnée que les journalistes de Franceinfo présentent régulièrement le projet de réforme des retraites comme un fait acquis en utilisant des formules telles que « les Français devront travailler plus ». Un traitement correct de l’information demande une formule telle que « le gouvernement propose de faire travailler les Français plus longtemps ». En présentant la réforme comme un fait acquis, on peut considérer que c’est un traitement tendancieux de nature à décourager les auditeurs opposés à ce projet.
En écoutant vos journalistes qui parlent ou essaient d’expliquer ce que le gouvernement veut mettre en place pourquoi est-ce que presque TOUS emploient le FUTUR et non le CONDITIONNEL ?
Il faudrait leur rappeler que la loi n’étant toujours pas votée, il faut employer le conditionnel.
Le futur de l’indicatif nous incite à croire que tout est déjà joué. Ce qui n’est pas le cas.
Décidément on croit rêver en écoutant France Inter ou en consultant son site sur lequel on peut lire : « Congé parental, carrières courtes, décote : la réforme des retraites améliore-t-elle la situation des femmes ? »
Non on ne nous dit pas « améliorerait » mais « améliore ».
Pour France Inter, les jeux sont faits : la réforme est votée, validée, en l’état du projet non amendé.
Et le mouvement social à venir ? Quel mouvement social ?
Misère du journalisme de communication gouvernementale.
Je reviens sur le traitement de cette « réforme » des retraites qui s’apparente nettement plus à une régression sociale. En effet, les journalistes qui interviennent dans les bulletins d’information semblent tous, ou presque, considérer que les choses sont faites et participent ainsi à la démobilisation des Français, hostiles dans leur grande majorité (74 %) à cette réforme, et à une forme de conditionnement psychologique voulu par le gouvernement. S’il y a nécessité d’une réforme et, beaucoup en conviennent, ce n’est pas celle de Macron que nous voulons qui pénalise, une fois de plus, les salariés ayant eu les carrières les plus difficiles et les jeunes, sans mettre à contribution les plus aisés sans cesse favorisés depuis 2017. J’espère que les chaines du Service Public organiseront des débats contradictoires afin d’informer et d’éclairer les Français sur ce sujet hautement sensible.