Comme fervente auditrice de France Culture, il m’arrive néanmoins d’être dépassée par certains sujets, de ne pas avoir la force de vous suivre dans votre exigence de qualité, ou même de travailler et de ne pouvoir entièrement me concentrer sur vos programmes. En de telles circonstances, j’apprécie beaucoup des radios comme Radio Classique qui ne me font pas sortir de ma zone de confort et m’offrent un programme musical harmonieux, sans bavardages, sans prêche culturel. La pub ne me concernant pas, elle entre par une oreille… Or, donc, j’ai trouvé cette chronique totalement injuste à l’égard des vieux, des blancs, des bourgeois qui ont tout de même le droit de se laisser aller de temps à autres lorsqu’ils ne veulent pas relever de défis culturels, mais simplement se délasser…Mais, n’ayez crainte, je vous écoute beaucoup.

Lucile Commeaux vous répond :

Chers auditeurs, 

A tous les auditeurs qui se sont sentis blessés par ma chronique sur Radio Classique du 27 novembre dernier, je tiens à préciser que mon propos n’allait pas à l’encontre des auditeurs de cette antenne et que son objet n’était pas de porter préjudice à la réputation d’un média, quel qu’il soit. Mon propos décrivait un enchâssement de la culture musicale dans tout un appareillage (journaux, magazines, publicités) politiquement orienté. 
Ma chronique, qui s’appelle d’ailleurs à juste titre “Regard culturel”, propose une vision subjective, et n’a pas vocation à être un lieu d’enquête ou même d’information journalistique. Il s’agit bien davantage d’humeur, de vision subjective – d’où mon emploi répété du pronom “je”, et la référence permanente à mon expérience singulière. Je parle chaque matin en critique, avec ce que cela suppose d’humour et d’engagement. 
Quoi qu’il en soit, et comme vous le dites d’ailleurs vous-mêmes dans vos courriers, vive la radio, et vive toutes les radios ! Je vous remercie de nous écouter et d’avoir pris le temps de me faire part de vos réactions. 

Lucile Commeaux 


Le hasard a voulu qu’auditeur habituel de Radio Classique à 8h30 (environ) je me sois connecté sur France Culture à cette heure-là, il y a deux jours, pour entendre Lucile Commeaux donner son sentiment sur Radio Classique. C’était étrange. Une sorte de pudeur retient les fabricants de Camembert de donner leur avis sur le Saint-Pourçin, mais pas les chroniqueuses de France Culture de dire ce qu’elles pensent d’une radio privée (et concurrente). Je résume son opinion : Lucile n’aime pas Radio Classique. Ni les chroniques, ni les annonceurs, ni le ton ni la forme. Et surtout, elle n’aime pas les programmes. Trop de musique classique. Trop de mâles blancs, morts. Pas assez de cheffes. Pas assez de diversité. Pas assez de LGBT connu(es) ou inconnu(es). Bref, la radio réac dans toute sa splendeur. Ça tombe bien, puisque moi j’écoute France Culture. Je l’écoute depuis exactement cinquante-cinq ans (je suis un vieux mâle pas mort). A chaque génération, je m’attends à ce que les chroniqueurs m’ouvrent l’esprit. Certains l’ont fait et le font encore (pas les mêmes), très bien. D’autres pas et m’encouragent plutôt à me renfermer comme une huître sur mes préjugés de vieux con… confronté à ceux des jeunes.

C’est avec perplexité que je vous ai entendue parler de Radio Classique comme d’une radio ne diffusant que de la « musique blanche occidentale » ; et de citer Bach, Mozart, Beethoven, Schubert, et autres, ces musiciens qui deviendraient aux oreilles des auditeurs de cette chaîne des agents publicitaires du capital… (Ah, Staline, reviens-nous !!!)
J’ai moi aussi lu (parcouru) l’article sur AOC, pas en entier car je n’ai pas d’argent à lui donner (l’abonnement a un coût que seuls des bobos bourges peuvent débourser) … J’ai été aussi perplexe qu’en vous écoutant en lisant, comme vous le répétez, que la musique de cette radio aurait une couleur de peau (blanche), un sexe (masculin), des privilèges (de classe).
Ce que j’aime dans la musique, c’est justement qu’elle a d’autres mots que les mots usuels et ne dit pas de bêtises (je parle de la musique que j’aime écouter, excluant les musiques lourdes et bavardes comme celle de Wagner et d’autres propagateurs de la toute-puissance pour qui tous les moyens sont bons).
Vous introduisez au sein du pays de la musique apaisante, réconciliée, du conflit, de la concurrence, voire du mépris, et une consigne sous-jacente, en tout cas, moi, j’entends : ah, auditeurs, écoutez France Musique, c’est bien mieux, pas de pubs, des airs contemporains, du monde entier, une radio du « service public » (ha ha ha) !
La radio, je l’allume et l’éteins à mon gré, j’écoute aussi toute sorte de musique sur YouTube (j’en ai bloqué la pub), sur ma platine… et des CD choisis.
Les auditeurs ne sont pas si bêtes et si incultes que vous le dites. Ils savent se nourrir à des sources variées plus ou moins avariées, la vôtre, de source, n’étant pas plus pure qu’une autre.
Car France Culture nous arrose de propagande : ce que nous devons écouter, penser, regarder. Plus de débats, une censure à tous les étages que vous n’avez peut-être même pas conscience de pratiquer. Et vous tancez une radio qui ne fait ni mieux ni moins bien avec les mots du dictionnaire que celle où vous officiez et qui à quelques heures du jour et de la nuit parfois me fait découvrir des morceaux inconnus merveilleux de musiciens célèbres et moins.
Vive la musique belle et silencieuse, de quelque bouche qu’elle sorte !

Je suis un homme de 68 ans, fils d’un chauffeur de benne à ordures, et amateur de musique classique. J’ai été positivement effaré de la chronique de Madame Lucile Commeaux sur Radio Classique, radio qui n’aurait d’autre but que de diffuser une culture « bourgeoise », « conservatrice » et « blanche ». Ce wokisme est indigne de France Culture, qui pourtant doit obéir à une charte, dont on parle en ce moment. Le discours de cette journaliste qui se laisse emporter par son idéologie, n’est pas tolérable sur une radio de service public.
Merci de veiller à tenir des propos nuancés et non pas vindicatifs. A l’heure actuelle, il n’est pas bon de dresser un groupe humain contre d’autres.

Il y aurait beaucoup à dire sur cette chronique consacrée à Radio Classique, caricaturale, bien sûr. Mais franchement, faire semblant de découvrir que Radio Classique est une radio traditionnelle, écoutée par un public traditionnel, plutôt à l’aise et plutôt âgé…
Le plus gênant, tout de même, est que cela ressemble nettement à du mépris de classe. Au regard porté par une classe  »cultivée et ouverte » sur une classe  »bornée et réactionnaire » (donc forcément  »de droite »).
Et comme chacun sait, France Culture et France Musique sont écoutées par un public populaire et avant-gardiste !

Je suis un peu navrée de ce que j’ai entendu au sujet de Radio Classique ce matin qu’il m’arrive de n’écouter que très rarement pourtant. Bien qu’elle appartienne à un grand groupe, ce que je regrette car sachant qu’elle peut être sujette à une certaine forme de censure ou disons d’orientation.
Il y a bien longtemps déjà, lorsque ennuyée par France Musique, il m’arrivait de zapper sur Radio Classique c’était déjà le même état d’esprit. OK, la pub est un peu ennuyeuse je ne me sens pas concernée par les placements, et je n’ai pas du tout l’intention de voter « à droite ». Je suis une espèce de bourgeoise néo-classique par la force des choses plutôt à gauche, et sans m’y complaire, j’y trouve une certaine satisfaction à ma situation. (Je précise que j’ai une petite retraite de secrétaire et que je ne me sens pas appartenir à une classe bien définie) Cette intervention est indigne de vous. Va-t-on critiquer KTO pour ne s’adresser qu’aux catholiques, Radio Orient pour ne s’adresser qu’au musulmans, MOUV pour ne s’adresser qu’aux jeunes, France Culture pour ne s’adresser qu’aux vieux cons nantis etc. etc. Le ton condescendant sous couvert d’humour manque de la dignité et de l’impartialité qu’on souhaiterait voir de mise sur une chaine comme la vôtre?
Bon, assez de fiel. J’aime France Culture et je souhaite qu’elle garde classe et impartialité.

Je vous écoute bien souvent, mais pas toujours. J’écoute quelques émissions de France Culture assidûment, d’autres à l’occasion. J’écoute parfois France Inter, le dimanche surtout ; j’écoute Europe 1, le dimanche aussi avec « balades en France » ou l’interview de Sonia Mabrouck. Et, j’écoute Radio Classique. Beaucoup. A force d’écouter certains animateurs ou animatrices, on éprouve un sentiment d’affection pour eux, presque malgré nous. Ce matin en entendant la chronique de Lucile Commeaux, j’ai été blessée comme quand on critique un(e) ami(e) devant moi. N’y-a-t-il rien à faire sur votre chaîne à une heure de grande écoute que de critiquer les autres chaînes ? Jusqu’à dénoncer les choix publicitaires d’une chaîne qui en vit, quand on peut se permettre le luxe de se passer de publicité ? Jusqu’à présenter Radio Classique comme un ramassis de suprémacistes réactionnaires s’adressant à d’autres suprémacistes conservateurs… Vous êtes deux chaînes différentes, les auditeurs n’ont pas besoin des conseils pour le percevoir. Merci de vous abstenir de nous dire ce que nous devons écouter, merci de respecter vos concurrents.

Je voudrais comprendre l’intérêt sur l’antenne de France Culture de la chronique “Le Regard Culturel” de Lucile Commeaux du 27/11, au titre éloquent : « Radio Classique, musique de droite ? ». Si la chroniqueuse a l’honnêteté de nous préciser que son intervention part du commentaire d’un article du site AOC (dont la couleur politique aura certainement peu de chance d’être interrogée par Mademoiselle Commeaux), elle fait preuve d’une certaine mauvaise foi en posant cette question orientée. Sous couvert d’une défense de la musique qui, par les choix de programmation de la chaine incriminée, serait réduite à un bruit de fond pour vendre le modèle bourgeois du groupe LVMH, il s’agit de commenter un article qui révèlerait le secret caché de la couleur politique de Radio Classique (pas la bonne pour les Matins de France Culture apparemment) et ses conséquences pour la musique. Est-il nécessaire d’être anthropologue pour entendre que l’atmosphère générale de Radio Classique n’est pas celle de la mixité à tout crin, ni de la mondialisation idéalisée ou de la foi aveugle en le progrès ? Ses animateurs et chroniqueurs (Guillaume Durand, Franck Ferrand, Christian Morin, etc.) ne brillent par l’affirmation de leur gauchisme ; l’auditeur visé par la programmation —et donc les publicités— apparait rapidement comme un boomer à la retraite confortable plutôt qu’un adolescent vissé sur TikTok ou un chômeur de longue durée. Pour ses prochaines chroniques Lucile Commeaux aura-t-elle besoin de la caution d’autres sites d’intellectuels pour la pousser à découvrir que Radio Notre-Dame n’est pas favorable au mariage pour tous, et qu’en écoutant Charline Vanhoenacker elle a des chances d’entendre des blagues plutôt de gauche ? Il semble évident à l’écouter que pour être du bon côté de la barrière il ne faut en aucun cas assumer ses positions si elles sont de droite. Que diffuser les classiques du classique démontre un élitisme phallocrate et racisant, et que dénoncer l’existence d’une classe sociale privilégiée (de droite donc) constitue un devoir. Message à peine caché derrière un semblant de défense de la musique elle-même, qui serait malmenée par cette vision étroite et mercantile propre à la droite. Mademoiselle Commeaux estime utile de nous dire qu’elle a un rendez-vous chaque semaine (chez le psy ? Le dermatologue ? Nous ne saurons pas, mais devrons sans doute comprendre que c’est la preuve d’une qualité…), elle pourrait aussi réfléchir à des sujets qui nous éclairent véritablement, avec l’esprit critique dont elle sait faire preuve lorsqu’elle regarde des œuvres d’art avec sa subjectivité. À moins que ce soit le rôle de France Culture d’alerter les auditeurs sur les radios à éviter pour cause d’incompatibilité idéologique, auquel cas il faudrait voir à modifier le jingle qui nous rebat les oreilles toute la journée sur l’esprit d’ouverture… Je pourrais comprendre — évidemment ! — la dénonciation d’un message douteux, à caractère haineux ou raciste mais il s’agit là simplement de dénoncer l’orientation politique d’une radio qui semble ne pas aller dans le sens du vent de France Culture.

Madame, permettez-moi de m’étonner de votre intervention de ce matin au sujet de l’antenne Radio Classique. Au cours de votre chronique, vous avez évoqué le risque que cette radio soit « mortifère ». Je suis attristée que vous ne puissiez imaginer que l’on soit capable d’aimer ce que vous n’aimez pas. La base de la vie en société est pourtant, selon moi, d’apprendre à respecter les êtres humains dans la différence de leurs inclinations respectives. J’ai une haute idée de votre métier, qui n’est certainement pas l’art de faire détester à quelqu’un ce qu’il aime. Je profite de ce message pour remercier votre radio France Culture, que j’écoute quotidiennement avec un immense plaisir, d’éveiller notre curiosité et notre émerveillement, de susciter nos recherches et de faire aimer de nouvelles choses insoupçonnées jusqu’alors.

C’est avec grand plaisir (un peu moins depuis octobre, l’actualité étant saturée par les sujets abominables) que j’écoute Les Matins.
Toutefois, la rubrique, le regard culturel, de ce matin, sur Radio Classique pose problème.
Dieu sait qu’il y a beaucoup de choses à critiquer sur cette radio, dont les postures politiques brunes sont difficilement supportables pour des gens qui apprécient réellement la musique classique.
Ne parlons pas de l’insupportable concert de Noël vendu depuis septembre sur les ondes.
Mais ironiquement, ce n’est pas ça qui est reproché dans la chronique. Parce que cela aurait supposé d’écouter la radio en question un peu plus de 5 min.
Critiquer la publicité (là aussi, ciblée, agaçante, pénible) ? Facile sur une radio qui n’a pas de publicité. Dans les faits, toutes les radios qui « vivent » de la publicité subissent ces méfaits. C’est une radio pour les vieux, un peu aisés… parce que ce sont eux qui écoutent le plus du classique… et qu’ils ont suffisamment d’argent pour acheter les produits vendus dans les publicités. C’est un fait.
Critiquer le choix des programmes composés de musiques classiques « bien comme il faut » ? Lorsque l’on voit France Musique (vos collègues) qui parlent plus de musique qu’il n’en diffuse, c’est compliqué. Il semble d’ailleurs que la musique soit un peu oubliée de la grille de France Culture, mais c’est peut-être pour ne pas polluer la visibilité de France Musique.
Mais pour en revenir à Radio Classique, c’est oublier un peu vite que la surreprésentation de certains compositeurs Gershwin, Satie, Schubert etc. est d’abord un choix de programmation. Un truc étrange qui fait que l’on choisit ce que l’on diffuse en fonction de ses goûts, et non d’une représentativité supposée. Au passage, on notera que parmi ces compositeurs trop fréquemment diffusés, il y a une certaine Clara Schumann. Oui, une femme. Quel scandale !
Et que les auditeurs de Radio Classique ne sont pas trop là pour écouter autre chose, en fait. Sauf quand ils sont là pour ça, par exemple pour le Jazz avec, par exemple, On The Wilde Side.
Critiquer le choix des présentateurs, bien blancs, bien mâles, c’est oublier qu’il y a beaucoup de femmes au programme. Et que (hélas), c’est représentatif du milieu réel du classique actuellement. Et que d’en tirer des conclusions raciales semi-voilées (c’est légal ça ?), c’est bien le signe d’une vision hors sol des choses. Alors que là aussi, on pourrait bien plus facilement critiquer les petites piques incessantes sur la mairie de Paris, sur l’entre soi de ce milieu, sur les présentateurs VIP qui ne connaissent que de loin la musique classique.
Mais voilà, ça supposerait de travailler un peu le sujet, et non de projeter ses a priori dessus. (…) Quelques précisions pour terminer : je ne suis pas parisien, je ne travaille pas pour Radio classique, je n’en suis qu’auditeur occasionnel (uniquement sur la partie musique, la partie politique m’insupporte) parce que cela reste, malheureusement, la seule radio qui diffuse plus de classique que de temps à en parler. Enfin, je ne suis pas totalement dans la cible marketing de la radio : ni riche, ni (trop) vieux.