L’ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac est de retour dans la vie publique, après avoir été condamné en 2018 pour fraude fiscale et blanchiment. Il a tenu plusieurs réunions publiques dans son fief de Lot-et-Garonne. Il était l’invité de Sonia Devillers ce 27 novembre sur France Inter. Vives réactions des auditeurs sur cette invitation.

Marc Fauvelle, directeur de l’information de France Inter, vous répond :

Chers auditeurs, chères auditrices,

Je comprends bien sûr que le choix d’inviter M. Cahuzac a pu provoquer des réactions chez certains de nos auditeurs. C’est parfaitement normal. Nous nous sommes posés, nous aussi, ces questions avant de lui proposer d’être interrogé par Sonia Devillers à 7h50. La révélation par Mediapart de son compte caché en 2013, son mensonge « les yeux dans les yeux » à la représentation nationale, puis sa condamnation en 2018 pour fraude fiscale ont été abondement traités sur notre antenne à l’époque. Il reste aujourd’hui encore un symbole d’une forme de défiance envers une partie de notre classe politique.

Par ailleurs, il a purgé sa peine, qui ne peut être synonyme d’un bannissement à vie me semble-t-il. Vu l’écho qu’a eu cette affaire sur la classe politique, il nous semblait légitime de l’entendre, à l’heure où il dit vouloir revenir sur la scène politique. Avait-il des regrets ? Est-il conscient d’avoir participé par ses mensonges à la défiance envers les gouvernants ? Et d’un point de vue moral, pense-t-il que les Français lui ont pardonné, au-delà de la décision de justice ? Sur tous ces sujets, Sonia Devillers l’a interrogé sans concession, sans compassion, et avec la pugnacité qu’on lui connaît.

Marc Fauvelle
Directeur de l’information de France Inter 

Sonia Devillers vous répond :

Chers auditeurs, chères auditrices,

Nous avons choisi de recevoir Jérôme Cahuzac car nous avons estimé qu’il a été jugé, condamné, qu’il a purgé sa peine et réglé ses dettes. Cela fait de lui, aujourd’hui, un citoyen comme les autres. Par ailleurs, je l’ai reçu sans jamais participer à une quelconque « opération de réhabilitation ». Au contraire, j’ai cherché à mettre un ancien élu et homme politique de premier plan face à ses responsabilités et face à ses contradictions et ce, sans concession.
La question sous-jacente à cet entretien était : peut-on revenir en politique avec un casier judiciaire ? Elle me semble intéressante en démocratie, surtout dans la période de défiance que nous traversons.

Sonia Devillers

Je tiens à vous dire que j’ai été… les mots me viennent difficilement…. surpris, estomaqué, abasourdi, écœuré, d’entendre Cahuzac ce matin sur votre antenne. Je suis fidèle depuis toujours de votre radio que j’écoute partout et en toutes circonstances. Mais là…. J’ai été…déçu. Comment justifier de porter le moindre intérêt à cet homme dont les propos étaient à vomir et qui ne mérite au mieux que l’oubli absolu…? Rien -me semble-t-il- ne justifiait qu’un quelconque média lui donnât la parole. Parole fielleuse, fourbe, insupportable, odieuse. J’ai cru que j’allais couper plutôt que de voir mon début de journée et mon amour pour Inter gâchés en ce début de journée qui commençait pourtant bien. Déçu, incrédule, dans l’incompréhension d’une telle tribune offerte à cet homme alors que tant d’autres paroles auraient mérité d’être entendues…

Je trouve absolument honteux d’avoir invité Jérôme Cahuzac. Je me pose des questions sur qui a donné l’ordre, pour quelle raison. Auditeur depuis plus de 40 ans de France Inter, je n’ai jamais été autant dégouté.

Nous sommes bien d’accord que, quelle que soit la sensibilité politique des auditeurs, les invités politiques de la matinale ne peuvent pas faire l’unanimité, et que quelle que soit l’énormité de ce qu’ils prononcent tous les matins, les journalistes n’en sont pas responsables. Cependant, il est absolument injustifiable de réaliser une interview de M. Cahuzac qui n’a ni mandat, ni appartenance politique. Il ne représente personne d’autre que lui-même et n’est pas particulièrement connu pour l’originalité de ses idées – plutôt par son conformisme avec toutes les positions de centre gauche. Dès lors, pourquoi l’inviter ? Certes, on ne peut pas reprocher la complaisance de l’intervieweuse qui s’est montrée particulièrement pugnace. Il me semble que cette pugnacité trahit le projet sensationnaliste de l’invitation. L’audience est sans doute au rendez-vous, mais à quel prix ? Celui d’avoir offert une tribune dans émission de grande écoute à un acteur politique discrédité qu’aucune actualité ne justifiait d’inviter. Faut-il rappeler que l’activité de journaliste politique dans un cadre démocratique implique déontologie et responsabilité ?

Ce n’est vraiment pas mon habitude d’écrire aux journalistes, mais l’invitation ce matin de Jérôme Cahuzac à votre antenne m’a laissé véritablement pantois… Ce n’est pas seulement que Jérôme Cahuzac ne devrait pas mériter autre chose que l’oubli – et que vous pourriez inviter à votre antenne toute une société civile active (par exemple dans la lutte contre la corruption !) qui n’attend qu’un micro pour faire connaître ses idées nouvelles et mobilisatrices… C’est aussi que cette invitation n’avait aucune raison d’être autre que « son retour médiatique » puisque, comme vous l’avez vous-même constaté, il n’avait absolument rien à dire, ni à proposer d’autre que sa réhabilitation médiatique… Autrement dit, de manière complètement auto-référentielle et circulaire, « l’actualité » de Jérôme Cahuzac est son … « retour dans l’actualité » … Outre l’opération de com à laquelle France Inter se retrouve à contribuer de fait, c’est aussi l’effet de bulle de « l’actualité médiatique » qui apparaît ici renforcé. C’est vraiment dommage.

Je suis extrêmement choqué par l’invitation de ce matin de Jérôme Cahuzac sur France Inter. Ce monsieur a été lourdement condamné, a un comportement aujourd’hui totalement immoral (je ne développe), n’a rien à dire, aucune conviction à présenter à défendre autre que de « vendre sa marque » et profiter de l’effet « vu à la télé, entendu à la radio » pour faire son retour public… et vous vous complaisez dans son jeu ! Il y 100 000 autres personnes plus intéressantes à inviter le matin pour aider à décrypter le monde, que vient faire Cahuzac le matin chez nous ? Pourquoi une radio du service publique se laisse avoir par ce piège médiatique ?

Est-il possible de savoir pour quelles raisons et à quel titre Monsieur Cahuzac a-t-il été reçu pour une interview sur France Inter le 27 novembre 2023 ? Son invitation est motivée par le fait qu’il « a fait son retour dans son ancienne circonscription en prenant la parole publiquement et en arpentant les marchés » (source radiofrance.fr). Est-ce à dire que n’importe quel citoyen rendant visite à une circonscription dans laquelle il a vécu est fondé à réclamer une interview ? Faut-il avoir été élu, et dans ce cas, un mandat local est-il assez considérable ? Faut-il parler en public, ou un échange privé avec un commerçant est-il suffisant ? Est-il nécessaire d’avoir été condamné pour fraude fiscale ? Je ne peux que m’étonner de l’opacité qui préside à une telle invitation, sauf à considérer que France inter est un rouage d’une opération de communication bien organisée destinée à préparer l’opinion publique à une future candidature. J’attends avec impatience les explications de la chaîne.

Un message pour vous dire ma stupéfaction en entendant ce matin Jérôme Cahuzac sur France Inter. Qui a pris la décision de le laisser s’exprimer sur votre antenne à une heure de grande écoute ? Quel sens cela a-t-il au vu de la défiance énorme des électeurs envers les politiques ? A la montée exponentielle des populismes ? J’ai malgré tout écouté et n’ai trouvé aucun intérêt à ses propos…. Ce personnage a purgé sa peine certes mais de là à se répandre dans les médias… Ne serait-ce pas un attrait malsain pour le buzz médiatique ? Je suis très déçue que ma radio préférée succombe à ce genre de tentation.

J’ai été très choqué d’entendre Jérôme Cahuzac sur notre radio publique, financée par nos impôts. Cet individu, fraudeur de haut vol, menteur et dénué de toute décence, bénéficie de votre antenne complaisante, pour ne pas dire complice, pour annoncer son retour en politique. C’est une honte absolue pour France Inter, un manque d’éthique grave.

Nausée matinale !
Tel le fils prodigue de retour, Jérôme Cahuzac nous explique doctement ce matin sur France Inter, le chemin de sa rédemption et combien, comme lui, chacun serait bien inspiré de faire un examen de conscience.
Ministre du Budget en charge de la lutte contre la corruption et l’exil fiscal tout en vous enrichissant par les mécanismes de fraude que vous étiez censé combattre : vous avez sali durablement votre honneur et votre morale, soit.
Mais, et c’est bien pire, c’est toute la crédibilité de l’action publique et la légitimité de la démocratie représentative qui ont été meurtries par le cynisme de vos agissements (et je ne parle pas du coup fatal porté aux forces progressistes et sociales démocrates dont vous vous réclamiez…).
Que votre condamnation ne soit pas perpétuelle c’est heureux!
Que vous trouviez dans la vie associative ou par d’autres moyens, le chemin du pardon, grand bien vous fasse !
Mais pourquoi ce besoin de revenir en place publique, et pire encore pour donner des leçons ?
Il n’était peut-être pas nécessaire qu’un grand média du service public vous déploie son tapis rouge ce matin…
…des sanctions ont été prises pour des blagues de bien moins mauvais goût!

Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant que vous aviez choisi de convier l’ancien ministre condamné pour fraude fiscale Jérôme Cahuzac, retiré de la vie politique depuis des années. Vous n’avez sérieusement pas trouvé mieux pour commenter l’actualité que ce délinquant sans mandat et honni des Français, mais persuadé de façon hallucinante qu’il pourra revenir en politique ? Il y a tant de personnalités de qualité qui pourraient être invitées, et vous choisissez ce personnage. Très déçu d’Inter, qui semble chercher le buzz plutôt que l’information de qualité.

Je réagis ce jour à l’entretien accordé à M. Cahuzac. Quelle était l’urgence ou l’importance supposée de donner la parole à ce monsieur ? Nombreux sont les sujets, nombreuses sont les personnalités (hommes femmes politiques, philosophes, sociologues…) qui permettraient de parler de sujets pertinents et passionnants pour éclairer le débat public… En lieu et place, un homme condamné à qui France Inter donne la possibilité de clamer « Me refaire confiance ? Ça c’est votre problème. » Probablement que l’audience a été au rendez-vous mais de mon point de vue France Inter participe à renforcer pour nos concitoyens la rancœur, le ressentiment, à maltraiter et déconsidérer la parole publique. Que France Inter à contrario continue à inviter des personnalités qui nous éclairent, qui nous instruisent, qui nous émeuvent ! Dans un contexte d’indigence du débat public, c’est de cela dont nous avons collectivement besoin.

Je suis scandalisé d’entendre ce matin la complainte de Jérôme Cahuzac et la publicité indigente que vous faites à cet homme, menteur professionnel de la république. Vous lui offrez une tribune pour rebondir au mépris le plus complet de tous ceux qui agissent loyalement en politique. N’est-il pas d’autres personnalités plus intéressantes, plus agissantes pour le bien de tous que ces éternels profiteurs, fossoyeurs de la politique et de l’action publique ? Cela ressemble trop à de la presse de caniveau, vous tombez bien bas.

Je viens de quitter France Inter pour France Culture ce matin à 7h50 lorsque a démarré l’interview de Jérôme Cahuzac. Ce retour est totalement indécent et dans bon nombre de pays européens, cela ne serait imaginable. Les médias ont une responsabilité et je ne comprends pas pourquoi France Inter le reçoit ce matin. Je ne doute pas que l’interview ne sera pas complaisante mais le simple fait de l’inviter en fait un sujet, là où ça ne devrait pas. Il s’agit donc bien pour France Inter de faire le buzz. Il ne peut pas y avoir d’autres justifications valables…il y a bien d’autres personnes à interviewer. Très déçue ce matin avec une légère nausée en entendant Cahuzac évoquer les champions de la morale qui ne devraient pas le juger…

Je suis profondément scandalisé par l’invitation, à une heure de grande écoute, l’invitation de Jérôme Cahuzac. Je ne crois pas que le rôle du service public soit d’inviter et de donner la parole à des repris de justice et à un homme qui concentre un si grand nombre de caractéristiques qui ont contribué à la défiance de la classe politique dans notre pays. A bon entendeur.

Ce matin je découvre que France Inter, radio de Service Public, rétribuée par nos impôts offre une tribune à un malfrat condamné par la Justice pour fraude fiscale et mensonge public !
Cet escroc peut donc en toute sérénité venir donner des leçons de morale avec morgue, arrogance et impudence le matin sur la radio et des millions d’auditeurs doivent subir cette infamie scandaleuse !
Ce types est amoral comme en témoigne son discours répugnant sur la morale et on le laisse parler, on l’invite à s’exprimer mettant un signe égal entre son délit et les trahisons de ses amis !!
Il ne semble pas avoir compris qu’il n’est qu’un bandit en col blanc mais un bandit condamné ! Puis on s’étonne de la défiance des Français pour les politiques !!! Il a un aplomb juste sidérant, malsain, indigne !
France Inter vous vous rendez complices en donnant la parole à un repris de justice !
Il a purgé sa peine, confortablement aménagée OK, qu’il poursuive sa vie en anonyme c’est largement assez ! Il n’est rien et vous contribuez à tenter de le réhabiliter sans l’espace public. Tout ceci n’est pas à la hauteur de ce qu’on attend d’une radio publique !

Inadmissible pour le service public de faire la courte échelle médiatique à un escroc qui veut se refaire une santé médiatique.
Inadmissible ! Honteux !

Je suis scandalisé par l’entretien de ce jour à 7h50 sur votre antenne de cet individu ; menteur, voleur, un des fossoyeurs de la gauche ; certes il a purgé sa peine comme il a dit souvent dans ses paroles ; mais France Inter peut se passer de donner l’antenne à ce triste sire.

Inviter Jérôme Cahuzac ce matin, donner la parole à cette personne rabaisse France Inter, que j’écoute depuis des dizaines d’années. C’est un manque de respect. Une honte. Je suis très déçu. Il y a des millions de français qui méritent l’intérêt des auditeurs et qui n’ont pas son passif. Réfléchissez !

Recevoir Monsieur Cahuzac, lui donner une tribune, quelle honte. Je l’écoute en ce moment, sa parole montre qu’il n’a pas changé. Pas un mot de regrets, d’excuses sur ses actes extrêmement graves. Il ose nous parler de morale. Honte à France Inter de donner la parole à un escroc, un menteur, un voleur qui a déshonoré la République, et n’a été condamné qu’à une peine légère de prison. Décidément France Inter manque de morale. Écœurant.

Honte à France Inter qui reçoit Cahuzac ce 27/11/2023, c’est à vomir.
Ce type est un boulet pour toute la politique et surtout la gauche.
Comment il a l’audace et le mépris pour se présenter aux français en parlant à France Inter ?
Oui ce qu’il a fait lui interdit de postuler à toute responsabilité politique !

Quel scandale pour notre radio de service public de promouvoir ce délinquant qui a bafoué la morale publique face à la représentation nationale. Quel intérêt France Inter a-t-il de participer à la relance de Cahuzac ? De plus, ce type est odieux. Il reste arrogant et donneur de leçons. Il n’a rien appris. Je suis tellement déçu de France Inter que je crois que je vais retourner à la matinale de France Culture.