Pour répondre aux questions des auditeurs, la directrice de France Culture, Sandrine Treiner, est aux côtés d’Emmanuelle Daviet

Nous avons reçu un certain nombre de messages au sujet de l’émission « L’Esprit Public » de ce dimanche 17 octobre 2021.
Un auditeur nous écrit : « Je suis surpris et heurté de la présence du ministre de l’éducation nationale dans ce débat sur l’assassinat de Samuel Paty et les interrogations sur la laïcité. Je ne crois pas que ce soit sa place dans une émission qui doit développer plus un esprit critique qu’un esprit courtisan. On ne peut pas être à la fois juge et partie. Je ne dénie pas à France Culture le droit d’inviter un ministre mais dans un autre cadre. »
Un autre auditeur ajoute « Je veux vous faire part de ma vive préoccupation, de mon inquiétude après avoir entendu « L’Esprit Public » de dimanche dernier. J’espère que la formule qui aura consisté à offrir une tribune à un ministre en exercice sera une parenthèse unique, sans lendemain. »

Sandrine Treiner : Je suis heureuse d’abord de savoir qu’ils sont nombreux à écouter l’Esprit Public. Nos auditrices et auditeurs s’en rappellent, il y a eu, il y a une vingtaine d’années je pense maintenant, une émission qui était une émission assez formidable sur France Culture, qui s’appelait « Le rendez vous des politiques ». Et qu’est-ce que c’était ? « Le rendez-vous des politiques », c’était l’idée qu’il y avait un dialogue à avoir avec le monde politique, une discussion, voire un débat, voire des querelles à nourrir entre le monde intellectuel, le monde de la recherche et le monde politique. Et « le rendez vous des politiques », c’était ça. Plusieurs producteurs célèbres de France Culture ont animé cette émission qui faisait se rencontrer, discuter, débattre des intellectuels et des hommes politiques. Et à l’occasion de cette commémoration grave de l’assassinat de Samuel Paty, nous avons eu envie d’essayer quelque chose que nous n’avons pas fait depuis longtemps. D’ailleurs c’était présenté comme ça : que c’était une émission exceptionnelle et qu’on allait voir ce qui se passait quand des intellectuelles, et en l’occurrence à l’Esprit Public il y a des intellectuelles qui sont traversées par la question de la laïcité, de la transmission Monique Canto-Sperber, Dominique Schnapper, etc. sont tout sauf des courtisanes. Et en aucun cas, il n’y a eu d’exercice de courtisanerie à l’égard du ministre, mais une discussion entre quelqu’un en exercice et des intellectuelles qui pensent le sujet. Les idées se sont frottées, ce n’était pas du tout éruptif et heureusement que ça ne l’était pas. Je pense qu’à France Culture, le débat doit pouvoir être apaisé, même quand on est en désaccord, même avec des politiques. Mais je pense que sont sorties de cette émission des idées qui étaient intéressantes. Pour autant, on n’a pas du tout l’intention de transformer l’Esprit Public.

Emmanuelle Daviet : Donc cela avait un caractère exceptionnel.

Une auditrice s’interroge au sujet des feuilletons et des fictions, particulièrement le samedi et le dimanche soir.
« Cela fait plusieurs années que vous repassez toujours les mêmes fictions et pièces de théâtre. Je trouve cette habitude et cette attitude méprisantes à l’égard de vos auditeurs. Vous passez maintenant votre temps à faire des podcasts c’est très bien, seulement, personnellement, je ne suis pas « moderne » et je préfère écouter la radio. Si vous ne pouvez pas renouveler ces émissions pourquoi ne pas en changer et programmer autre chose à la place ?« 

Sandrine Treiner, que vous inspire cette remarque de l’auditrice ?

Sandrine Treiner : Non, mais en l’occurrence, on ne passe pas du tout notre temps à faire des podcasts de fictions et du reste, nous n’en avons pas proposé à nos auditeurs depuis longtemps. Pas plus que nous n’avons été en mesure d’opérer le renouvellement de nos fictions autant que nous l’aimerions. Ça n’a strictement rien à voir avec le podcast, cela a à voir avec une petite chose qui nous est arrivé, appelée une pandémie qui nous a affectés durablement. Et vous voyez, autant pour enregistrer nos feuilletons, par exemple, nous pouvons procéder en petits groupes. Donc, il a été possible pendant la pandémie de continuer à enregistrer des feuilletons de 20h30, par exemple, ou des lectures. En revanche, il n’était pas possible de mettre sur le plateau le nombre de comédiens voulu en même temps. Et donc, c’est vrai que nous avons davantage rediffusé tous ces derniers temps, en particulier le théâtre, que nous le faisions auparavant. Mais on ne passe pas notre vie à rediffuser toujours les mêmes fictions. Nous avons un catalogue extrêmement fourni et je pense qu’il est bien aussi de le reproposer aux auditeurs. Il y a aussi des auditeurs qui n’ont pas entendu la radio il y a trois ans, il y a cinq ans, il y a dix ans. Et puis, par ailleurs, je voudrais rappeler que le service des fictions a fait un travail assez remarquable qui a consisté à aller dans des théâtres partout en France, dans les banlieues, un peu aussi à Paris pour capter des spectacles qui seraient morts sans nous puisqu’ils ne pouvaient pas être joués en raison de la pandémie et que la disponibilité des comédiens, des metteurs en scène faisait qu’en fait, ils étaient voués à disparaître avant même d’avoir vécu, et on est allé les enregistrer un peu partout en France.

On termine avec ce message : « J’adore France Culture et j’estime légitime de payer des impôts pour un service public de cette qualité et fondamental dans un océan de fake news, même si je ne suis pas forcément d’accord avec tout. Depuis la création du nouveau site commun Radio France, il n’est plus possible d’écouter en podcast les informations de 12:30 et 18h avec un décalage de 15/20mn comme c’était le cas auparavant. Il faut désormais attendre plusieurs heures, ce qui n’a pas de sens pour des actualités. N’avez-vous pas les moyens de mettre à jour des podcasts plus rapidement ?
Que pouvez vous lui apporter comme réponse? Un peu technique? »

Sandrine Treiner : Non, mais c’est certain que si on écoute en podcast le journal de 12h30 à 18h, il vaut mieux écouter à l’antenne le journal de 18h directement. Je lui réponds qu’on a les moyens de faire beaucoup mieux et que je m’engage à ce qu’on fasse beaucoup mieux. Il n’y a pas de raisons techniques évidentes à ça. Donc, on fera mieux.