Samedi 24 juin, dans son émission « Répliques », Alain Finkielkraut avait invité l’écrivain et militant d’extrême-droite, Renaud Camus. Autant dire que ce sont par centaines que les messages de protestation sont parvenus au médiateur. Pour y répondre, Alain Finkielkraut, au micro de Bruno Denaes.


« Ne tournons pas autour du pot. Certains auditeurs doivent être choqués, voire stupéfaits et même indignés, que, pour parler de la question migratoire, j’invite Renaud Camus ». C’est par ces mots que le producteur a introduit son émission. Il était évident qu’il allait provoquer un tonnerre de protestations en offrant une tribune à un personnage sulfureux, « condamné pour des propos racistes », comme le souligne Fabienne, une auditrice, et « adepte d’une France blanche, chrétienne et refermée sur elle-même », comme le rappelle Germain.

Pourquoi une telle  « provocation » ?

« Ce n’est pas pour choquer. C’était pour mettre fin à une anomalie. Renaud Camus qu’on ne voit nulle part a fondé une expression qu’on entend partout : « le grand remplacement ». Il s’agissait de le mettre face à un contradicteur. »

Beaucoup d’auditeurs reprochent à Alain Finkielkraut de faire le lit du racisme et de l’islamophobie.
Pour Thomas : « Alain Finkielkraut est devenu le porte-parole de la folie paranoïaque islamophobe ». Et pour Marvin : « En 1930, les Juifs étaient tristement pointés du doigt ; en 2017, sous couvert de la liberté d’expression, vous pointez du doigt les Musulmans ».

« C’est une analogie fantaisiste qui fait l’impasse …sur le nouvel antisémitisme »

En fait, nombre d’auditeurs disent avoir ressenti une véritable connivence entre Renaud Camus et le producteur.
Ils estiment que vous avez soutenu les positions d’un invité, plutôt que de lui demander des arguments crédibles, vérifiables, de chercher des contradictions, comme avec l’autre invité, le démographe Hervé le Bras ? »

« Je n’ai fait aucune concession à Renaud Camus ; je ne suis coupable d’aucune connivence… Réécoutez; j’ai plusieurs émis des remarques sur ses propos. »

« Ce qui a beaucoup choqué, c’est que vous n’avez pas réagi à un Renaud Camus qui conteste les Sciences, la rigueur des études scientifiques, démographiques, alors qu’il ne fait part, lui, que de ressentis, comme le fait qu’il n’y a pas de blancs, affirme-t-il, dans le métro Châtelet à 18h à Paris »

« C’était l’objet des interventions d’Hervé le Bras pour défendre la science et les chiffres ; un certain scientisme peut être « problématisé » parce qu’il peut conduire à répudier l’expérience et à la remplacer par l’expertise ; ce remplacement est dangereux »


Pourquoi n’avoir pas censuré cette émission ?

La réponse du Médiateur :
« Réclamer la censure m’étonne toujours dans une démocratie. D’accord ou pas d’accord avec certaines opinions, toutes doivent pouvoir s’exprimer dès l’instant qu’elles ne contreviennent pas à la loi et à la dignité humaine. Il faut d’ailleurs les connaitre si on veut les combattre. »

La liberté d’expression reste certainement la plus belle des libertés sur France Culture.