Des messages d’auditeurs continuent de parvenir au médiateur des antennes à propos du retrait temporaire de Jean-Louis Bourlanges de l’émission « L’Esprit public ». Je suis étonné qu’autant de personnes puissent se laisser manipuler par de fausses informations. Le complotisme reste malheureusement une valeur « sûre » en cette période politique incertaine.
Je souhaiterais vraiment clore cette polémique étonnante et sans fondement. Il n’a jamais été question de « censurer » un intervenant. La seule question qui se pose à nous est qu’il a affiché publiquement son soutien (notamment par des tribunes dans la presse) pour un candidat à la Présidentielle. C’est son droit. Mais nous avons alors l’obligation d’équilibrer son temps de parole par d’autres intervenants soutiens d’autres candidats. Et là, chacun devrait comprendre que c’est une obligation légale à laquelle aucun média audiovisuel ne peut se soustraire, au risque de sanctions. Cet équilibre est impossible à respecter au sein de « L’Esprit public ».
Auto-équilibre des émissions
Certains me disent que France Culture pourrait équilibrer avec les journaux de la station. C’est également impossible: cela déstabiliserait l’équilibre que doit respecter la rédaction et finirait par empêcher toute expression du candidat Macron. Pourquoi? Tout simplement, parce que Jean-Louis Bourlanges participe à une émission « longue »; s’il s’exprime au total pendant 15 minutes, il faut rééquilibrer avec tous les autres candidats. Or, les journaux diffusent des éléments sonores courts; pour équilibrer une douzaine de candidats, il faudrait disposer d’un total hebdomadaire d’environ une heure et demie à deux heures pour eux tous. Les journaux de France Culture se transformeraient en tribune politique permanente. Impensable… C’est pour cette raison qu’à Radio France, toutes les émissions doivent s’auto-équilibrer en matière de temps de parole. Et de toutes façons, selon les règles du CSA, la « comptabilité » de la rédaction et des programmes est séparée…
« Equilibrer » tous les soutiens
Enfin, certains auditeurs s’étonnent que d’autres intervenants dont les préférences politiques sont « devinées » ne soient pas retirés de l’antenne. En effet, tant qu’ils ne soutiennent pas officiellement un candidat, les règles du CSA ne s’appliquent pas. Tout cela est simple et transparent. Dommage que certains préfèrent des thèses complotistes de « censure » et d’interdiction d’antenne…
À titre d’exemple: Daniel Cohn-Bendit, soutien d’Emmanuel Macron, cessera également sa chronique quotidienne sur Europe 1. Cette règle s’applique à toutes les radios et télévisions. Daniel Cohn-Bendit, comme Jean-Louis Bourlanges, pourra reprendre l’antenne après le second tour de l’élection présidentielle.
Bruno DENAES
Médiateur des antennes.
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