Invité sur France Inter le samedi 16 décembre, Marc Fesneau, Ministre de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire, ne défend pas non plus une baisse massive des prix, car « les contraintes environnementales pèsent sur l’agriculture » et dans ce contexte, « il faut qu’on les retrouve dans les prix ».
Cela fait 80 ans que l’on promet de nourrir la planète avec une agriculture industrielle ; résultat : dévastation des écosystèmes et des agricultures vivrières traditionnelles ; la rareté à laquelle s’ajoute le chaos climatique. Question à Marc Fesneau : quand arrêterons-nous ce système agricole infernal et mortifère alors que la Nature opère avec une économie de moyens remarquable (dans les années 60, notre jardin familial de 250 m2 suffisait à nourrir notre famille sur quasiment toutes l’année (légumes, fruits, poulets, lapins) ?
Pourquoi refusez-vous de mettre le budget nécessaire pour financer les fermes qui se sont engagées dans la transition écologique en mai dernier en signant un MAEC (Mesure agroenvironnementale et Climatique) en Bretagne ? Alors que ces mesures ont prouvé depuis plusieurs années leur efficacité sur les changements de pratiques sur les fermes.
De plus, vous parlez d’installation des agriculteurs et de nombreux jeunes souhaitent s’installer avec des pratiques écologiques, ces MAEC sont un soutien économique indispensable pour ces installations.
Le prix du foncier agricole explose en viticulture. Les gros groupes comme LVMH rachètent à prix d’or, ce qui ne permet plus aux exploitants de transmettre à leurs descendants et ce qui conduit à une standardisation des produits. Quelle solution ???
En tant qu’expert national en surveillance biologique du territoire, je précise que les haies sont vraiment très importantes dans les agro-écosystèmes, y compris dans les zones de grandes cultures sans élevage (système céréalier). Ce sont des infrastructures agroécologiques qui limitent l’érosion des sols, ont un effet brise-vent (lutte contre l’assèchement des terres dans le contexte du changement climatique), abritent de nombreux auxiliaires des cultures (prédateurs d’insectes ravageurs, oiseaux insectivores, pollinisateurs…). Donc les haies méritent d’être implantées et entretenues dans les zones céréalières contrairement à ce qu’a dit le ministre chargé de l’agriculture, ce ne sont pas des dispositifs uniquement utiles aux zones d’élevage.
Il me semble que monsieur le ministre méconnait le rôle fondamental des haies et leur intérêt pour l’agriculture, y compris intensive (régulation du microclimat, atténuation du vent, des variations de température) ; régulation de l’eau ; amélioration des sols ; stockage de carbone ; production de bois ; biodiversité ; absorption des polluants ; …). C’est dommage !
Le ministre a raison, en France, la taille des exploitations n’est pas celle de l’agriculture industrielle et intensive de nombreux pays… 70 ha en France contre 1000 ha, 3000 ha, jusqu’à 100 000 ha ailleurs. Il ne faut pas se tromper.
Ce que cet échange montre c’est la grande méconnaissance culturelle et de l’agriculture des journalistes phares de France Inter.
Pourquoi ? Peu d’intérêt ? Pourtant c’est ce qui nous nourrit. Il faut s’y mettre !
Pouvez-vous laisser le ministre aller jusqu’au bout de son propos s’il vous plaît ? Pour une fois que quelqu’un parle réellement et directement de l’agriculture, merci de le laisser parler !