Anticor est une association qui a été mise sous le feu de différentes enquêtes – notamment vos collègues du Monde – pour son financement opaque, pour son manque de transparence, pour l’implication politique de certains de ses membres.
Dans votre couverture sur Franceinfo du non renouvellement de son agrément vous avez donné la parole à sa présidente, fait part des points de vue d’Alexis Corbière et de Boris Vallaud – très bien – mais pourquoi diable ne pas donner une couverture équilibrée de l’info en apportant quelques-uns des éléments qui ont conduit au non renouvellement de cet agrément, dont le travail journalistique de vos confrères ?

A partir de l’exemple que je vais brièvement vous exposer, je voudrais vous expliquer pourquoi je finis par remercier la partialité des rédactions des radios publiques.
L’association Anticor (qui est plutôt sympathique à tout citoyen normalement constitué) a perdu son agrément pour se porter partie civile. Celui-ci n’a pas été renouvelé par le gouvernement.
Sur France Inter et Franceinfo, j’ai appris (notamment avec une longue interview d’une vice-présidente d’Anticor sur Franceinfo dans laquelle elle avait des mots extrêmement forts : conflit d’intérêts, forfaiture…) que l’association était victime d’une censure (la victimisation est décidément un ressort inépuisable). Et puis je suis tombé sur une interview sur une radio concurrente privée de M. Steiner (candidat malheureux LREM aux Législatives. Au moins cela nous était précisé), ancien policier ayant lutté professionnellement contre la corruption et qui, une fois à la retraite, avait adhéré à Anticor. Il l’avait quittée, dégoûté par la politisation d’une partie du bureau. Il dénonçait les accointances du Président, M. Alt avec le Syndicat de la Magistrature, quelques mouvements de fonds en liquide peu réguliers et la partialité des prises de position. Je ne sais qui a raison mais on peut s’étonner que le Service dit Public n’ait pas jugé bon de nous fournir aussi ces éléments afin que nous puissions nous faire une idée plus éclairée. France Inter choisit un camp et enfoncé le clou. En aucune façon, elle ne cherche à offrir une information pluraliste.
La partialité de France Inter m’amène, moi qui étais un auditeur presqu’exclusif du Service Public, à aller écouter une information moins formatée. Depuis je peux comparer les professionnels de France Inter et ceux de cette radio concurrente privée… et franchement je suis beaucoup mieux informé. Deux informations hémiplégiques fournissent une information complète. Le problème est que l’on serait en droit d’attendre du Service Public qu’il nous offre à lui tout seul cette véritable information. Ce n’est pas le cas et c’est gênant ! Ne trouvez-vous pas ?

Sur France Culture le présentateur du journal est énervé à la suite de la non-reconduction ministérielle de l’agrément d’Anticor. La rédaction est derrière lui pour accabler le gouvernement. Le mot forfaiture n’est pas prononcé mais c’est tout comme. Naturellement, les éléments de langage d’Anticor sont au rendez-vous, avec la petite musique de nuit sur les règles d’attributions des agréments. Et le fonds de l’affaire ? On n’en saura presque rien si ce n’est que deux « dissidents » sont à l’originaire de ladite affaire, et on évoque aussitôt des fausses informations. Qui sont les dissidents ? On ne sait pas. Notons que dans d’autres circonstances, on les aurait peut-être élevés au rang de lanceurs d’alerte. Rien non plus sur les « fausses informations ». Rien non plus sur le détail de précédentes décisions de justice défavorables à Anticor. Rien sur un malaise gênant quand on veut être championne de la transparence. Rien sur les agissements d’un membre d’Anticor pris la main dans le sac dans une tentative de… corruption – Affaire révélée il y a quelques mois Le Parisien / Aujourd’hui. Bref, comme souvent avec France Culture, il faut aller s’informer ailleurs.

L’interview de la présidente d’Anticor ce jour le 27 décembre 2023 (à 12h15 notamment) sur Franceinfo à la suite du refus d’agrément pour cette association par le Gouvernement, a été un monument de désinformation. Les questions de la journaliste de Franceinfo et les réponses de la présidente de cette association ont tourné EXCLUSIVEMENT sur le pourquoi du refus de l’agrément avec comme seule explication que cette association gênait le gouvernement et que c’était une décision purement politique car selon les mots de la présidente d’Anticor son association gênait “un gouvernement aux prises avec un nombre incalculable d’affaire de corruption. Jamais, à AUCUN MOMENT, votre journaliste n’évoque l’autre partie du dossier à savoir que l’agrément de cette association a été annulé PAR LA JUSTICE, par un jugement de la cour administrative d’appel de Paris fin novembre 2023 qui a souligné que l’association Anticor ne remplissait notamment pas « les conditions de délivrance tenant notamment au caractère désintéressé et interdépendant de ses activités ». Traiter partiellement une affaire en laissant passer le gouvernement comme le seul méchant corrompu qui refuse l’agrément pour association qui dérange et en oubliant volontairement une décision de justice qui déboutait l’association Anticor qui expliquait les raisons de la perte d’agrément de cette association est-ce la conception de l’information selon Franceinfo ? (…) C’est extrêmement dommage pour une chaine de radio publique qui devrait théoriquement être impartiale.

Je viens d’entendre la Présidente d’anticorps longuement interrogée sur Franceinfo. Elle utilise des mots très fort : corruption, conflit d’intérêt, censure politique… Au lieu de lui servir la soupe et de lui laisser dérouler son argumentaire sans aucune contradiction, on aurait aimé que la journaliste nous explique pourquoi le Conseil d’Etat avait demandé que l’agrément d’Anticor ne soit pas renouvelé. Il devait bien y avoir quelques raisons. Lesquelles ? Ce n’est pas avec Franceinfo qu’on le saura.

Lors du journal de ce jour, le 27 décembre 20h, vous annoncez le non renouvellement de l’agrément d’Anticor comme une décision politique du gouvernement en précisant que l’association enquêtait sur plusieurs dossiers embêtant le gouvernement notamment M. Kohler. Cette information est fausse et vos journalistes le savent. C’est une querelle interne à l’association qui mène à cette décision.
Les infos orientées se succèdent sur France Inter. Je ne vous reconnais plus. On demande aux journaux donner une information objective sinon nous ne sommes plus dans une démocratie !