La Reine Elizabeth II est décédée ce 8 septembre. De nombreux auditeurs s’interrogent sur l’ampleur éditoriale accordée à cet événement. Franck Mathevon, directeur de l’information internationale de Radio France répond à leurs questions au micro d’Emmanuelle Daviet.

Emmanuelle Daviet : « Vous en faites trop » : ces quatre mots résument tous les courriels reçus depuis jeudi soir à la suite de l’annonce de la mort de la reine Elizabeth. Voici quelques messages : « la reine d’Angleterre est décédée. Soit, que l’information soit donnée. Mais est-il nécessaire d’arrêter tous les programmes de Franceinfo et de passer en édition spéciale ? Nous ne sommes pas anglais. Les valeurs de la monarchie sont très discutables, notre peuple a lutté pour s’en libérer. Le niveau de détails sur les règles de la monarchie anglaise et du protocole donné sur l’antenne est ahurissant. » Et puis un autre message : « que de louanges, de discours pontifiants. Arrêtez tout ce cirque médiatique! Dans un pays républicain, comment est-ce possible d’encenser autant cette personne et tous autour d’elle, dans cette monarchie d’un autre temps ? »
Alors Franck Mathevon, des messages très critiques. Mais pourquoi une telle ampleur éditoriale ?

Franck Mathevon : Je comprends en partie les messages, bien sûr des auditeurs. Mais notre mission à Franceinfo, que nous accompagnons, nous, à la rédaction internationale de Radio France, c’est véritablement de décrypter cet événement historique. La reine, c’est 70 ans d’Histoire, évidemment, on l’a répété ces derniers jours, elle est montée sur le trône en 1952. Elle a accompagné une quinzaine de Premiers ministres britannique, quatorze présidents des Etats-Unis, dix chefs d’Etat français. C’est tout cela qu’on essaye de raconter. Et le côté rassembleur aussi qu’elle a pu incarner au Royaume-Uni. On l’a dit aussi à plusieurs reprises sur nos antennes, la reine a été l’une des seules personnalités capables de fédérer son peuple. Et puis, c’est un événement mondial qui fait la Une des médias du monde entier. Notre mission, ce n’est pas d’être royaliste, c’est de décrypter le rôle qu’a pu jouer la reine pour fédérer son peuple, pour rassembler. Et puis de raconter aussi l’impact que peut avoir la mort de la reine, la mort d’Elizabeth II dans le monde entier.

Emmanuelle Daviet : Événement planétaire mais des auditeurs reviennent également sur le reste de l’actualité internationale, craignant qu’elle soit complètement passée à la trappe. Voici un message : « ce réflexe de ne focaliser que sur un événement, au risque d’oublier le reste du monde, est contre productif et pénible. » Franck Mathevon, est-ce que depuis jeudi soir, le reste de l’actualité internationale est mis de côté et tout particulièrement l’Ukraine ?

Franck Mathevon : C’est vrai qu’on parle un peu moins sur l’antenne de Franceinfo depuis jeudi soir et la mort d’Elizabeth II, du reste de l’actualité internationale, on ne va pas dire le contraire, mais malgré tout, on a tout de même laissé de la place au reste de l’actualité, à d’autres informations. Évidemment, nous avons toujours du monde en Ukraine, des reporters sur place : Benjamin Illy, de Franceinfo, est actuellement en Ukraine il y reste jusqu’à la semaine prochaine. Et naturellement, si un autre événement vient effacer celui-là, on lui laissera aussi de la place sur l’antenne de Franceinfo. C’est évidemment à cela que l’on va veiller dans les jours à venir. Il ne s’agit pas de sur-représenter cet événement sur notre antenne.

Emmanuelle Daviet : Précisément pour la semaine à venir, à quoi peuvent s’attendre les auditeurs ? On parlera chaque jour des funérailles de la reine ?

Franck Mathevon : Alors évidemment, la reine, l’avenir du Royaume-Uni, vont rester dans l’actualité pour les jours à venir. Ça ne fait aucun doute. Et puis ce sera le cas jusqu’aux funérailles qui auront lieu dans une dizaine de jours. Mais évidemment, l’objectif est aussi de décélérer, de laisser de la place aux autres informations. Donc on va parler un peu plus de la guerre en Ukraine, peut-être, comme nous le signalait certains auditeurs dans les heures et les jours à venir. On va parler aussi d’actualités en France, évidemment, on va laisser plus de place à nos chroniques. Et puis, comme d’habitude, on tâchera, quand on parle du Royaume-Uni, quand on parle de Charles III et de la mort de la Reine, de décrypter, d’apporter une véritable valeur ajoutée aux informations qui circulent.