Dans une période d’actualité très dense avec l’élection présidentielle et la guerre en Ukraine, les auditeurs s’interrogent sur la place qu’occupe désormais le Covid dans les informations. Matthieu Mondoloni, directeur adjoint de la rédaction de Franceinfo répond aux questions des auditeurs au micro d’Emmanuelle Daviet.

Emmanuelle Daviet : On commence avec cette première remarque d’un auditeur : « Plus un mot nulle part sur la Covid qui tue quand même près de 150 personnes par jour. Cela ne peut que renforcer les négligences et donc le maintien de la pandémie qui, bien que moins sévère maintenant, coûte toujours très cher en vies humaines et en arrêts de travail ». Matthieu Mondoloni, pourquoi n’y a-t-il plus de reportages sur le sujet vous demande cet auditeur ?

Matthieu Mondoloni : Alors, il y en a encore des reportages, mais effectivement, ils sont beaucoup moins nombreux qu’il y a encore quelques mois et ça fait bientôt plus de deux ans qu’il y a cette pandémie qui s’est invitée dans nos vies. Donc il y a moins de reportages, ça c’est une certitude, mais aussi parce que tout le monde s’est habitué à vivre avec le virus. D’ailleurs, c’est la politique sanitaire telle qu’elle est menée actuellement dans notre pays. Il s’agit aussi de voir, avec le dernier variant, il est très contagieux mais moins dangereux, il y a moins d’hospitalisations, il y a moins de gens en réanimation. Cet auditeur a parfaitement raison. Il y a toujours des gens qui décèdent quotidiennement du Covid, on le rappelle. On parle aussi des traitements encore il y a quelques jours, on a parlé du PaxLovid, ce traitement médicamenteux qui doit permettre d’aider aussi les malades du Covid. Donc on continue à être attentifs, on continue à faire des sujets, mais ça prend évidemment beaucoup, beaucoup moins de place sur notre antenne. Et c’est aussi normal parce que d’ailleurs, il y a beaucoup d’autres auditeurs qui parfois trouvaient à juste titre qu’on en parlait beaucoup.

Emmanuelle Daviet : On poursuit avec ce message : « Je tiens tout d’abord à vous remercier pour le site de Franceinfo qui apporte gratuitement et presque en temps réel des informations souvent détaillées et objectives. Dans ce cadre, j’ai énormément apprécié depuis deux ans les infographies sur l’épidémie de Covid 19, qui étaient accessibles depuis le bandeau en haut de la page d’accueil et permettaient d’avoir une vision globale et claire de l’évolution de l’épidémie. Je trouve évidemment tout à fait normal que, compte tenu de l’actualité, ce bandeau soit consacré à la guerre en Ukraine. Cependant, je n’arrive pas à retrouver la page consacrée à la synthèse des infographies sur la Covid-19. Vous serait-il possible de remettre un lien au dessus dans la rubrique santé, par exemple ? » Plusieurs internautes, Matthieu Mondoloni, font ce constat.

Matthieu Mondoloni : C’est un très bon constat et je le découvre. Donc merci à eux de nous faire remonter cette information. Et on peut leur dire qu’on s’est saisi de la chose. On a fait remonter ça à la direction du numérique chez nous pour qu’on regarde effectivement comment remettre en place ou mettre en place cette bannière qui simplifie l’accès à l’information de nos internautes, ce qui, évidemment, nous importe.

Emmanuelle Daviet : Donc, qu’ils n’hésitent pas à nous faire leurs remarques quand c’est nécessaire, c’est évidemment toujours pris en considération. On poursuit avec cette question : « Il semble que la situation se dégrade complètement à l’hôpital ou des lits ferment de plus en plus avec de gros problèmes d’effectifs, des postes vacants chez les soignants et des services d’urgences qui envisagent des fermetures. Est ce vrai ou exagéré ? Pouvez vous en parler ? »

Matthieu Mondoloni : On en a parlé. On a fait plusieurs reportages effectivement sur ce sujet. C’est vrai, tout d’abord, il y a plusieurs hôpitaux qui sont concernés. On ne va pas dans tous les hôpitaux, mais on a été à l’hôpital d’Orléans, où on a fait au CHU un sujet, un reportage long format. On est allé également à l’hôpital Saint-Louis à Paris, où là aussi des problèmes dont nous avons parlé, dont nous nous sommes fait les relais en donnant la parole aux soignants, aux personnels de ces hôpitaux. Et enfin, avec « Franceinfo vous écoute », vous savez, ces itinérances que nous avons eues avant les deux tours de la campagne présidentielle. Nous sommes allés également à Angoulême. Donc on se fait l’écho et on continue à suivre, évidemment, parce que c’est très important. L’enjeu de santé, on le sait, est très important. Suite à la pandémie dont nous parlions tout à l’heure avec toutes les réminiscences qui existent encore aujourd’hui et évidemment que Franceinfo et les reporters et les journalistes de Franceinfo continuent à suivre cette actualité.

Emmanuelle Daviet : Précisément, Matthieu Mondoloni, la pandémie, il y a deux ans, a imposé un traitement de l’actualité en accéléré puisque la situation était très évolutive. Est-ce que cela a modifié vos manières de travailler au sein de la rédaction ?

Matthieu Mondoloni : Alors oui, déjà, première conséquence immédiate, c’est que c’est en raison de cette pandémie que nous avons créé à Franceinfo un service spécifique qui s’appelle le service sciences santé environnement technologies. On a regroupé différents spécialistes, mais notamment parce qu’on savait que notre spécialiste santé, à elle seule, ne pouvait pas couvrir l’ensemble de cette pandémie. Donc il fallait du renfort. Il y a plein de journalistes qui se sont évidemment mobilisés autour de ça, donc ça a été un vrai changement. Je dirais qu’après l’autre changement dans nos pratiques, c’est qu’on a sans doute moins de connaissances scientifiques de façon générale, nous les journalistes, c’est sans doute quelque chose qu’il faut que l’on corrige à l’avenir. Ce qui a changé, c’est notre rapport aux chiffres. Comme on n’est pas forcément des scientifiques et plutôt parfois des littéraires, on a dû apprendre aussi à utiliser ces chiffres, c’est à dire qu’un chiffre tout seul ne veut pas forcément dire quelque chose. Compter des manifestants, ça, on savait faire et on donnait les chiffres des forces de l’ordre. On donne encore parfois les chiffres des forces de l’ordre et les chiffres des manifestants. Là en l’occurrence c’était « quels indicateurs étaient les bons ? » Est-ce qu’il fallait regarder les chiffres des hospitalisations, les chiffres en réanimation, les chiffres des malades du Covid, etc etc. On a appris au fur et à mesure de cette pandémie à regarder ces indicateurs qui étaient des indicateurs qui ont évolué et qui nous ont permis nous aussi de donner une meilleure information.