Vous connaissez notre ambition sur FranceInfo : vous délivrer une information de qualité, mais aussi de confiance vérifiée, sourcée, et pour cela, il y a des méthodes et on va, dans le rendez vous de la médiatrice, aujourd’hui, vous montrer un peu les coulisses de nos méthodes de travail. Pour répondre aux questions de la médiatrice des antennes, la directrice de la rédaction de Franceinfo, Estelle Cognacq

Emmanuelle Daviet : Estelle Cognacq, nous allons évoquer l’Agence de Radio France, mais tout d’abord l’agence Franceinfo, créée il y a six ans. C’est un dispositif de vérification de l’information qui donc va désormais s’étendre au service de toutes les antennes de Radio France. C’est une organisation unique dans le paysage audiovisuel français. Tout d’abord, pourquoi avoir créé une agence interne à Franceinfo en 2016 ?

Estelle Cognacq : Disons que dans une chaîne d’information en continu et qui a plusieurs antennes, une antenne radio, mais aussi des antennes numériques, réseaux sociaux, on a eu besoin de centraliser notre information. On avait parfois des incohérences entre nos antennes, entre ce qui était dit sur le terrain par nos reporters et par nos présentateurs. Donc, on avait besoin de regrouper dans un endroit unique tout ce que l’on pouvait dire sur une information. Et c’est pour ça que l’Agence a été créée en partie. Parallèlement à ça, on a voulu reprendre nos manières de travailler, notamment sur la source des informations, et on voulait établir une charte qui, vraiment indiquait : « Franceinfo, peut donner une information, dans quel cadre, par rapport à quelle source, par rapport à quelles remontées du terrain on a ». Donc on a voulu croiser ce besoin de centralisation avec cette charte de vérification des informations.

Emmanuelle Daviet : Y-a-t-il un lien entre la création de l’agence et les attentats survenus un an plus tôt, en 2015 ?

Estelle Cognacq : Oui, cela a conforté notre décision. Et puis, on a eu un autre épisode qui est l’annonce de la fausse mort de Martin Bouygues, qui a eu lieu un peu dans la foulée. Donc, nous, on avait imaginé déjà un peu cette Agence et tout d’un coup, quand on a eu cette vague d’attentats, notre service police justice en fait, a centralisé toute cette information dans un mail unique adressé à la rédaction régulièrement. Et là, on s’est dit, on ne donne aucune information en provenance des autres médias, des agences de presse, de nos confrères et on ne donne que les infos que nous avons revérifier nous mêmes. Et c’est ça qui a conforté l’idée de créer cette Agence et d’étendre ce principe à toutes les informations. Donc, il faut savoir qu’aujourd’hui sur FranceInfo, quand nous n’avons pas une information et qu’elle sort ailleurs et qu’elle n’est pas correctement sourcée pour nous, c’est à dire des formulations, que vous entendez un « source proche de l’enquête », « source proche du dossier », qu’on ne sait pas qui parle et que cette personne n’est pas légitime à parler. On revérifier systématiquement

Emmanuelle Daviet : la stratégie éditoriale de l’Agence, c’est la validation et la vérification de l’info, quitte à retarder la diffusion d’une information le temps qu’elle soit certifiée pour l’ensemble des antennes. Il n’y a plus cette course à celui qui donnera le premier, une info?

Estelle Cognacq : Oui, c’était effectivement le postulat qu’il fallait adopter aussi il y a six ans, quand on a pris cette décision, ce qui n’était pas forcément facile quand on est en concurrence avec des chaînes d’info en continu. Longtemps Franceinfo était seul, mais ce n’est plus le cas avec le Web et avec les télés d’info en continu. Donc ça a changé. Il fallait que nos présentateurs et tous les journalistes acceptent ce postulat. Donc, ce que l’on fait, c’est que dès qu’une information sort, si on ne l’a pas, bien sûr, nous, on enquête toujours. On a nos propres informations et on les sort. Mais quand elle sera ailleurs tout de suite, on met en place cette vérification à la fois par nos services au sein de Franceinfo, mais ça peut être aussi avec France Bleu, par exemple, et d’autres chaînes du groupe, et on met en marche cette machine à vérification. Donc on va perdre parfois quelques secondes, quelques minutes, une heure et rarement au delà.

Emmanuelle Daviet : Est-ce que ces principes mis en œuvre au sein de l’Agence sont de nature à restaurer ou à entretenir la confiance avec les auditeurs ?

Estelle Cognac : En tout cas, c’est notre volonté et c’est effectivement ce que l’on souhaite faire à travers cette Agence. Aujourd’hui, il y a une défiance envers les institutions politiques, scientifiques, par exemple, mais aussi les médias. On voit bien, et on l’a vu avec la crise du Covid, par exemple, ou avec l’épisode des Gilets jaunes avant que la confiance en les médias a diminué. Il y a des enquêtes chaque année, et donc ce qu’on voulait, c’est aussi essayer de refaire les liens et de réexpliquer un peu notre métier, comme on travaille tous ces fondamentaux là du journalisme, pour essayer de dire à nos auditeurs, regardez comment on travaille. Vous pouvez avoir confiance en notre travail.