La médiatrice reçoit Alexis Morel, spécialiste éducation à Franceinfo

Le reportage d’Alexis Morel sur le salaire des enseignants a fait réagir


Vous dites que «Les enseignants français sont toujours  sous la moyenne des autres pays de l’OCDE en matière de salaires». Or dans le rapport de l’OCDE il est dit que «Le salaire annuel des enseignants entre 25 et 64 ans en France est légèrement supérieur en 2017 à la moyenne OCDE, sauf dans l’enseignement élémentaire», information qui est d’ailleurs reprises dans différents médias. Y aurait-il un parti pris de votre rédaction ? Je note, toujours dans la même logique de choix partial, que votre journaliste , après avoir cité les écarts en début de carrière (-7%) et en milieu de carrière (-18%), votre journaliste omet l’’écart en fin de carrière qui n’est plus que de -2% seulement.

Je constate que la rédaction a une fâcheuse tendance à «noircir» la situation de la France en voyant systématiquement «la bouteille à moitié vide» et en ne sélectionnant que les informations qui vont dans ce sens »

Alexis Morel : c’est un sujet très complexe et un point s’impose : l’OCDE « Regards sur l’éducation 2019 » a deux indicateurs : le salaire effectif avec les heures supplémentaires, et primes que touchent principalement les professeurs de collèges et lycées. L’autre indicateur est le salaire de base. Si on regarde le salaire avec heures supplémentaires, les enseignants dans leur ensemble gagne un peu plus que la moyenne de l’OCDE sauf les enseignants du primaire. Si on regarde le salaire statutaire, les enseignants sont en dessous de la moyenne de l’OCDE.
J’ai fait un choix « d’angle » axé sur les enseignants du primaire, car tout le monde reconnaît qu’il y a un problème salarial urgent. Ils sont en dessous de la moyenne car ils ne touchent ni prime, ni heure supplémentaire.
C’est un angle, en choix en terme journalistique.

« Etats-unien » : oui, ça existe !

Autres remarques d’auditeurs : certains dénoncent l’emploi du terme « états-unien » sur notre antenne.

Des auditeurs estiment que ce mot n’existe pas ou que ce serait un néologisme à proscrire d’urgence chez les présentateurs, les journalistes ou les correspondants sur place. Je vous cite un message : «  j’entends sur France Info un intervenant qui utilise de nombreuses fois le terme « états-unien » terme que je n’ai pas trouvé dans le dictionnaire» ou encore ce mail :« le spécialiste expert des « étatzzuniens » utilise ce néologisme cher aux parleurs dans le micro ».

Les auditeurs se trompent. Ce mot existe. Il a fait son entrée dans le dictionnaire il y a près de soixante ans, en 1961 précisément. Il ne s’agit donc pas d’un néologisme, ni d’un tic de langage journalistique ou d’un snobisme d’expert.  Alors ici dans mon intervention il ne s’agit pas d’indiquer si l’emploi de ce mot à une connotation péjorative, s’il confère un caractère antiaméricaniste au propos du locuteur ou bien s’il est un marqueur de gauche. Ce que l’on peut dire en revanche en citant le linguiste Jean Pruvost c’est que  « le mot « états-unien » est apparu en 1934 au Canada francophone donc on ne peut pas considéré que c’est un néologisme. Et il a été écrit pour la première fois dans une revue politique québécoise en 1955.

Pour ce linguiste si l’utilisation de ce terme se justifie, c’est aussi parce qu’il permet  de désigner plus facilement les habitants des Etats-Unis, alors que ce ne sont pas les seuls « américains » du continent mais… on peut comprendre que cette formulation presque impérialiste soit gênante l’Amérique désignant à la fois les États-Unis et tout le continent ».