Avec une victoire sans appel, Donald Trump signe « un retour historique » à la Maison Blanche. Qu’il s’agisse de réactions à ce résultat, de réflexions sur les dynamiques électorales ou de critiques concernant la couverture médiatique, les auditeurs se sont exprimés en nombre.
Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction répond aux questions des auditeurs au micro d’Emmanuelle Daviet.

Emmanuelle Daviet : Nous commençons avec cette première remarque d’auditeur estimant qu’il y a eu « une surmédiatisation de la présidentielle américaine au détriment, d’une catastrophe écologique et humaine à deux pas de chez nous en Espagne, et d’une catastrophe humanitaire à Gaza, d’une autre au Liban ». Ces remarques sur une surmédiatisation de cette présidentielle vous paraissent-elles fondées ? Et puis, face à cette actualité particulièrement dense, comment avez-vous procédé pour faire des choix éditoriaux ?

Florent Guyotat : Alors, petit retour en arrière. Nous étions en édition spéciale américaine, c’est vrai, le jour du vote, mardi dernier, la nuit qui a suivi et le lendemain, bien sûr, lorsqu’on a appris au petit matin que la victoire ne pouvait plus échapper à Donald Trump. Mais avant cela, le week-end dernier, la semaine dernière, nous avons aussi accordé beaucoup de place sur l’antenne aux inondations en Espagne. C’est bien logique, évidemment. Nous avons envoyé cinq reporters sur place, mais également un présentateur, Nicolas Teillard, qui a présenté des éditions spéciales en direct de Valence et de sa périphérie. Nous étions également aux premières loges le week end dernier, lorsque le roi d’Espagne a dû écourté sa visite dans la région de Valence parce que des habitants lui jetaient de la boue à la figure. Et nous retournons d’ailleurs sur place ce week-end en Espagne, pour voir comment les habitants se remettent petit à petit de ce qui s’est passé. S’ils peuvent se remettre, parce qu’évidemment ce n’est pas évident. Et puis je précise aussi que plus tôt cet automne, Franceinfo a également réalisé plusieurs éditions spéciales au Liban. Après la mort du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, nous étions sur place encore une fois avec Nicolas Teillard, qui a présenté des émissions spéciales de Beyrouth.

Emmanuelle Daviet : Alors revenons à l’élection américaine. Des auditeurs estiment que les reportages ou analyses entendus en studio étaient majoritairement à charge contre Trump. Parmi les messages reçus, je vous lis celui d’un auditeur français qui vit aux Etats-Unis. C’est un message reçu avant le résultat de l’élection : « J’habite dans un état clé depuis des décennies. Je trouve les reportages sur l’élection américaine biaisés et pro démocrates à mon humble avis, et même si je peux le regretter, Trump va gagner sans conteste possible, si je peux me permettre, essayez de développer une vision plus fine et moins caricaturale du phénomène Trump ». Florent Guyotat, comment recevez-vous ces remarques ?

Florent Guyotat : Alors, je vais répondre à cet auditeur. C’est vrai que Franceinfo, c’est une antenne très vaste, de l’info 24h/24 et évidemment, on n’entend pas toujours, à tout moment de la journée les mêmes reportages et ni des gens qui ont les mêmes opinions. Alors il est possible, oui, qu’il ait entendu des reportages avec des démocrates, soit des responsables, soit des militants. Mais je tiens à préciser qu’on a aussi entendu beaucoup de partisans de Donald Trump. On s’est efforcé vraiment de respecter un équilibre. Personne n’avait prédit une victoire aussi large de Trump, sauf peut être lui même. Mais on savait en tout cas que cette possibilité d’une victoire de Donald Trump existait. Et c’est pour ça qu’on avait consacré de nombreux reportages aux militants trumpistes, aux électeurs trumpistes. On a entendu des reportages avec des gens qui ont voté Donald Trump pour la première fois, qui ne votez pas pour lui auparavant. Et on avait bien réparti nos forces entre les différents reporters avec une personne spécialement dédiée à la campagne de Donald Trump et une autre spécialement dédiée dans les derniers instants à la campagne de Kamala Harris.

Emmanuelle Daviet : Et d’ailleurs, cet équilibre, on peut le retrouver en écoutant les reportages sur le site de Franceinfo qui a connu de très beaux chiffres d’audience à l’occasion de cette campagne.
On termine avec cette question soulevée par des auditeurs la présence des journalistes sur le terrain. Voici la question : « quel est l’intérêt d’envoyer autant de journalistes sur place à l’occasion de la présidentielle américaine ? »

Florent Guyotat : Alors j’allais dire que c’est la base du métier de journaliste, c’est d’être sur le terrain pour rencontrer les gens, pour les interviewer, pour ne pas se contenter de regarder à distance des images ou d’écouter des interviews à distance. Non, c’est toujours mieux d’être sur le terrain pour constater au plus près ce qui se passe. Et c’est évidemment ce que nous avons fait sur franceinfo lors de toutes les éditions spéciales américaines que nous avons effectué. Lorsque l’élection de Donald Trump s’est précisée mercredi matin, entre 6h30 et 8h30 du matin, il y avait, c’est vrai, quelques experts en studio qui ont donné leurs analyses, leur décryptage. Mais avant tout, nous avons raconté les choses via la dizaine ou même la quinzaine de reporters que nous avions sur le terrain et qui, minute par minute, nous expliquaient ce qu’il se passait à la fois dans les QG de candidats mais aussi dans les états clés qui ont fait basculer l’élection.

Emmanuelle Daviet : Et pour compléter ce que vous dites, j’invite les auditeurs à retrouver la réponse que je propose au sujet de la présence des journalistes sur le terrain, sur le site donc de la médiation de Radio France.