Alors que des  marches contre la firme Bayer-Monsanto et  pour un autre modèle agricole, sont organisées dans une trentaine de villes de France ce samedi, on reparle aujourd’hui  du glyphosate et du fichage de certains journalistes et politiques par Monsanto… A la suite à cette affaire, des auditeurs se posent beaucoup de questions et pointent du doigt certains reportages de Franceinfo. Pour leur répondre, Anne-Laure Barral spécialiste environnement de franceinfo au micro de la médiatrice des antennes

 

On revient aujourd’hui sur un article publié sur le site de France Info intitulé « Pourquoi n’arrive-t-on pas à savoir si le glyphosate est cancérogène ? ».

L’auditeur, Clément, nous écrit : «  naïvement, je croyais que les spécialistes interrogés sur le sujet seraient des scientifiques et des représentants des agences sanitaires. Ma surprise et ma déception furent grandes lorsque je vis que, sur les 4 interlocuteurs, un seul a un lien direct avec le sujet. Les autres sont partiaux, ils vont tous dans le même sens et surtout, aucun d’entre eux n’est spécialiste du sujet. Autre problème l’article ne dit pas pourquoi il si compliqué d’avoir un consensus sur le glyphosate. 
La seule conclusion qu’aura le lecteur en mal d’information c’est que : le glyphosate, c’est pas bien – sans que l’on comprenne pourquoi – et que c’est « un sujet complexe « sur lequel il n’y a pas de conclusions » « comprenne qui pourra » conclut cet auditeur.
Anne laure Barral quel éclairage pouvez-vous lui apporter sur ce sujet ?

Un sénateur, co-auteur du rapport parlementaire sur le glyphosate, plus globalement l’avis des agences sanitaires qui dit que ce n’est pas plus dangereux que de manger de la charcuterie, mais c’est son avis. Il fait une comparaison que ne va pas faire, par exemple José Bové, militant écolo. qui considère que le risque du glyphosate est plus fort. Nous avons eu Cédric Villani, un médecin et un journaliste scientifique du monde. C’est vrai qu’à l’antenne nous n’avons pas eu de représentants de l’OMS, ni des scientifiques de l’agence sanitaire française ou européenne. Car on les contacte, et on leur demande d’être disponibles en direct dans les 30 mn qui suivent et que ce n’est pas leur délai. Ils préfèrent aller sur des émissions plus longues où ils peuvent développer leurs propos. C’est pour cela aussi, que dans l’article il y a un lien vers les éléments à retrouver dans le rapport.
Effectivement, il est difficile de trancher sur le glyphosate les vérités sont compliquées et les clichés sont simples.

 

Le glyphosate ne serait pas plus dangereux que de la charcuterie ?

Autre question, toujours sur le glyphosate. Claire nous écrit : « sur Franceinfo il est question d’un rapport sur le Glyphosate et de la position prise par un sénateur qui soutient que le glyphosate ne serait pas plus dangereux que de la charcuterie. Mais la semaine dernière sur votre antenne il était question d’une liste des personnes  « à éduquer » et « à surveiller » liste tenue par la société productrice de Glyphosate. Or l’une des journalistes qui était fichée dans cette liste précisait justement qu’elle recevait des conseils de ce type : Dire que le Glyphosate n’est pas plus dangereux que l’abus de charcuterie. Ce serait bien que vous fassiez le rapprochement entre les diverses informations dont vous disposez au lien d’enfiler les perles au fur et à mesure qu’elles arrivent… » conclut cette auditrice, Anne-Laure Barral : que lui répondez-vous ?

L’auditrice a bien compris qu’il s’agit d’éléments de langage transmis par les firmes aux personnes qu’elles voulaient influencer, journalistes, politiques ou représentants d’agences sanitaires.  C’est un « vrai » avis du centre international de recherche contre le cancer de dire que les gens qui consomment de la viande rouge ou de la charcuterie ont plus de risque que ceux qui n’en consomment pas. Ces éléments de langage de Mosanto sont de l’ordre du commentaire. Sur franceinfo on ne dit pas aux auditeurs ce qu’ils doivent penser mais on leur donne du factuel, car il y a un préjudice.

 

Anne-Laure Barral , quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que vous faisiez partie des journalistes fichés par le groupe Monsato ?

Surprise mais je me doute que mes coordonnées professionnelles figurent sur des fichiers presse, qu’on me référence sur les sujets sur lesquels je travaille. Mais qu’on me note sur mon opinion personnelle sur un sujet de politique publique, politique agricole par rapport à Monsanto, au glyphosate, cela n’est pas légal. Je suis ravie que Radio France porte plainte car qu’est-ce que l’on fait de ce fichier ensuite ? On cherche à influencer journalistes et scientifiques et ces organismes qui ont un devoir de neutralité. Nous les avons présenté aux auditeurs, comme des sources non partisanes.