Le traitement éditorial du drame survenu à Nantes dans un établissement scolaire le 24 avril dernier a suscité des réactions de la part d’auditeurs. Ils s’interrogent sur l’utilité journalistique de la diffusion répétée, à l’antenne, de détails particulièrement choquants — en particulier la mention du nombre exact de coups de couteau infligés à la victime.
Beaucoup soulignent que la répétition de cette information, jugée morbide et insoutenable pour les familles et les proches, ne semble ni indispensable à la compréhension des faits, ni respectueuse de la dignité des victimes.
Certains s’inquiètent également des effets anxiogènes sur l’ensemble des auditeurs et du risque de sensationnalisme, craignant qu’une couverture journalistique aussi détaillée ne participe à nourrir un climat de peur au sein de la société.
Tous appellent à un traitement plus sobre des faits violents.
Fidèle auditrice de France Inter, j’ai été choquée d’entendre les détails sur l’atroce meurtre de la jeune lycéenne nantaise.
Était-ce vraiment utile de préciser qu’elle avait reçu 57 coups de couteaux ?!!! Je sais que la violence est partout et qu’on ne doit pas se mettre des œillères mais je pense aux parents, et à toutes les personnes sensibles qui n’avaient pas envie de connaître cette information, surtout à une heure de grande écoute.
Merci par ailleurs pour les émissions de qualité de votre radio.
Chères auditrices, chers auditeurs,
Je vous remercie d’avoir pris le temps de nous écrire à propos du traitement de l’actualité dramatique survenue dans un établissement scolaire à Nantes le 24 avril dernier.
Votre émotion, vos interrogations et votre souci du respect dû aux victimes et à leurs proches sont parfaitement légitimes, et je tiens à vous assurer que vos remarques ont été transmises aux rédactions concernées.
Je comprends pleinement le trouble que peut susciter la mention précise du nombre de coups portés dans un acte aussi violent.
Il est vrai que la diffusion de tels détails peut paraître éprouvante pour les auditeurs. La décision de relayer ce type d’information repose sur des considérations éditoriales précises. Lorsque le procureur de la République communique officiellement des éléments d’enquête en conférence de presse, comme cela a été le cas ici, les journalistes estiment nécessaire d’en rendre compte pour informer pleinement le public, restituer l’ampleur et la gravité des faits, et éviter toute dissimulation ou imprécision.
Dans des affaires d’une telle violence, le nombre de coups peut être un indicateur objectif de l’acharnement et de la nature exceptionnelle du crime, ce qui est une donnée essentielle à la compréhension judiciaire du dossier, notamment pour qualifier l’infraction (assassinat, préméditation…).
Néanmoins, cette responsabilité d’informer doit s’accompagner d’une vigilance constante pour éviter de tomber dans la surenchère émotionnelle ou dans une forme de sensationnalisme, contraire aux valeurs du service public. Vos messages rappellent, utilement, combien cet équilibre est délicat à tenir.
Soyez assurés que ces préoccupations sont partagées au sein de toutes les rédactions de Radio France et que vos retours nourrissent leur réflexion permanente sur la manière d’informer de manière rigoureuse, mais aussi respectueuse et humaine.
Je vous remercie pour votre confiance et votre vigilance.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France
Je vous écoute très souvent mais il y a un drame d’actualité concernant le jeune homme qui a poignardé des camarades de classes. Je trouve insupportable que vous répétiez en boucle qu’une jeune victime a reçu 57 coups de couteau. Cette précision redondante me semble horriblement morbide et irrespectueuse pour la famille de cette victime… elle ne sert pas l’information qui pourrait se contenter de parler de violences ou acharnement. C’est la première fois que j’écris mais je me mets à la place des proches.
Traitant le sujet des actes criminels terribles qui se sont déroulés dans cet établissement scolaire à Nantes jeudi 24 avril 2025, est précisé à l’appui de la conférence de presse du procureur en charge de l’affaire, le nombre de coups portés à la jeune fille dramatiquement décédée : « 57 coups de couteau ».
Est-ce une information qui vaille d’être dite ? Je pense en premier lieu à l’impact de sa répétition dans les médias pour la famille, les amis, les cercles de connaissance de cette jeune fille. Quel effet sensationnaliste de cet assaut à l’arme blanche pour ces victimes en deuil et probablement évidemment encore sous le choc ? La radio ou la télévision peuvent-elles supporter ce niveau-là de précision en France ou la presse écrite est-elle plus habilitée à le faire si tel est le choix du journaliste ? Quels sont les impacts du traitement d’un sujet d’actualité hautement sensible sur les victimes directement impliquées par elle ? Préciser immédiatement des informations sur le profil des auteurs de tels crimes permet-il de justifier cette précision ? Là encore je m’en remets à vous, journalistes et spécialistes des médias.
J’avais déjà donné mon avis concernant le traitement des faits divers il y a quelques temps mais c’est encore avec surprise que je vous vois reprendre les détails du procureur et diffuser ses propos concernant l’attaque au couteau du lycéen. Quel est le but de relayer en boucle le nombre de coups de couteau que ce jeune atteint de troubles psychiatriques a donné d’après le récit ? Imaginez la douleur pour la famille de la victime déjà, qui souvent est informée de ces détails d’abord par les médias. Imaginez l’effet sur une partie de la population déjà apeurée par « les autres ». Encore une fois, ce genre de faits divers devrait être replacer dans le contexte de criminalité actuelle et expliquer. Aussi un média comme Radio France ne devrait pas céder au sensationnel comme le font de nombreux autres médias. Merci de nous permettre de critiquer votre info.