Pas assez d’invités du PCF sur les antennes, surreprésentation des membres de la majorité dans les matinales, trop d’invitations faites aux représentants du Rassemblement National, régulièrement vous nous adressez des remarques sur l’équilibre politique des antennes, en reprochant un régime de faveur pour tel parti au détriment d’un autre. Sachez que ces temps de parole ne sont pas laissés à la libre appréciation des antennes, les temps d’expression sont en effet régis par les règles édictées par le CSA. Comment en effet imaginer que les journalistes s’abstiennent de parler d’un parti (le Rassemblement national par exemple) ou fassent le choix de ne pas laisser, à des représentants de différentes formations politiques, la possibilité de s’exprimer ? C’est évidemment impossible. La parole est donnée dans le cadre de règles strictes, à chaque auditeur ensuite de se faire sa propre opinion.
Certains auditeurs estiment que les radios sont à gauche : « Votre radio est clairement devenue sans retenue une radio de gauche. Attendre chez vous un meilleur équilibre, ce n’est pas possible », « J’ai beau vous écouter depuis plus de 20 ans, je dois avouer que la virulence de vos interviews à l’égard des gens de droite et surtout d’extrême-droite me laisse dubitatif quant à l’objectivité journalistique qui devrait être vôtre ».
D’autres considèrent qu’elles penchent à droite : « Servir la soupe à des politiques de droite et tenter de ridiculiser un économiste qui souhaite changer les choses; est-ce cela ce que propose votre rédaction? Bref, le contraste est saisissant entre ces deux interviews et pose la question du rôle d’une radio de service public. », « Ce matin j’ai écouté votre émission avec pour invitée Marine Le Pen. Peut-être suis-je un petit peu simpliste mais ne lui faites-vous pas la part belle en évitant les sujets qui portent à l’intégrité des personnes de couleur, pour généraliser? Pardon, mais je vous ai trouvés plus complaisants avec Madame Le Pen qu’avec François Ruffin, avec qui vous vous êtes montrés condescendants et infantilisants. », « J’ai eu honte d’écouter votre radio. Tous les reportages sur le FN étaient positifs : les jeunes rejoignent le FN, le FN gère bien les villes… ».
Ou qu’elles sont ouvertement pro-majorité : « J’ai de plus en plus de mal à écouter votre émission et surtout vos interviews. Elles sont de plus en plus complaisantes avec les vues gouvernementales et surtout trop souvent basées sur le sensationnel et le people. Donc elles sont devenues sans intérêt. Essayez d’être plus objectifs et plus dans le fond que dans la forme , de varier vos sources de documentations . », « Encore une énième interview ultra-complaisante… C’est quoi, au juste, votre métier ? Le service public, est-ce la propagande pour le gouvernement ? », « Votre journaliste pose des questions et fait des remarques dignes d’un porte-parole du gouvernement. Lorsque l’invité est un membre du gouvernement, l’entretien est doux et complaisant… »
Il y a dans ce type de messages un cocktail de sectarisme et de suspicion où chacun tâche d’être fidèle à la plus exacte vérité, c’est-à-dire la sienne. Ou plutôt fidèle à sa croyance, ses préjugés et à sa perception des antennes.
Qu’il s’agisse de reportages ou d’interviews, il y a toujours un émetteur et un récepteur du message. En l’occurrence, le récepteur est l’auditeur. Il « reçoit », « écoute » un reportage ou une interview avec un biais : celui de ses propres opinions, biais à partir duquel il déduit que le journaliste serait de gauche ou de droite selon le sujet qu’il traite. Or, un journaliste honnête et factuel ne confond pas carte de presse avec carte d’électeur et une rédaction n’est pas le relais d’un point de vue politique unique.
Chaque jour l’équilibre subtil entre la diversité des points de vue et la multiplicité des sujets est une contrainte pour les antennes mais c’est aussi un objectif stimulant qui oblige à la créativité, à la réflexion et à l’anticipation. Rien ne va de soi, rien n’est mécanique dans la construction d’une programmation avec des invités politiques en studio. Tout doit être réfléchi pour traiter cette matière complexe qu’est l’actualité : ne pas passer à côté du sujet, mais ne pas en faire trop non plus tout en donnant la parole à tous les acteurs du dossier politique en question