Concernant le meurtre d’un professeur à Arras, je suis particulièrement agacé par l’expression « principal suspect » ou « assaillant présumé » et autres périphrases mensongères. Dans cette affaire il n’y a pas le moindre doute sur l’identité de l’auteur de ce crime, commis devant de nombreux témoins, et l’intéressé a été immédiatement arrêté par la Police. Certes il n’a pas été jugé, mais l’enquête aura à déterminer les circonstances et les motivations, et non pas si cet individu est bien l’auteur du crime, puisque c’est une évidence. Il faut donc arrêter d’employer ces circonlocutions ridicules et appeler un chat un chat. De même que Dominique Bernard n’est ni « présumé victime » ni « supposé mort », Mohamed Mougouchkov n’est pas un suspect mais un tueur, un assassin et un terroriste. Si ça continue vous allez nous dire que le Hamas est le « principal suspect » de l’attaque d’Israël ou que Poutine est « soupçonné » d’avoir envahi l’Ukraine.
Fidèle auditeur de FranceInfo, je suis étonné que certains journalistes dans vos émissions emploient le terme de « principal suspect » pour qualifier l’auteur du meurtre du professeur d’Arras, et d’autres « d’assassin ». Pourquoi cette précaution sémantique de la part de certains alors que le fait est avéré? Merci pour votre attention.
J’entends sur vos ondes « le suspect » arrêté après l’attaque au couteau ; puis « l’homme arrêté avait sur lui des couteaux ». Ce serait donc L’AUTEUR des faits et NON le suspect ? Si en plus il y a des témoins pourquoi utiliser le mot suspect ? C’est à ce point les précautions prises ?
Entendu ce soir au journal de France Inter, à propos du terroriste : « son petit frère ». Cette expression, qui appartient au cercle familial n’a pas sa place dans un tel contexte. Il faudrait parler de son « jeune frère » ou « frère cadet ». Même chose à propos de son « grand frère » qui est en prison : c’est son « frère aîné ».
Je suis assez gênée par l’usage du langage enfantin chez les adultes. « Maman », « papa » et autres mots de même sorte sont des appellatifs : on les utilise pour s’adresser directement aux personnes concernées, et non pour parler d’elles. En général, quand on a passé les dix ou douze ans, on ne parle plus à la ‘maman’ de Gustave ou d’Ophélie, mais à sa mère. De même, le « petit frère » de l’assassin d’Arras sonne d’une façon grotesque, voire choquante : on n’est pas dans un conte pour enfant. Merci de lutter contre l’infantilisation du public.
En ce triste jour d’hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard, et en ces temps où on cherche à redonner une place au corps enseignant dans la société, pourriez-vous cesser de parler de manière familière des « profs » et user tout simplement du terme, plus respectueux, de professeur.e ?
Je pourrais envoyer ce message à vrai dire à l’ensemble des médias audiovisuels présents dans notre pays. Les mots ont leur poids quant à la manière dont on perçoit une réalité. Le terme « prof » en dit long sur le manque de crédibilité de notre profession aux yeux de la société.
Ça fait longtemps que je voulais vous écrire pour vous le dire, mais ce qui est arrivé ce matin m’a tellement attristée que je ne peux plus retenir ça.
Pourriez-vous enfin arrêter de nous appeler « les profs » ? Vous recevez apparemment de nombreux mails à ce sujet, et pourtant vous continuez, même aujourd’hui, je l’ai encore entendu. Cette familiarité montre un manque de respect que les élèves entendent. Alors, s’il vous plait, faites un effort. Vous ne dites ni les flics, ni les toubibs, ni les journaleux, ni les gaziers, alors faites en autant pour nous.