Semaine spéciale sur France Inter, « Les retraites, parlons-en ! ». Lundi 6 février, l’émission Grand bien vous fasse était consacrée à la santé au travail. Messages d’auditeurs à lire ici :
Je découvre un monde passionnant en écoutant votre émission. Ce qui montre aussi les inégalités du traitement de la santé au travail selon les entreprises. Personnellement, la dernière fois que j’ai vu un médecin du travail c’était il y a plus de 6 ans. Il n’avait aucune connaissance de mon travail et n’a posé que des questions très généralistes. J’ai vu une infirmière du travail il y a 2 ans, qui m’a juste posé des questions de base par rapport à mon travail. Ils sont très éloignés des problématiques concrètes que nous rencontrons. Je tiens aussi à signaler que si la médecine a fait énormément de progrès depuis 20 ans, nous ressentons une forte dégradation du système de santé global en général. Dans certaines régions nous ne pouvons pas compter sur les médecins traitants et l’accès aux spécialistes est difficile. On est donc concrètement bien loin de la prévention généralisée et de l’approche globale prônée (à juste titre) par vos intervenants, malheureusement !
Merci pour cette émission sur la santé au travail, qui aborde enfin des questions qu’il était temps d’aborder. J’aimerais préciser que le “burn out” qui est toujours classé dans les maladies mentales est en fait physique pour qui l’a vécu, c’est l’organisme qui s’est épuisé (« burn out », c’est la traduction littérale du terme) et le côté dépressif qui en résulte est une conséquence. J’ai eu la malchance d’en vivre un à 36 ans qui n’a pas été diagnostiqué car le médecin du travail comme mon médecin traitant n’étaient pas sensibilisés à ça, c’est devenu « à la mode » 3 ans après… J’ai donc tenu 7 ans de plus et le crash ensuite a été terrible. Malgré tout j’en suis sortie, j’ai quitté le monde du salariat et suis devenue thérapeute. Le monde du travail est devenu un lieu de mal être pour trop de gens, et, en accord avec vos invités, c’est cela qu’il convient d’aborder, la crise de la réforme de l’âge de départ à la retraite n’est qu’un épiphénomène. Merci pour votre attention et bravo pour votre émission.
N’oubliez pas que les troubles musculosquelettiques concernent aussi les gens travaillant sur ordinateur toute la journée (tendinite, névralgie cervico brachiales, canal carpien…)
Malheureusement, dans ce cas, ces troubles ne sont pas reconnus comme maladie professionnelle.
Le délai « obligatoire » entre 2 visites médicales de travail est passé à 5 ans. Me concernant, cela faisait plus de 10 ans que je n’avais pas bénéficié de cette visite médicale au rabais. J’ai fini par avoir un rendez-vous semaine dernière, je n’ai vu que l’infirmière, qui reprend des éléments de réponses au questionnaire préalable. Auparavant, même si on ne voyait pas le médecin, a minima, on avait un examen de la vue, une analyse d’urine et des conseils de prévention. La visite a duré moins de 10 minutes, j’ai répondu aux questions, j’ai alerté car j’ai des douleurs chroniques aux cervicales, la réponse : peut-être que vous devriez supprimer votre double-écran, avec l’âge, ça ne peut qu’empirer (j’ai plus de 57 ans). Pas de consultation par le médecin du travail, pas de conseils de prévention. Aucune écoute, une fois qu’elle avait tout coché, “merci, au revoir et à dans 5 ans”.
Je travaille dans la santé et la sécurité au travail et ces discours hyper alarmistes et hyper culpabilisants pour les employeurs sont assez injustes. Aujourd’hui, les entreprises n’ont jamais déployé autant de moyens pour préserver la santé et la sécurité de leurs collaborateurs. Le travail n’a jamais été aussi « peu » pénible. Cela ne veut pas dire qu’il ne l’est pas du tout, mais il l’est considérablement moins qu’il y a ne serait-ce que 20 ans. Pour autant, la société perçoit toujours le travail comme une torture croissante et exponentielle. N’y aurait-il pas un « simple » problème de perception et d’acceptation du travail ? La contrainte est aujourd’hui totalement rejetée. Le travail devrait être sur-mesure et une absolue partie de plaisir et de bonheur. Rappelons, à toutes fins utiles, que oui, le travail est d’abord une contrainte. Une contrainte que nous acceptons contre rétribution financière et sociale. Enfin, il serait enfin temps, une bonne fois pour toutes, de différencier le “burn-out” de la fatigue plus ou moins intense. Très peu de gens sont réellement en vrai burn-out et ceux qui le sont ne le sont que très rarement exclusivement à cause du travail.
J’ai 49 ans, quand j’ai commencé à travailler on avait une visite médicale tous les ans. Aujourd’hui, nous sommes plus conscients de différentes formes de souffrance au travail, physiques et morales, pourtant les visites obligatoires ne s’effectuent que tous les 4 ans et en plus nous voyons une infirmière et pas un médecin. Cela est-il une avancée pour la santé au travail ?
Toute une carrière d’institutrice de 1984 à 2022 avec seulement 2 visites médicales… Une à l’obtention du concours en 1981 et l’autre en 2009 grâce à une action syndicale. Je ne sais pas si ça se vérifie au niveau national mais ça s’est passé comme ça ici.
Juste un témoignage : je suis professeur des écoles depuis 2001 et je n’ai vu un médecin du travail que lors de mon entrée dans l’Éducation nationale. Avec des collègues de l’Ain et l’appui d’un syndicat, nous avons demandé une visite médicale il y a 5 ou 6 ans. Nous attendons toujours…
Dans cette société du jeunisme, les seniors n’ont plus vraiment leur place. À mon retour, après un burn-out, j’ai été « dégradée », oh ! pas de manière frontale, mais par des petits faits agrégés les uns aux autres qui me déresponsabilisent et ne contribue absolument pas à l’estime de soi ! Je ne suis pas la seule, hélas dans une équipe de 40 personnes, qui se veut ouvertement féministe (la bonne blague…!).
J’ai travaillé 43 ans et demi dans les hôpitaux, j’ai fini ma carrière au service des admissions et consultations externes, donc avec l’accueil de public. Les 10 dernières années ont été vraiment rudes pour moi, je pense que ma sensibilité a eu raison de moi : certains patients étaient violents verbalement, s’ajoute à ça certains collègues de travail constamment en arrêt de « maladie » les veilles et lendemain de week-end, là où il y avait le plus de travail, des pauses café, cigarettes et téléphone portable interminables ! J’avais une conscience professionnelle, j’avais été élevée comme ça, l’importance le travail bien fait, fonctionnaire oui mais consciencieuse dans mon travail. J’ai donc commencé à pleurer en me rendant à mon travail mais je refusais de m’arrêter, je trouvais ça « mal ». De caractère joyeux, je me disais, “non la dépression ça n’est pas pour moi”. Mais si… Ma cadre ne m’a pas prise au sérieux et me proposait de faire du yoga et de travailler à mi-temps… A 2 ans de la retraite, mon salaire ne me le permettait pas !! Je demandais seulement qu’on me retire de l’accueil et pour les 2 dernières années. Je n’ai pas été écoutée par ma hiérarchie et j’ai continué tant bien que mal comme un bon petit soldat. Ah oui, je me suis mise à avoir de l’asthme, à 55 ans ! Et puis un jour, une patiente a dépassé les bornes, sa violence inouïe a été la goutte qui a fait déborder le vase, j’ai eu une envie de meurtre, j’ai pleuré devant tout le monde sans m’arrêter, j’ai quitté mon poste et suis allée téléphoner à mon médecin qui m’a dit, maintenant ça suffit, vous serez à la retraite dans 5 mois, je vous donne un arrêt de travail jusqu’à la fin et vous n’y retournez plus. J’allais avoir 62 ans, il y a 2 ans et depuis, plus d’asthme, je revis !
J’écoute avec grand intérêt votre émission ce matin. Pour faire court : enseignante depuis 22 ans, fonctionnaire d’Etat, je rêverais qu’existe une médecine du travail. Aujourd’hui, on parle pour nous de médecin de prévention et… il n’y en a pas, plus… On nous renvoie vers notre médecin traitant. La souffrance psychique que peut nous infliger l’institution pour laquelle je travaille me paraît être balayée. J’aurais souhaité que vous puissiez aborder également la médecine « du travail » dans la fonction publique qui brille par son absence et nous laisse démunis. Merci.