« Les manifestations contre la loi « Sécurité globale » ont été le théâtre d’incidents violents et de dégradations commis par les black blocs. Dans un contexte marqué par les violences policières, la lutte contre les black blocs en manifestation interroge le maintien de l’ordre. » L’émission du « Téléphone Sonne » a fait réagir les auditeurs :

Certains manifestants disent qu’il faut casser pour se faire entendre. Pourquoi leur donner raison et donner d’un côté un large écho à l’antenne et faire de la publicité à ces mouvements de vandalisme et ces comportements délictueux, et d’un autre côté minorer le temps de reportage sur les causes légitimes (ou pas) des manifestants pacifiques ?

N’étant pas acteur de ce genre de débordements, je trouve néanmoins cela dérangeant de voir qualifier de « casseur gâchant la manifestation » ces personnes qui par leur expérience en arrivent à de tels moyens d’action. La façon dont ces actes et leurs motivations sont présentés élude totalement la réflexion qui sous-tend ce type d’action (et non comportement, car c’est bien là une réaction face à un constat d’échec : manifestations classiques ignorées par les gouvernements + répression policière systématique) Les études sociologiques montrent la diversité des profils de ces « casseurs » et en même temps la continuité de leur réflexion politique… Ils font partie à part entière des manifestations depuis le G8 de Gênes et les répressions sanglantes des états face à des mouvements citoyens pacifiques. Penser ces mouvements comme issus seulement d’une soif de destruction empêche toute compréhension de ce qu’ils signifient

Afin de mieux lutter contre les violences de groupes, voire de les éviter, n’est-il pas fondamental avant tout de connaître leur organisation et surtout leurs motivations : désœuvrement, convictions politiques, liaisons Black Blocks-Gilets Jaunes ?

J’aimerai beaucoup que vous parliez de la raison de cette violence, durant votre émission. Une violence révolutionnaire en réponse de la violence institutionnelle soutenue par la violence répressive. Il existe beaucoup de traités à ce sujet, et des hommes de grande valeur en ont soulevé l’hypocrisie (de n’appeler violence que celle révolutionnaire).

Pourrait-on donner le bilan des dégâts sur votre antenne ? Sans vouloir minimiser : 5 voitures brûlées, 5 agences bancaires attaquées (devantures détruites) et des abribus. Ne pas le dire, c’est laisser croire que ce que l’on a vu sur les chaines d’info est généralisé, alors que tout ça s’est fait sur 50 mètres de la rue Gambetta.

Pourquoi l’information au sujet des manifestations commence-t-elle TOUJOURS par la fin, c’est à dire les violences ? Est-ce que quelqu’un dans vos chaînes se pose la question ? Qui décide ce genre de chose ? Reprise de communiqués officiels, tics de langage, volonté de décrédibiliser les manifestants et donc leurs revendications ? Absence de réflexion sur le contenu de l’information ou volonté de faire passer un message, les deux me paraissent désolant.

Sachant que ces casseurs s’invitent à presque toutes les manifestations pacifiques, il est incompréhensible que nos services de sécurité, tant performant en d’autres circonstances bien plus imprévisibles et compliquées, n’arrivent pas à les prévenir, les repérer et les arrêter avant qu’ils ne cassent. A moins que leur présence dans les manifs ait une utilité quelque part pour pouvoir ensuite les discréditer définitivement. Pourquoi la police est si efficace pour taper sur des citoyens pacifiques qui manifestaient et si peu efficaces pour taper sur des BlackBlocs en général beaucoup moins nombreux que les manifestants ?

Etant double national franco-suisse, je vous confirme qu’en Suisse nous avons aussi des blacks blocs mais ils sont combattus par la police avec vigueur et détermination. Ils permettent aussi à la police d’agir de manière répressive et violente « en réaction » et de disperser ainsi les manifestations non désirées. En France, ou le système politique est plus répressif, ils sont extrêmement utiles à la stratégie du pouvoir et du ministre de l’intérieur, en servant de caution / justification à toute action quelle qu’elle soit. Pas question donc de les combattre !

Pourquoi ne pas imposer le circuit des manifestations en dehors de zones commerciales, sur des rocades fermées à la circulation ou des stades. De plus il faudrait responsabiliser les organisateurs des manifestations, car on constate que les manifestants ne se désolidarisent pas de ces casseurs, et les protègent indirectement alors qu’ils ne viennent que pour casser et piller il faudrait exiger des organisateurs de la manifestation un service d’ordre capable d’expulser les casseurs de leur manifestation, sinon les rendre pécuniairement responsables des dégâts.