« Alors que la campagne Parcoursup bat son plein, les formations d’infirmiers s’avèrent avoir particulièrement la cote auprès des futurs bacheliers. Après un an d’épidémie de Covid-19, pourquoi un tel engouement pour les études de santé ? »
Les auditeurs témoignent à la suite du téléphone sonne du 20 mai dernier
La plupart des étudiants en soins infirmiers sont de jeunes bacheliers, plein d’utopie.
Le témoignage de l’étudiante infirmière le montre bien : elle n’a aucune idée de son futur salaire.
Infirmière depuis 15 ans, en pause entre 2 CDD pour préparer le concours de cadre de santé (manager en santé), je suis allée prêter main forte en réa dans un centre hospitalier. Mon salaire était de 1400€/mois, primes de nuit et de dimanches comprises pour un temps plein !!! J’ai participé à « l’effort de guerre » pendant 3 mois puis je me suis orientée vers d’autres structures rémunérant mieux en attendant mon entrée en formation.
Le Ségur est une première re-valorisation mais elle doit être complétée !!
Médecin hospitalier depuis 40 ans, je suis désolée d’assister régulièrement à l’abandon de la profession par nos infirmières épuisées -formation 3 ans, exercice 7 ans en moyenne-
Celles qui abandonnent sont remplacées très facilement par celles qui viennent de sortir des écoles, cela empêche que la situation des infirmières s’améliore et l’hôpital et les patients perdent à chaque démission l’expérience professionnelle acquise.
Les étudiants en soins infirmiers : témoignage d’un formateur en IFSI, auteur d’une thèse sur le genre chez les étudiants infirmiers.
Je suis cadre de santé, formateur en IFSI (institut de formation en soins infirmiers). Je suis en train de terminer une thèse de doctorat, portant sur les effets du genre sur les représentations qu’ont les étudiants infirmiers de leur futur métier. Entre autres choses, j’ai constaté, dans mes recherches, que les étudiants avaient une conscience accrue du contexte dégradée de leur futur exercice professionnel. Ce contexte négatif a autant d’importance, dans leur discours, que la relation au patient, ou la notion de compétence professionnelle. Cela est flagrant.
Par ailleurs, la profession infirmière est constitué de femmes à 83% environ. Cela n’est pas un problème, c’est un fait. En revanche, le problème est que la sphère sociale assimile la profession d’infirmière à un métier de femme. Or, les métiers majoritairement exercés par des femmes sont peu reconnus, peu valorisés, mal payés et invisibilisés. Le fait de parler de « vocation », par exemple, contribue à entretenir cette idée d’un métier de femme, héritière de religieuse, qui ne percevaient pas de salaire.
Je pense que nous avons un gros travail à mener à l’intérieur de notre profession, pour nous émanciper de cette histoire charitable, mais également à l’extérieur de notre profession, pour la faire connaître et faire reconnaître le niveau de compétences des infirmiers, et l’extrême difficulté à exister dans un système de santé dans lequel le corps médical monopolise la puissance.
Merci pour votre émission, et j’espère que mon témoignage pourra apporter un éclairage.
Ma femme a discuté avec une infirmière cette semaine.
10 ans d’ancienneté – salaire 1400 €
C’est une honte, un salaire de misère pour un travail très dur.
J’estime qu’elle devrait être à 2000 !
Il faut qu’on arrête de prendre l’hôpital pour un centre de profit, le but, c’est les soins aux malades !
J’écoute votre émission, mon compagnon est infirmier, et je me dis qu’il faut absolument prévenir les jeunes qui s’orientent vers cette profession des réalités de ce métier aujourd’hui. La crise sanitaire a révélé à quel point l’hôpital public va mal sans pour autant que cela suffise à enfin lui attribuer les moyens dont il a cruellement besoin, à savoir du personnel et des lits suffisants, et surtout arrêter de lui enjoindre des impératifs de rentabilité. Mon compagnon est passionné par son métier mais il y va l’amertume et la peur au ventre car tous les jours il prend des risques pour un salaire qui ne compense absolument pas ces risques. Avoir la vie de gens entre les mains, risquer la prison en cas d’erreur pour 1800 € par mois, est-ce normal ? Se ruiner la santé pour essayer de soigner les autres le moins mal possible, est-ce normal ?
les aides-soignantes n’existent pas
Je déplore que dans les médias on parle des infirmiers et on oublie les aides-soignantes.
Les aides-soignantes sont encore plus en souffrance que les Infirmières, encore plus sous valorisées, encore plus mal payées et c’est elle qui est le plus impactées physiquement car plus de manutention. Avec aucune autre possibilité d’évoluer que faire inf. Exemple : aucune possibilité d’enseigner, même en fin de carrière.
S’il vous plaît parlez des aides-soignantes et faites parler les aides-soignantes. Pour qu’elles soient visibles dans les médias.
Je vous écoute en direct. Je voudrais que vous ayez un mot pour les aides-soignants, qui sont encore plus invisibles et mal considérés que les infirmiers. Ils sont autant indispensables les uns que les autres.
20 ans d’expérience d’infirmier
Témoignage personnel, après 20 ans d’expérience (aux urgences), j’ai trouvé un nouveau souffle, un coup d’adrénaline, on a réinventé notre métier avec une hiérarchie allégée et plus d’autonomie. J’en reprendrais bien pour 20 ans !
J’ai peu apprécié les applaudissements (pourquoi nous applaudir alors qu’on faisait ce pour quoi on était payé), et les témoignages de soignants qui avaient peur d’aller face à la maladie. L’essence même de notre métier.
Vous faites ce soir une émission sur le boulot d’infirmière, je suis infirmière depuis 30 ans, je l’aime toujours ce boulot (faut bien que je bouffe et que je paie mes factures) mais franchement c’est un boulot pourri, pénible, les conditions de travail inadmissible, rien a voir avec mes débuts en 1990.Quand je travaille je souffre, je n’en dors plus tellement travailler dans ces conditions me minent !!!.Je dissuade des personnes de mon entourage de faire ces études. On est vraiment les boniches de la société, des pauvres filles, (c’est du vécu).On est maltraitées en permanence par tout le monde, médecins, patients, familles…hiérarchie, c’est un cauchemar absolu. Je suis semi retraitée de l’APHP (800 euros par mois), et suis obligée d’aller travailler environ 2,5 mois/an, même cela je le supporte plus. Le malaise est grand, 50% des IDE ont démissionné depuis la première vague. Je n’ai rien à ajouter, c’est assez éloquent je pense.
Je suis infirmière et tutrice d’étudiants en soins infirmiers et je trouve choquant de dire que les anciennes infirmières n’ont pas d’autonomie en opposition aux plus jeunes infirmières…travail d’équipe, autonomie et gestes d’urgences, prise de décisions,
On connaît ça depuis longtemps.
Les nouvelles études sont très peu formatrices …C’est très inquiétant
Les stages hospitaliers sont en grande diminution faute de lieux de stage !!
Merci pour vos émissions toujours riches !
Miroir aux alouettes
J’ai vraiment l’impression que l’on fait tout pour alimenter cet idéal, car honnêtement, un boulot mal payé, des horaires de dingue, mal considéré (plus d’applaudissements en 2eme ou 3eme vague …). J’ai une proche qui a lâché l’affairer avant la fin e sa formation … Soyez réalistes …
Après une carrière hospitalière puis libérale, je suis depuis 13 ans infirmière scolaire. La surcharge de travail est énorme, collège maternelles et primaires en même temps, de trop nombreuses missions quotidiennes plus les séances d’éducation à la santé’, plus les urgences, cette sensation de tout survoler sans rien faire correctement. On a très peu parlé de nous en cette période Covid, si difficile et tous ses ados qui vont si mal maintenant. Pourquoi, vraiment pourquoi les médias nous ont-ils oublié nous les infirmières scolaires ?