Des auditeurs nous écrivent à la suite de l’édito éco de Dominique Seux du 1er février sur France Inter :
Je viens de lire votre article sur le salaire des enseignants et je suis très surprise par les salaires bruts que vous annoncez : ils sont bien plus élevés que la réalité ! Les salaires annoncés sont peut-être ceux en fin de carrière.
Je trouve cela dommage que vous ne vérifiez pas ce genre d’info… Si on avait ces salaires on ne se plaindrait pas ! Je peux vous envoyer une photo de mon bulletin de salaire si besoin ! Pouvez-vous corriger cette erreur qui nuit à l’image des enseignants ?
Bonjour Monsieur Seux,
C’est toujours avec intérêt que j’écoute vos rubriques matinales sur France Inter en me rendant à mon travail. Votre intervention du 01/02/2024 m’a cependant bouleversé…
Ainsi, sans le savoir, titulaire de mon statut de professeur en lycée professionnel agricole depuis 24 ans, je gagnerais 3700 euros bruts par mois !
Mais où est donc passé l’argent ?!
A 51 ans, ma fiche de paie accuse le montant un peu chiche de 2200 euros nets, malgré une heure supplémentaire. Même en y ajoutant les 20% qui nous mènent au brut, nous sommes assez loin de votre fracassante annonce. Lancer des montants de salaires bruts manifestement non vérifiés, (assortis d’avantages variés aussi vagues que fantasmés), me semble être le procédé digne d’un cuistre et ne correspond pas du tout à votre professionnalisme ni à votre traditionnel souci de précision…
20% de 3700, cela nous mène à 2960 nets. Une différence de 760 euros avec les chiffres que vous brandissez. Vous aurait-on menti ??
Je vous pardonne cependant volontiers, puisqu’en guise de réparation vous accepterez de me verser tous les mois le montant de cette différence, histoire que je puisse continuer de nourrir la même confiance dans la finesse de votre analyse.
Je tiens à votre disposition une copie de ma fiche de paie ainsi qu’un RIB afin de faciliter cette juste correction. (J’ai arrondi les chiffres à votre avantage, ne soyons pas chiens).
Bonjour Monsieur,
J’ai lu votre édito, dont je trouve la légèreté inadéquate à l’objet qu’il traite.
L’étude que vous rapportez signale que les enseignants, catégorie A, gagnent en moyenne 75% des salaires des catégories A issus des autres ministères. C’est déjà un problème (plus grave encore qu’il n’en a l’air si on considère la situation des fonctionnaires de l’EN de catégorie B et C, eux aussi proportionnellement mal traités – vous avez vu, mal traités en deux mots). Pas le seul, puisque l’étude citée montre également des différences de salaire h/f importantes, de façon à ce qu’on puisse presque s’autoriser à penser une corrélation entre le fait que le corps des enseignants soit majoritairement composé de femmes et le fait qu’il soit si peu rémunéré.
Mais la manière dont votre article présente le problème du salaire dans l’Education Nationale – sans compassion, c’est peut-être une qualité – ne contribue pas tant à ouvrir le débat public qu’à apprendre à vos lecteurs à ne pas avoir de respect pour les revendications des enseignants. En n’indiquant que des salaires bruts et en ponctuant votre édito d’une question rhétorique, c’est la cause que vous tuez. « Entre 3k6 et 4k5 par mois, les larmes des enseignants sont-elles véritablement légitimes ? »
Vous l’aurez deviné, je suis enseignant. Certifié de philosophie. J’ai 31 ans, je suis TZR (Titulaire en zone de remplacement), c’est-à-dire goal volant, sur une zone (à peu près équivalente à un département) qui couvre normalement 7 lycées. Depuis 2015, et la volon-nécessi-té d’affronter le manque de renouvellement de la population enseignante, on déploie les TZR « hors-zone » tant que la zone sur laquelle on les déploie est limitrophe de « leur zone ». Ma petite zone devient donc une grande zone (à peu près de la taille d’une région), d’environ 25 lycées. La plupart d’entre eux sont situés aux extrémités de la région dont j’habite le centre (puisque j’habite au centre de ma petite zone).
Cette année, l’établissement auquel je suis affecté est à 90 km de mon domicile. Je roule environ 2h30 par jour (il n’y a pas de ligne de bus ou de voie ferrée qui me mène sur place) en plus d’avoir une amplitude horaire variant de 4h (le mercredi) à 8h (les autres jours). J’ai donc, si on fait le calcul, une semaine au lycée de 49h, comptant 13h de voiture (pendant lesquels il m’est impossible de travailler à la correction de copies par exemple), et 23h devant élèves (ce qui fait 5h supplémentaires) ; le reste, c’est du temps de travail au lycée, correction, projets, tâches administratives, etc.
Ainsi, à la question rhétorique que vous posiez, j’ose tout de même répondre par quelques observations de terrain (et qui par conséquent ne s’appliquent, en l’état, qu’à moi – mais je suis persuadé de n’être pas un cas exceptionnel) : sur les 13h de voiture que je fais par semaine, on m’en paie 1. À la fin de l’année j’aurai parcouru plus de 20000 km pour aller au travail, c’est la moitié d’un tour du monde à l’équateur ; je (ne) gagne (que) 2400 euros net par mois (pour des semaines de 49h je le rappelle), et ce grâce à environ 400 euros d’heures supplémentaires – sans aucune heure supplémentaire, je gagnais l’année dernière 1970 euros net ; les répercussions sont directes pour ma compagne, qui hérite des tâches ménagères que je ne peux accomplir moi-même car sur la route ; ce sont des heures de travail fantôme là encore.
J’ai beau savoir que les agrégés gagnent davantage que les certifiés, ou bien me reporter aux grilles pour prendre en compte les différences d’ancienneté qui expliqueraient que mes collègues puissent toucher EN MOYENNE « entre 3k6 (certifiés) et 4k5 (agrégés) » par mois, quelque chose dysfonctionne dans le rapport entre ce que je vis et ce que vous peignez. Si les chiffres étaient les bons – j’en doute – reste que vous les utilisez de fort mauvaise manière.
Vous m’avez énervé. Mais je vous souhaite une bonne journée.
PS : une pensée à mes collègues contractuels, qui se battent avec moins de moyens que nous encore.
Je suis professeur des écoles depuis 17 ans avec des CM1-CM2 dans une classe près de Poitiers. Je suis donc presque en milieu de carrière.
Mon brut s’élève précisément à 2904€, je suis à l’échelon 9 sur 11.
Je pense donc que la moyenne que vous indiquez est largement surestimée.
Suite à votre édito du 01/02, je tenais à préciser qu’étant professeur en milieu de carrière, mon salaire brut était de 2900 euros, bien loin de votre moyenne annoncée à 3600 euros. J’ai bien conscience que vous évoquiez une moyenne, mais deux jours après la grève des enseignants, je trouve votre démarche bien peu élégante. Un brin perfide, vous prenez d’ailleurs soin au passage de rappeler l’augmentation dont ont bénéficié récemment les enseignants tout en précisant que ces chiffres n’incluent pas cette manne providentielle, sans, bien sûr, expliquer aux auditeurs que ladite augmentation (réponse dérisoire au manque d’attractivité du métier) ne concerne en réalité que les premières années et qu’elle se résume à une obole de quelques euros par mois pour les derniers chanceux qui en bénéficient (pour les 17-18 ans de carrière maximum).
Suite à votre éditorial, j’ai donc dû expliquer au téléphone à mes parents – légèrement sceptiques en vous écoutant quand même – pourquoi, malgré ce salaire mirobolant que vous indiquiez, je ne pouvais pas mettre d’argent de côté à la fin du mois. C’est bien connu, on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres et vous en avez fait la parfaite démonstration (de surcroît sur une radio du service public !).
Je suis las de vous entendre taper sur les fonctionnaires systématiquement (et me demande toujours, pour vous et vos semblables quel traumatisme est à l’origine de votre hargne, de votre dégoût de la fonction publique). Vous faites votre travail de journaliste, mais à ce moment-là, faites-le avec intégrité, courage et audace si vous décidez de vous mêler de la vie des autres. Soyez le seul journaliste à oser parler réellement des chiffres dans le monde de l’Education nationale en tentant d’expliquer par exemple aux auditeurs le système de la dotation horaire globale des établissements qui pousse les équipes à se déchirer un peu plus depuis quelques années et à faire l’impasse sur certains projets pour les élèves, osez détailler chiffres à l’appui les injonctions à faire toujours mieux avec moins, allez sur le terrain pour rendre compte de l’angoisse voire la panique actuelle des chefs d’établissement qui doivent préparer la rentrée de septembre et qui constatent l’écart entre les chiffres annoncés du gouvernement et la réalité dans leur établissement, n’hésitez pas à décortiquer les annonces des politiques au sujet de ces fameuses augmentations… Vous le voyez, les sujets et les chiffres qui parlent vraiment du métier ne manquent pas.
J’informe M. Seux que je gagne 2065 euros net par mois après 17 ans de métier, un bac + 5, en tant que professeure des écoles. On est très loin du salaire moyen annoncé.
Pourrait-on demander à M. Seux de faire un rectificatif sur le site de France Inter, par, respect pour notre profession, ce serait la moindre des choses.
Si il a besoin d’informations, je peux lui envoyer mes bulletins de paye. Celle-ci n’a pas bougé depuis plusieurs années.
Je suis choquée et même en colère quand Dominique Seux dans sa chronique de la semaine dernière (mercredi ou jeudi ?) se permet d’affirmer que le salaire moyen d’un enseignant serait autour de 3500€. Quelles sont ses sources ? Nous constatons un réel déclassement avec chute des salaires / à l’inflation et un manque de 25% à 30%. La moyenne doit plutôt être autour de 2300€. Nous sommes en lutte pour obtenir un salaire plus juste et ces paroles de « spécialiste » ne font que tromper l’opinion alors qu’il nous faudrait un soutien de tous.
Vous faites exprès de donner les salaires bruts, avec des pourcentages, pour faire bonne figure, sachant que la majorité des gens ne sauront pas le calculer. Laissez-moi vous dire qu’avec votre article insidieux, vous faites beaucoup de mal aux professeurs de l’éducation nationale ! Nous, on construit la nation mais avec des menaces et des couteaux devant la gorge alors que nous avons jurée pour notre patrie !! Nous nous retrouvons à éduquer, bien souvent, les enfants français à la place de leurs parents !! Sans prime pour les JO alors que, nous essayons de construire avec notre cœur, avec humilité et passion pour construire nos élèves et la nation.
Nous sommes cadres de classe A avec un bac +5. Nous devons gérer tous les jours de 20 à 40 humains ! Donc, modérez vos propos qui dénotent une adversité et une haine sournoisement cachée envers les profs !
Un auditeur, prof de maths à l’éducation nationale et qui va peut-être se barrer …
Plus personne ne veut faire prof, après, ne venez pas vous plaindre…
Dans l’article « Des enseignants payés comme des policiers « , vous indiquez les salaires moyens bruts des enseignants. Par exemple, vous indiquez 3605 euros pour un professeur certifié ; c’est très surestimé ; si on envisage une carrière standard de professeur certifié qui travaille 40 ans (de 24 à 64 ans) et qui parvient au dernier échelon de la hors classe, le salaire moyen brut sur la carrière s’élève à peine à 3000 euros. Il y a donc nécessairement un biais dans les chiffres que vous indiquez. C’est environ à 56 ans qu’un professeur certifié peut espérer atteindre 3600 euros bruts. Il n’est évidemment pas acceptable de prendre en compte d’éventuelles heures supplémentaires car un enseignant devrait pouvoir vivre dignement avec son salaire.