L’édition 2018 du Classement mondial de la liberté de la presse réalisé par Reporters sans frontières (RSF) témoigne de l’accroissement des sentiments haineux à l’encontre des journalistes. L’hostilité revendiquée envers les médias, encouragée par des responsables politiques et la volonté des régimes autoritaires d’exporter leur vision du journalisme menacent les démocraties.

« Il y a un accroissement des sentiments haineux à l’encontre des journalistes » dans le monde, révèle le classement mondial de la liberté de la presse 2018, établi par (RSF) Reporters sans frontières et publié mercredi 25 avril. Ce nouveau baromètre de RSF montre que l’hostilité des dirigeants politiques contre les médias, n’est pas le seul fait des pays autoritaires.

De plus en plus de chefs d’Etat démocratiquement élus voient la presse non plus comme un fondement essentiel de la démocratie, mais comme un adversaire pour lequel ils affichent ouvertement leur aversion. Pays du Premier amendement, les Etats-Unis de Donald Trump figurent désormais à la 45e place du Classement, en recul de deux places. Le président adepte du “media-bashing” décomplexé, en qualifiant les reporters d’“ennemis du peuple”, use d’une formule utilisée autrefois par Joseph Staline.
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Donald Trump, le nouveau président américain, à New York, le 9 novembre 2016. (MIKE SEGAR / REUTERS)

Donald Trump, le nouveau président américain, à New York, le 9 novembre 2016. (MIKE SEGAR / REUTERS)

 

“La libération de la haine contre les journalistes est l’une des pires menaces pour les démocraties, constate le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire. Les dirigeants politiques qui alimentent la détestation du journalisme portent une lourde responsabilité, car remettre en cause la vision d’un débat public fondé sur la libre recherche des faits favorise l’avènement d’une société de propagande. Contester aujourd’hui la légitimité du journalisme, c’est jouer avec un feu politique extrêmement dangereux. »

La République tchèque en recul de 11 places

Dans ses conclusions, Reporters sans frontières insiste sur l’assassinat en février en Slovaquie du journaliste Jan Kuciak et sur la mort dans l’explosion de sa voiture de Daphne Caruana Galizia à Malte. Ce pays a perdu 11 places et se trouve désormais à la 65e place du classement établi par RSF.

En 2018, la Norvège et la Corée du Nord conservent leur première et dernière place

Le Classement montre l’influence grandissante des “hommes forts” et des contre-modèles. Après avoir étouffé les voix indépendantes à l’intérieur de ses frontières, la Russie (148e) de Vladimir Poutine étend son réseau de propagande à travers le monde grâce à ses médias comme RT et Sputnik, et la Chine (176e) de Xi Jinping exporte son modèle d’information verrouillée en Asie. Dans leur répression implacable des voix critiques, ils confortent ainsi des pays qui figurent déjà en queue de Classement comme le Vietnam (175e), le Turkménistan (178e) ou l’Azerbaïdjan (163e).

La France derrière le Cap-Vert, la Namibie et le Ghana

Quant à la France, elle n’est pas exempte du « mediabashing » ou du dénigrement systématique des journalistes par certains leaders politiques qui sont mis en difficulté. RSF pense notamment à Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne présidentielle en 2017. Le leader de la France insoumise, s’estimant victime d’une entreprise de démolition. Il a écrit sur son blog « que la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine ».

Mélenchon /France inter

 

Télécharger le Classement et la carte :
Classement 2018
Carte 2018